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Que faire face à un salarié qui abandonne son poste ?

123.000 salariés ont abandonné leurs postes au premier semestre 2022. Si ce chiffre pourrait être amené à diminuer suite à la signature d'un futur décret, les entreprises ne doivent pas rester sans réaction lorsqu'elles y sont confrontées.

Publié par Florian Langlois le - mis à jour à
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Que faire face à un salarié qui abandonne son poste ?

Durant les six premiers mois de l'année 2022, 123.000 salariés, dont 116.000 en CDI, ont abandonné leurs postes. Autrement dit ils l'ont donc quitté sans avoir prévenu ou obtenu l'autorisation de leur employeur, selon une étude de la direction statistique du ministère du Travail, la Dares. Si l'abandon de poste n'est pas quelque chose de clairement défini, Emilie Meridjen, associée en droit du travail et en charge du département droit social du cabinet Sekri Valentin Zerrouk, recommande aux employeurs de commencer à agir rapidement avoir constaté l'absence du salarié. « La première réaction à avoir est d'essayer de contacter le salarié pour avoir de ses nouvelles et essayer de savoir la raison de son absence. Si l'employeur n'obtient pas de réponse dans les trois ou quatre jours qui suivent, il se doit d'envoyer une mise en demeure au salarié, non seulement pour justifier son absence, mais aussi pour reprendre son poste. »

Ces phénomènes d'abandon de poste se sont multipliés au cours des dernières années car il existait un abus de système qui permettait au salarié d'être considéré comme licencié une fois son poste abandonné et non comme démissionnaire, ce qui lui permettait par la suite de pouvoir bénéficier des allocations chômage. Sur les 116.000 salariés qui ont lâché leur CDI au premier semestre 2022, plus de la moitié (55 %) se sont inscrits à Pôle emploi dans les trois mois qui ont suivi leur décision et 43 %, soit environ 50.000 personnes, ont ouvert des droits à l'assurance-chômage. « J'ai même eu l'occasion de voir des salariés « récidivistes », qui travaillaient quelques mois puis abandonnaient leurs postes pour bénéficier de l'allocation chômage et ce, en continu, » se souvient l'avocate.

Ne pas rester les bras croisés

Or, la réforme à venir de l'assurance-chômage prévoit dorénavant d'assimiler un abandon de poste sans raison valable à une démission, « ce qui a clairement une visée dissuasive, » poursuit Emilie Meridjen. Ce projet de décret prévoit également des modalités plus précises à respecter pour l'employeur. « L'entreprise devra désormais laisser 15 jours à l'employé pour justifier son absence et reprendre son poste. Si, au bout de ces 15 jours, le salarié n'a pas repris son poste, l'employeur pourra alors le licencier pour abandon de poste, qui sera donc privatif de l'allocation chômage, » reprend l'avocate.

Si cette réforme devrait faire diminuer le nombre de salariés en abandon de poste et fixe des délais bien précis à l'employeur, Emilie Meridjen attire l'attention sur le fait de ne pas rester attentiste. « Certains employeurs se disent naïvement qu'un collaborateur en absence injustifiée a démissionné. Cependant, une démission ne se présume pas. Tant que le salarié n'a pas démissionné ou que l'employeur ne l'a pas licencié, il est toujours dans les effectifs. Certes, il n'est pas payé, mais s'il revient 3 mois plus tard, il est censé reprendre son poste. Il faut agir pour ne pas laisser un contrat en suspens, ce qui pourrait se retourner contre l'employeur dans certains cas, » conclut-elle.

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