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Pourquoi la facture électronique va révolutionner l'offre de service des experts-comptables ?

Dans un peu plus de deux ans, la généralisation de la facture électronique pour les entreprises va commencer à être mise en application. Au-delà de l'obligation légale, c'est toute la gestion comptable et fiscale qui, à terme, doit se dématérialiser.

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Pourquoi la facture électronique va révolutionner l'offre de service des experts-comptables ?

Pour beaucoup de TPE et PME, c'est à la fois l'opportunité d'accélérer leur transformation numérique et un chantier complexe qui nécessite un réel accompagnement. Pour les experts comptables c'est l'opportunité de déployer de nouveaux services et compétences pour accompagner la performance des entreprises.

2024 : généralisation de la facture électronique

A partir du 1er juillet 2024 - conformément à la loi de finances 2020 dont les modalités ont été précisées par une ordonnance du 15 septembre dernier -, la facture électronique va devenir progressivement obligatoire pour les entreprises (d'abord les grandes entreprises, puis les ETI à partir de 2025 et enfin les PME et TPE à partir de 2026).

Toutes les entreprises vont donc devoir être en mesure de recevoir et d'émettre des factures électroniques. Les factures papier ne seront plus autorisées pour les flux B2C et B2B à partir de 2026, et le format PDF sera remplacé par des formats plus structurés. Cette réforme inclut également une part de reporting, avec l'obligation de transmettre à l'administration fiscale les données de facturation dans le but de créer des déclarations de TVA préremplies.

Deux ans - voire quatre ans si l'on considère la réforme dans son ensemble - cela peut paraitre loin. Mais c'est en fait assez court au regard des transformations qui vont devoir être faites au-delà de la facture électronique elle-même.

Porte d'entrée vers la transformation numérique

L'obligation légale de la facture électronique va tout d'abord imposer aux entreprises d'utiliser une plateforme de dématérialisation partenaire (PDP) ou, si elles ne souhaitent pas adopter une telle solution, de passer par le Portail Public de Facturation (plus connu sous le nom de Chorus Pro, qui existe depuis 2020 pour la commande de l'Etat et qui va être élargi pour permettre aux entreprises saisir, déposer et recevoir leurs factures).

Cette nouvelle manière de faire va être une petite révolution pour beaucoup de petites entreprises. Mais pour elles, c'est sans doute l'occasion d'aller plus loin et de se lancer de plain-pied dans leur transformation numérique. Car le passage à la facture électronique va, en réalité, demander une refonte en profondeur des processus internes, des outils et des méthodes de travail liés à la gestion comptable et fiscale de l'entreprise.

Il y a donc une vraie stratégie et une feuille de route précise à définir en amont afin de se saisir de la réforme pour mettre en place les outils et processus qui permettront aux entreprises d'augmenter leurs performances et leur compétitivité. C'est, faut-il le rappeler, tout l'enjeu de la transformation numérique. Mais sans accompagnement, la plupart des petites entreprises sont dépourvues face à ce chantier.

L'expert-comptable, premier conseiller des entreprises

Pour les experts-comptables, l'échéance de 2024 implique de veiller encore plus activement au bon fonctionnement de leurs clients en les aidant à entrer concrètement dans une transformation numérique qui va devenir, de fait, obligatoire.

Au-delà de leurs missions traditionnelles, la réforme va être pour eux l'opportunité d'évoluer vers un rôle de conseiller au plus près des enjeux stratégiques des entreprises qu'ils servent. Cette évolution est d'autant plus nécessaire que les entreprises doivent répondre à des obligations et des complexités croissantes - comme celles liées aux risques fournisseurs ou la RSE - pour lesquelles elles ont besoin d'une expertise et d'un accompagnement forts.

Les experts-comptables vont pouvoir déployer de nouveaux services et compétences, tels que :

  • Fournir des compétences RSE
  • Jouer le rôle de DAF externalisé proposant des outils de pilotage
  • Proposer des services conjoints d'Office Manager et de gouvernance de l'entreprise
  • Accompagner la gestion de patrimoine du dirigeant
  • Aider à la définition et au pilotage des KPI
  • Participer à l'analyse de la performance de l'entreprise
  • Etc.

Conjointement à ces compétences, les experts-comptables peuvent également avoir intérêt à développer des expertises sectorielles, en fonction des secteurs d'activité de leurs clients existants et futurs.

Enfin, cela peut être l'occasion d'intégrer une compétence qui leur manque parfois : vendre. Car dans les faits, une grande majorité d'entre eux fournissent déjà, et depuis longtemps, une précieuse dimension "conseil" à leurs clients. Mais ce volet est rarement formalisé et structuré, et encore plus rarement facturé. Les experts-comptables peuvent aujourd'hui apprendre à vendre leurs compétences de conseil, au même titre que le font les avocats.

Une évolution salutaire pour les cabinets comme pour les entreprises

La transformation de la profession d'expert-comptable va de pair avec celle des entreprises. Deux ans, c'est très peu pour opérer une profonde mutation en termes de métier, de processus, d'outils, mais aussi d'état d'esprit et de regard porté sur la profession. Les cabinets doivent prendre conscience de cette nécessité et s'organiser pour se former et développer leurs nouvelles palettes de services.

En développant ces nouvelles expertises - qui peuvent même devenir des expertises de pointe en fonction des domaines choisis -, les experts-comptables vont jouer un rôle stratégique au plus près du dirigeant de l'entreprise et un rôle actif pour la performance globale de cette dernière. La transformation du métier est donc une excellente nouvelle pour tous, pour les cabinets comme pour les entreprises qu'ils servent.

Pour en savoir plus

Virginie Roitman, Présidente de l'Ordre des Experts-Comptables de Paris Ile-de-France. Très active au sein du Conseil régional des Experts-comptables d'Ile de France, Virginie Roitman préside la Commission de répression de l'Exercice Illégal, la Commission du Tableau de l'Ordre, la Commission Contrôle de Qualité et occupe également les fonctions de rapporteur de la Chambre régionale de Discipline. Elle a suivi la formation de DAF externalisé à HEC, son parcours aboutit en janvier 2022, par son élection à la Présidence du Conseil régional de l'Ordre des Experts-comptables d'Ile de France, fonction qu'elle exerce à ce jour.



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