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DossierLe risk management s'étend aux ETM

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1 - Gestion des risques: PME et ETI manquent encore de visibilité

Si la gestion des risques bénéficie depuis longtemps d'un suivi dédié dans les grands groupes, il n'en va pas de même au sein des PME et ETI. En effet, en 2016, seule une entreprise française sur quatre a intégré une démarche globale de gestion des risques, selon une étude menée par QBE.

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Si 83 % des entreprises françaises ont déjà pris des mesures pour améliorer la gestion de leurs risques, seulement une sur quatre a intégré une démarche globale et proactive. C'est le constat dressé en 2016 par le groupe d'assurance QBE, dans une étude réalisée auprès de 363 entreprises françaises (PME et ETI de tous secteurs d'activité).

Pour une majorité de répondants, la culture du risque n'est pas véritablement ancrée dans leur organisation. La faute à la difficulté de mise en oeuvre des processus de gestion des risques. En effet, 63% des décideurs estiment manquer de temps ou de ressources et 60% éprouvent des difficultés à répercuter les changements au sein de l'entreprise. Les autres obstacles ont trait au coût et au manque d'expertise en interne.

Et pourtant, la gestion des risques est pourtant une priorité pour les dirigeants. Plus de 9 sur 10 sont convaincus qu'une approche structurée peut jouer un rôle positif dans le développement de leur entreprise. D'ailleurs, un tiers des répondants ont affirmé avoir déjà décidé d'abandonner certaines gammes de produits, clients ou marchés jugés trop risqués.

Les décideurs sont d'autant plus convaincus de la nécessité de la gestion des risques qu'ils estiment à plus de 40% que le niveau global des risques a augmenté au cours des six derniers mois.

"Une ère de grands risques systémiques"

Ce manque de vision et de visibilité sur les risques au sein des organisations était l'une des difficultés mises en exergue lors des 24es Rencontres de l'Amrae (Association management des risques et des assurances de l'entreprise). La présidente de l'association, Brigitte Bouquot, présidente et directrice assurances et gestion des risques de Thalès, évoquait alors un horizon des risques "entre crainte et espoir pour les entreprises", puisque nous sommes en plein dans "une ère de grands risques systémiques". Et, pour la présidente de l'Amrae, si la COP 21 a servi de prise de conscience côté environnement, 2015 aura été une "bande d'annonces de futurs chocs et de crises systémiques". Dès lors, les risques ne sont plus le sujet de quelques-uns mais de tous; d'ailleurs "le rapport de Davos a pointé non seulement des risques business mais aussi systémiques". Une première.

Pour sa part, Nicolas Baverez, essayiste, avocat et aussi diplômé d'histoire, notait à l'occasion de cet événement qu'"il y a une accélération de l'histoire et non disparition de l'Histoire". Après la crise de 1929, qui pouvait imaginer que la Grèce perdrait 25% de sa richesse, que le terrorisme instrumentaliserait des pays, que de jeunes entreprises deviendraient les acteurs majeurs de l'économie? C'est en pointant ce que nous pensions écarté et qui est revenu encore plus fort qu'auparavant ou totalement différent que l'essayiste a assis son diagnostic: "nous sommes en disruption permanente", la diruption étant au sens large un événement improbable, imprévisible et irréversible.

Parmi les autres points de son intervention, retenons que les risques quel qu'ils soient (catastrophe écologique, terrorisme, pandémie) montent en intensité, changent de nature (deviennent systémiques, globaux), de dimension géographique (partout dans le monde, autour des villes proches des cotes qui structurent le 21è siècle) et sont interactifs (cybersécurité, politique, économique).

Nicolas Baverez pointe un élément à suivre: la remontée du risque politique et géopolitique (Brexit, Vénézuela, France, Europe, Europe vis-à-vis des États-Unis).

Denis Kessler, pdg de SCOR: " l'univers des risques semble germinatif "

Ouvrant son intervention par cette sentence: "Lunivers des risques semble germinatif " (comprendre qu'il s'auto-entretient entre autres caractéristiques..), Denis Kessler a listé ce qui constitue ce terreau:

  • Interaction, interconnexion... il y a un réseau, des réseaux et cela touche bien sur l'univers des risques;
  • l'interaction risques existants et risques émergents - une catastrophe naturelle peut entrainer un dysfonctionnement du réseau électrique, d'usines... "Il y a des grappes de risques séquentiels et géographiques";
  • il y a bien sûr la loi de Kessler (pas encore reconnue mais cela ne devrait pas tarder): les zones aux catastrophes naturelles sont celles qui attirent le plus les hommes et les industries;
  • la résilience, donnée physique, existe mais celle-ci a ses limites;
  • l'entropie -que l'on peut définir comme la grandeur caractérisant le désordre d'un système (ainsi en est-il des migrations de masse, qui dans leurs conséquences, révèlent l'inefficacité des pays occidentaux)- entrainera inéluctablement de la volatilité, donc à terme une guerre des changes par zone.

Yann Petiteaux / Florence Leandri

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