Fidéliser ses salariés en période de crise
Si les augmentations de salaires ne sont pas vraiment d'actualité aujourd'hui, une large palette d'outils de fidélisation permet de jouer à la fois sur les ressorts financier et psychologique de la motivation... et les arbitrages sont souvent confiés aux Daf.
Mutuelle, titres restaurant, Cesu, épargne salariale... autant d'outils de motivation à long terme qui améliorent le pouvoir d'achat des salariés, sans pour autant grever les charges sociales et alourdir une fiscalité déjà étouffante pour les rémunérations directes. Or, le pouvoir d'achat est devenu la principale préoccupation des Français : 67% des salariés se déclarent insatisfaits du leur, selon l'édition du baromètre Edenred-Ipsos sur le bien-être et la motivation des salariés européens publiée en juin 2013. Certes, la conjoncture est morose mais ce n'est pas un prétexte pour négliger la fidélisation des salariés, comme le souligne Antoine Solom, directeur international d'Ipsos Loyalty : " En ces temps de crise, il ne faut pas se reposer sur la "loyauté par défaut", mais au contraire développer des politiques actives et ciblées en direction des salariés. "
Offrir la sérénité grâce à la protection collective
Au fur et à mesure du creusement du trou de la Sécurité sociale, les frais de santé deviennent une véritable préoccupation pour les Français. Rares sont les salariés qui peuvent se passer de souscrire à une mutuelle. Et de toute façon, en vertu de la loi de sécurisation de l'emploi, le 1er janvier 2016 au plus tard, tous les salariés devront être couverts par un contrat collectif.
"Le choix du contrat de mutuelle passe par un bon diagnostic via des analyses actuarielles de la consommation pour benchmarker ses frais réels par rapport au marché".
Dans les faits, 74 % des entreprises d'un à 249 salariés (et 69 % des TPE d'un à neuf salariés) ont mis en place une couverture santé pour leurs collaborateurs, d'après une étude du Crédoc publiée en octobre 2012. Les TPE-PME qui n'entrent pas dans ce champ ou qui souhaitent renégocier un contrat collectif pour leurs collaborateurs se confrontent à un casse-tête. Le marché est très concurrentiel, les prestataires nombreux et les offres complexes. " Le seul critère tarifaire n'est pas suffisant, pointe Damien Vieillard Baron, président de Gerep, courtier en systèmes de prévoyance. Il faut surtout ficeler un contrat bien ajusté à ses besoins. Et cela passe par un bon diagnostic via des analyses actuarielles de la consommation pour benchmarker ses frais réels par rapport au marché. " Car en fonction de la typologie de vos collaborateurs et de la pyramide des âges de votre entreprise, les frais de santé ne seront pas du même ordre. " Il faut adapter les garanties au profil démographique des collaborateurs, mais aussi à la zone géographique, qui influe sur le prix des soins notamment en ce qui concerne l'optique et le dentaire, très impactés par l'immobilier ", poursuit Damien Vieillard Baron.
Cet avantage indéniable pour le salarié se fera pour l'employeur en franchise de charges sociales, mais la contribution patronale sera assujettie à la CSG et à la CRDS. Il en va de même pour la prise en charge de cotisations de prévoyance destinées à couvrir les risques d'incapacité ou de décès. Le tout est que la participation patronale ne dépasse pas la nouvelle limite de 50% fixée par la loi de sécurisation de l'emploi.
Améliorer le pouvoir d'achat sans toucher au salaire
Des chèques-cadeaux pour marquer les anniversaires ou la fête des pères, des titres restaurant pour permettre un repas convivial entre collègues plutôt qu'une " tambouille " faite maison, des Cesu pour simplifier la logistique domestique de vos collaborateurs, ces petits coups de pouce au pouvoir d'achat sont symboliquement importants dans l'attachement à l'entreprise.
La plupart des chèques sont cofinancés avec les salariés. C'est le cas des titres restaurant, avec une prise en charge par l'entreprise de 50 à 60 %, des chèques-vacances, cofinancés par le comité d'entreprise et l'employé ou à défaut - pour les entreprises de moins de 50 salariés - par l'entreprise et l'employé, et du Cesu d'une valeur faciale de 99,99 euros. L'abondement de l'entreprise au Cesu est limité à 1 830 euros par an et par salarié. Les chèques-cadeaux bénéficient d'exonération de charges sociales s'ils sont distribués lors d'un événement majeur (Noël, mariage, Pacs, naissance...). Si vous ne pouvez pas déployer l'ensemble de ces outils, veillez au moins à adapter le choix des dispositifs au profil des salariés : les jeunes auront tendance à préférer les chèques-vacances et les plus âgés les Cesu...
L'épargne salariale pour renforcer l'adhésion
L'épargne salariale renforce indéniablement l'attachement du salarié à son entreprise, comme le démontrent différentes études menées sur le sujet.
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Malgré la hausse du forfait social passé de 8 à 20% en août 2012, les dispositifs d'épargne salariale restent avantageux pour les entreprises (lire l'article de Florence Klein paru dans DAF Magazine n°7).
L'entreprise peut décider de conforter l'épargne salariale de son employé en l'abondant dans le cadre d'un PEE (rendu obligatoire pour tout accord de participation signé depuis le 1er janvier 2013) ou d'un Perco. Ce bonus ne peut excéder 300 % du total des sommes versées par le salarié, dans la limite de 8 % du PASS (Plafond annuel de la Sécurité sociale) pour un PEE (2962,50 euros en 2013, avec une majoration de 80 % pour les PEE investis en titres de l'entreprise) et de 16 % (5925 euros) pour un Perco.
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