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6 - Fournisseurs de transport & logistique : sur la route des risques

Multiplication des prestataires, perte de savoir-faire, fluctuation du prix des carburants, conflits sociaux... Les risques liés aux fournisseurs de transport & logistique possèdent une très forte singularité, souvent oubliée. Passage en revue de ces principaux risques.

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" Dans une situation économique difficile, la gestion des risques de transport ne doit pas être perçue comme un coût, mais bien comme un vecteur de réduction des coûts ", souligne Hicham Abbad, directeur associé chez KLB Group, cabinet de conseil spécialisé dans les projets d'achats, supply chain et finances. Un objectif financier qui ne doit pas occulter les risques propres à ce secteur.

Les risques métiers avant tout

Le transport est organisé sous forme de PL (parties logistiques). La première PL est l'entreprise elle-même, la deuxième est le conducteur du camion, la troisième étant celui qui organise les transports. Lorsqu'une entreprise fait appel à un prestataire, elle utilise ce troisième PL qui... fait travailler d'autres entreprises. Les transporteurs Geodis ou Calberson fonctionnent ainsi puisqu'ils n'ont pas de camions leur appartenant. Face à cette multiplication d'acteurs, il est souvent difficile pour un donneur d'ordre de s'y retrouver.

Autre risque : la perte d'un savoir-faire pour les entreprises qui géraient en interne la partie transport & logistique, puisque celui-ci est confié au prestataire. " En confiant la distribution de ses produits à un fournisseur, l'entreprise perd en interne une partie de ses connaissances acquises dans ce domaine ", souligne Hicham Abbad.

Quant au changement de prestataire, s'il est relativement facile de "basculer", de nombreux acteurs étant présents et les outils assez largement mutualisés... la méfiance est de rigueur ! Car plus le circuit de distribution est complexe, plus le transporteur suivant aura du mal à prendre la relève rapidement...

Les aléas de la route

Les casses, les vols, les accidents... font partie des risques quasi quotidiens dans une relation donneur d'ordres/transporteur. À ce titre, ils sont souvent négligés dans la négociation avec le/les prestataire(s).

Quelques questions bien senties peuvent, toutefois, permettre d'en mesurer la gestion par chaque potentiel fournisseur. Bien sûr, les risques liés aux conditions météorologiques, qui peuvent fortement perturber la logistique d'une entreprise sur des périodes plus ou moins longues, font aussi partie des spécificités de ce poste. Côté contrat, gardez à l'esprit que ces risques-là ne relèvent pas toujours de la force majeure ou d'un événement imprévisible. Côté sérieux du prestataire, l'équipement et le renouvellement des véhicules ont leur importance.

Le prix du carburant est souvent assimilé à un casse-tête en raison des cours fluctuants. Pour s'en prémunir, deux méthodes peuvent être appliquées : soit la PME négocie un prix fixe avec son fournisseur, ce dernier prenant une prime de risque sur la fluctuation... prime qui sera répercutée sur le tarif de la prestation, soit les deux parties s'entendent pour faire un point sur la situation tous les trois mois, avec révision du prix de la prestation en fonction du prix du carburant.

Autre caractéristique propre au transport/logistique, le rapport poids/flexibilité du fournisseur. Autrement dit, sa taille par rapport à sa capacité à réagir en fonction des demandes des clients. Mieux vaut, pour une PME, contracter avec un fournisseur de taille sensiblement identique : " À défaut, cela revient à mettre son fournisseur de transport en situation de dépendance, donc à se mettre soi-même en situation de danger ", conclut Hicham Abbad (KLB Group).

Être vigilant sur les aspects sociaux

Le paramètre social (sous-traitant qui fait appel à du "travail au noir", non-respect sur les durées de conduite...) ou politico-économique (en cas de grève paralysant l'acheminement des marchandises) ne doit pas non plus être sous-estimé. Rappelons d'ailleurs que, depuis le 1er janvier 2012 (en vertu du décret n° 2011-1601 du 21 novembre 2011), les informations dont doit disposer le donneur d'ordres pour s'assurer du respect du droit du travail par son sous-traitant ont été enrichies et, corrélativement, ses obligations de vigilance renforcées.

Ainsi, le sous-traitant doit fournir une nouvelle attestation déclarative avec mention du paiement des cotisations et contributions de Sécurité sociale, du nombre de salariés employés et de l'assiette de rémunération (liste non exhaustive) lors de la conclusion du marché et, tous les six mois jusqu'à la fin de son exécution, une attestation relative au respect de ses obligations en matière de déclarations sociales.

Le donneur d'ordres, pour être considéré comme ayant procédé aux vérifications imposées par le Code du travail, doit s'assurer de l'authenticité de l'attestation remise par son sous-traitant auprès de l'organisme de recouvrement des cotisations et contributions de Sécurité sociale.

Jérôme Pouponnot

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