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Dégradation de sa note par les assureurs-crédits : comment réagir ?
Une mauvaise note de son assureur-crédit peut avoir des conséquences importantes en termes de business et de gestion financière. Comment réagir ? Comment faire face ? Quelle attitude face aux assureurs-crédits? Les réponses avec des experts du sujet.
Christophe Cherry, tout nouveau directeur d'Atradius France met d'emblée les choses au point. "Les assureurs-crédit vivent du risque. Il n'y a pas d'intention de baisser les notations à tout prix. Au contraire ! Nous ne sommes pas dans une stratégie de sanction mais d'accompagnement". L'homme reconnait que pendant la crise de 2008, "les assureurs-crédit avaient probablement terni leur image en ouvrant les parapluies trop vite ". Mais aujourd'hui, assure-t-il, "c'est différent, nous ne prenons pas de décisions brutales, nous analysons les situations au cas par cas. Les leçons ont été tirées de ce qu'il s'est passé pendant la précédente crise". Et d'expliquer que dès le début de cette crise sanitaire, Atradius a plutôt opté pour la méthode douce, en réduisant ses expositions lorsque nécessaire, mais sans entrer en guerre, en concertation avec ses clients. "Le renouvellement et les acquisitions de nouveaux clients sont à un très haut niveau, cela signifie que nous avons su faire le nécessaire".
Eric Lenoir, président du comité exécutif d'Euler Hermes France, numéro 1 mondial de l'assurance-crédit, confirme : "Il y a évidemment eu des dégradations de notes pour certaines entreprises en 2020 mais cela n'a pas été un mouvement massif. Pour 2021, nous constatons que les notes sont plutôt sur une tendance positive". Et de rassurer sur la prise en compte des bilans 2020 : "nous savons qu'ils seront dégradés pour un certain nombre d'entreprises mais cette dégradation avait déjà été anticipée dans les notations 2020. Nous n'allons pas appliquer de double peine ! Aujourd'hui, les réévaluations de notations s'appuient sur les perspectives des prochains mois, meilleures pour la plupart des acteurs économiques qu'en mars 2020 où l'incertitude la plus complète dominait. La tendance des notes 2021 est donc à la hausse".
Réagir rapidement en préservant ses liquidités
Pour autant, un certain nombre d'entreprises devront faire face à une dégradation de leur note en raison de leur situation économique plus difficile. "Nous savons parfaitement que la vie d'une entreprise est faite de hauts et de bas. Toute entreprise peut donc être confrontée à une dégradation de sa note à un moment ou à un autre de son existence. Sans augurer de la suite de son histoire", souligne ainsi Eric Lenoir. Dans cette perspective, mieux vaut donc anticiper et fourbir, au mieux, ses armes.
Car l'impact d'un abaissement de sa note par les assureurs-crédits de ses fournisseurs peut potentiellement représenter un tsunami. "Cela signifie que presque immédiatement, certains fournisseurs vont modifier les conditions de paiement qui étaient jusqu'ici appliquées et réclamer des paiements beaucoup plus rapides. Conséquente concrète, et parfois brutale : le besoin en fonds de roulement de l'entreprise dont la note est abaissée va augmenter, parfois de manière considérable", alerte Jean-Pascal Beauchamp, en charge du département restructuring pour Deloitte. "Lorsqu'une relation de confiance est installée de longue date avec le ou les fournisseurs concernés, ceux-ci peuvent parfois accorder des délais à l'acheteur en difficulté. Mais cela reste quand même peu fréquent car ils ne sont eux-mêmes pas forcément en capacité d'accepter un niveau de risque trop élevé de non-paiement ". L'expert conseille donc, en cas de dégradation de sa note, de revoir en urgence son BFR : "Il faut absolument maximiser le cash en activant tous les leviers disponibles".
La réaction est d'autant plus urgente que cette dégradation de la notation a un impact qui va bien au-delà des fournisseurs, clients de l'assureur-crédit. "Tout l'écosystème autour de l'entreprise peut être impacté : pour le financement par les banques, l'affacturage, etc. Ces notes, comme celles de la Banque de France, sont regardées et analysés par de nombreux partenaires des entreprises", prévient Carl Civadiée, associé Grant Thornton.
Dialoguer avec l'assureur-crédit
Les impacts peuvent également être forts sur le business lui-même : une dégradation de sa note peut bloquer purement et simplement l'accès à certains marchés. En parallèle d'une réaction opérationnelle immédiate pour gérer les conséquences d'une décision défavorable d'un ou plusieurs assureurs-crédits à son encontre, il est donc primordial de travailler au rétablissement de cette note. Et pour cela, il est essentiel de maintenir le dialogue avec les assureurs-crédits.
" Il n'y a rien de pire que de faire l'autruche, résume Jean-Pascal Beauchamp. Une entreprise doit toujours être transparente avec les assureurs crédits". Un point de vue partagé unanimement tant du côté des conseils des entreprises que des assureurs crédit. "C'est un peu comme à l'école, celui qui ne rend pas sa copie récolte un zéro", souligne Carl Civadiée. Il est donc totalement contre-productif de ne pas prendre les appels de l'assureur-crédit, en pensant qu'éventuellement en l'absence de réponse il repoussera sa décision, ou, pire encore, de cacher (voire mentir) sur sa situation réelle. "Le monde économique est petit, tout finit par se savoir. Mieux vaut être transparent, cela ne peut qu'être bénéfique. Même un contexte tendu peut être alors expliqué ". Christophe Cherry, pour Atradius, approuve : "Le paradigme "pas de nouvelle, bonne nouvelle" n'est plus d'application dans la relation avec les assureurs-crédits. Il y a une sorte de deal moral, nous valoriserons toujours les entreprises qui font preuve de transparence, y compris quand elles nous font part de difficultés".
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Au-delà de la transparence, cette communication à instaurer avec l'assureur-crédit relève aussi, tout simplement, de la bonne information. "L'assureur-crédit ne peut pas tout savoir à partir des bases chiffrées qu'il reçoit. Il est important également de lui expliquer sa stratégie, ses perspectives, les actions mises en oeuvre pour rétablir la situation etc. Il ne faut donc pas hésiter à demander les coordonnées des interlocuteurs assureurs crédit de ses fournisseurs", insiste l'expert restructuring de Deloitte. "Dès que l'entreprise a de nouvelles informations à nous communiquer, elle doit le faire. Sa note peut être ainsi réévaluée rapidement si nécessaire. Lorsque nous constatons que la stratégie mise en place est pertinente, nous en tenons compte !" conclut Eric Lenoir.
NB : vous pouvez consulter votre note sur les pages web dédiées de la plupart des assureurs- crédits.
A retenir
- Transparence recommandée avec les assureurs-crédits, y compris lorsque les nouvelles sont mauvaises
- Maintenir le dialogue avec l'assureur-crédit en lui apportant régulièrement des informations sur la situation de l'entreprise
- Si la note de l'entreprise est dégradée, il est important de réévaluer en urgence ses besoins de trésorerie
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