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Publié par Camille George le | Mis à jour le
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L'Europe en zone de turbulences

Seulement voilà, avant d'en arriver là, il va falloir apaiser les tensions sociales et retrouver une entente commune. "Il y a une attente légitime des populations à vouloir reprendre le contrôle, mais il faut le faire selon des mécaniques nouvelles, en partageant le pouvoir au sein d'organisations comme l'Europe. Les bénéfices du repli n'existent pas. S'il y a bien une leçon à tirer du Brexit, c'est celle-là !", considère Sylvie Goulard.

Pourtant, rien n'est joué, car partout en Europe, les frustrations sociales ressenties n'ont jamais été aussi fortes. Dans tous les pays, les opinions publiques sont en dessous de la réalité telle qu'elle ressort des indicateurs de la Coface. Alors, qui est dans le vrai ? "Ce qui est sûr, c'est que cette situation vécue, à tort ou à raison, nous conduit vers une plus grande fragmentation des parlements européens et domestiques, et rend la prise de décision toujours plus difficile", note Julien Marcilly, économiste en chef chez Coface. Or, ce manque d'unité, qui crée incertitude, crainte et repli, a des effets non négligeables sur l'économie.

Les droits de douane inquiètent

En effet, la montée du risque politique, la volatilité du cours des matières premières, la contrainte de l'offre ... tous ces nuages accumulés, fin 2018, impactent l'activité des entreprises depuis le début de l'année. Pour la première fois depuis cinq ans, la production industrielle de la zone euro est passée en négatif. L'Italie s'attend à enregistrer une croissance négative dans les trois à six mois, l'Allemagne est proche de 0. Qui plus est, la tendance globale est à la hausse de la sinistralité avec des défaillances d'entreprises en augmentation. Le risque crédit est donc accru pour les entreprises européennes.

"Pour le moment, les effets des protectionnismes américain et chinois sur les entreprises européennes restent gérables, mais attention aux effets secondaires de contagion, prévient Julien Marsilly, chef économiste chez Coface. Quand les États-Unis augmentent de 1 % leurs droits de douane sur les importations chinoises, les partenaires commerciaux de la Chine voient, eux, leurs exportations baisser de 0,5 %." Une possibilité d'escalade dans le conflit commercial sino-américain existe bel et bien.

Et cette guerre commerciale est en interaction avec une guerre monétaire, qui agit sur les chaînes de valeurs mondiales. Les droits de douane sont dix fois plus nocifs pour le commerce que le taux de change. Il va devenir capital de gérer à la fois le risque de change et le risque douanier. C'est particulièrement vrai pour le secteur de la chimie en Europe ou celui de l'automobile en général, dont l'industrie s'est historiquement construite autour d'une plaque d'échanges.

"Pour nous, les droits de douane sont prioritaires, indique Yves Bonnefont, dg de la marque DS et membre du Comex de PSA. Pour vous donner un exemple, la Chine est aujourd'hui quasiment le seul producteur mondial de batteries. Pour l'Europe, c'est donc un enjeu technologique et stratégique d'être capable de produire aussi des batteries."

Plus que jamais bousculée, l'Europe doit composer, arbitrer, bref, se réveiller ! Quant aux entreprises, "pour la première fois depuis la crise des souveraines en 2011, elles vont devoir gérer à la fois le ralentissement de la croissance et le risque politique", prévient Julien Marsilly.

Le + des analystes

Le ralentissement constaté aux États-Unis, en Europe et en Chine impacte les échanges mondiaux. En 2019, tant que faire se peut, mieux vaut privilégier les exportations vers les pays peu ouverts et, donc, moins contraints par le commerce mondial.

Rédactrice en chef de Daf Magazine, j’évolue dans la presse économique BtoB depuis plus de 15 ans. Ma passion ? L’économie des entreprises [...]...

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