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La crise encourage-t-elle la relocalisation?

La crise sanitaire a mis en lumière les interdépendances entre pays et les problèmes d'approvisionnement. Relocaliser pour gérer au plus près ses approvisionnements, mettre en place une politique dite de "glocalisation", ... Quelles sont les leçons à tirer de la crise?

Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à
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La crise encourage-t-elle la relocalisation?
© Jakub Jirsák - Fotolia

Les ruptures d'approvisionnement des masques produits en Asie en pleine crise sanitaire ou le précédent de l'unique production du principe actif du paracétamol en Asie et en Inde, abandonné en Europe dès 2008, ... La crise sanitaire a " mis en lumière les interdépendances entre pays et les problèmes d'approvisionnement ", explique Isabelle Mejean, professeur à l'Ecole Polytechnique et chercheur au CREST et membre du conseil d'analyse économique à l'occasion de la 25ème édition du Colloque Coface Risque Pays le 8 février dernier*.

Cette crise sanitaire et économique a bouleversé tous les écosystèmes. Elle a fait ressurgir des problématiques de chaînes de valeur, de sourcing fournisseur ou encore de relocalisation. " Dans quelle mesure doit-on remettre en cause la chaîne de valeur ? " s'interroge Corinne Vadcar, senior trade analyst, CCI d'Ile-de-France. Selon elle, " la mondialisation est une affaire de rapprochement avec le client avant la question des coûts. On pense à relocaliser notamment pour des clients qui veulent du local. Il y a donc un double rapprochement vers le marché des consommateurs et dans un même temps, le fournisseur doit se rapprocher du client. Mais attention, on peut se rapprocher d'un marché et non d'un client ".

Relocalisation : une fausse bonne idée?

Mais quel est le sens de la relocalisation ? Et vers quel type de relocalisation, faut-il s'orienter ? Selon Xavier Durand, directeur général de la Coface, les mouvements de relocalisation sont des mouvements lents. Et si les " chaînes de valeur sont mondialisées, la main d'oeuvre n'est pas déclinable à l'infini. Il y a donc des choix ciblés à faire. Et même si on observe un début de relocalisation vers la Chine, il existe des capacités d'absorption limitées. "

Il existe aussi un autre schéma baptisé la " glocalisation ", soit l'adaptation spécifique d'un produit ou d'un service à chacun des lieux où il est vendu, ou à chacune des cultures à laquelle il s'adresse. Une vraie réflexion doit être menée entre le choix du global et du local.

Eviter les ruptures d'approvisionnement

Enfin, si la relocalisation n'est pas l'unique solution, il faut aussi s'organiser autrement et être suffisamment agile pour pouvoir changer sa chaîne d'approvisionnement. Pour cela, il faut réfléchir à des modèles peut-être " moins efficaces mais plus résilients aux chocs ", souligne Isabelle Mejean. Cela implique une cartographie des risques. Et, pour éviter la rupture des chaînes d'approvisionnements, " on peut imaginer mettre en place des stocks stratégiques ou réaliser des alliances sur approvisionnement ", détaille Isabelle Méjean. Il faut aussi sécuriser les approvisionnements en multipliant les sourcing fournisseurs.

Dans le monde des services, la crise sanitaire a accéléré la digitalisation des organisations. On peut parler de " mondialisation servicielle ". Cependant, le débat demeure le même qu'ailleurs. " Dans les services numériques, on est également partagé entre le offshore et le nearshore. Et effectivement, le neashore est plus cher mais offre plus de réactivité ", souligne Bruno Berthon, senior managing director chez Accenture. Et, si aujourd'hui, les pays riches se concentrent sur les services, " il existe un vrai débat sur la souveraineté et la maîtrise des données cloud. En clair, un pays ne peut pas dépendre d'un autre pour ses données ", conclut Isabelle Méjean.


* Conférence intitulée : De la mondialisation industrielle à la mondialisation des services ?





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