Recherche

Le difficile financement de la transition énergétique

La transition énergétique est une priorité pour la plupart des entreprises mais le manque de ressources financières et humaines freine leurs ardeurs. Retour sur l'étude menée par le cabinet Mazars sur le financement de la transition énergétique.

Publié par Eve Mennesson le - mis à jour à
Lecture
4 min
  • Imprimer
Le difficile financement de la transition énergétique
© Tony95 - Fotolia

Si la majorité des entreprises (57%) placent la transition énergétique parmi leurs priorités, elles annoncent dans un même temps manquer de ressources pour initier de tels projets : seuls 29% des PME et 53% des grands groupes disent pouvoir financer leur propre transition. Voici l'un des enseignements de l'étude que vient de mener le cabinet Mazars sur le financement de la transition énergétique.

Face à un tel constat, quelles sont les solutions sachant que l'étude rapporte dans le même temps que 54% des investisseurs ne voient pas l'intérêt d'investir dans les actifs bas carbone et que 64% des acteurs financiers n'en font pas une priorité ?

Manque de moyens financiers et humains

Avant tout, que représente la transition énergétique pour les entreprises ? Celles ayant répondu aux questions de Mazars mènent avant tout des actions visant à lutter contre le gaspillage (83%), sensibiliser les salariés (68%), rénover des bâtiments (47%), modifier des process et concevoir des produits verts (32%), mettre en place des systèmes de transport propre pour les salariés (31%). Les auteurs de l'étude rapportent cependant que "l'envergure des projets diffère très nettement selon la taille des entreprises."

La faute à un manque de financement ? 71% des PME interrogées ont en effet indiqué éprouver des difficultés à dégager des ressources financières pour lancer des projets de transition énergétiques, contre 47% des grands groupes. Ce qui représente quand même pas loin d'une grande entreprise sur deux.

Le problème est d'autant plus important qu'aux capacités financières restreintes s'ajoutent des ressources humaines également déficitaires : 57% des entreprises interrogées disent ne pas avoir les moyens humains suffisants pour mener les actions souhaitées dans ce domaine.

Le désinvestissement des investisseurs

Les investisseurs interrogés par Mazars (fonds, gestionnaires d'actifs, banques,assurances, etc...) semblent conscients de l'enjeu énergétique (80% considèrent qu'ils ont un rôle à jouer) mais ne souhaitent cependant pas risquer d'investir dans de tels projets sans garantie. Les acteurs financiers pointent en effet un manque de clarification et de rentabilité des investissements verts : 42% des acteurs financiers interrogés estiment que les projets verts dans lesquels ils ont investi ne sont pas encore suffisamment matures pour juger de leur retour sur investissement.

Les entreprises ne leur donnent malheureusement pas tort sur ce point : seules 28% des entreprises interrogées considèrent que leurs initiatives bas carbone permettent de dégager un retour sur investissement. Pourtant, Yann Guyomar, associé Energie & Environnement chez Mazars considère que "les taux d'intérêt faibles et les niveaux de liquidité élevés incitent à investir sur des projets au retour sur investissement plus long, tels que les projets bas carbone".

Notons que si 54% des investisseurs ne voient donc pas l'intérêt d'investir dans des actifs bas carbone, ils sont 80% à continuer à investir dans les énergies fossiles, considérant qu'elles offrent toujours des rendements élevés !

Rendement écologique

Ainsi, comment financer la transition énergétique ? Mazars a posé la question aux entreprises qui proposent d'intégrer le risque climat dans les business models. Le rendement des projets verts ne s'appuierait donc plus uniquement sur l'aspect économique mais aussi sur l'aspect écologique.

Autre piste proposée par cette étude : orienter l'effet de levier du financement public vers la transition énergétique pour favoriser et accroître l'engagement des investisseurs vers les actifs recherché.

Enfin, pour répondre aux demandes de clarification des investisseurs, Yann Guyomar pense qu'il faut "proposer des modèles de certification des investissements verts et communiquer sur leur ROI pour inciter les acteurs économiques à flécher leurs capitaux vers davantage d'actifs verts." Il est rejoint dans cette réflexion par 38% des entreprises interrogées qui considèrent que, la transparence pour certifier que chaque euro investi le soit dans un actif bas carbone, est un levier pour accroître la part des investissements verts.

Méthodologie

Cette étude a été réalisée par l'institut CSA pour Mazars du 10 décembre 2018 au 9 janvier 2019 auprès de 120 dirigeants ou décisionnaires sur les questions d'énergie au sein d'entreprises de 10 salariés ou plus et de 50 investisseurs (acteurs bancaires, assurances, mutuelles, gestionnaires d'actifs/portefeuilles)


S'abonner
au magazine
Retour haut de page