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Comment sécuriser ses encours dans le contexte économique actuel ?

La guerre en Ukraine avec la hausse des prix des matières premières et les retards de paiement qui en ont découlé est venue perturber l'équilibre déjà instable des entreprises. Pour faire face à ces problématiques, apprécier de manière précise son risque client semble être l'un des meilleurs choix pour les directions financières.

Publié par Florian Langlois le - mis à jour à
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Comment sécuriser ses encours dans le contexte économique actuel ?

La guerre en Ukraine a apporté son lot de problèmes et de nouveaux risques à des entreprises déjà marquées par la crise du Covid. Et l'avenir ne semble pas beaucoup plus radieux pour ces dernières. Après une baisse drastique des défaillances d'entreprise (28.400 en 2021, chiffre le plus bas depuis 20 ans selon une étude récente d'Altares), dûe notamment aux différentes aides de l'Etat (PGE et moratoires sur les dettes fiscales et sociales notamment) une augmentation de ce nombre de défaillance d'entreprise est à noter en ce début d'année 2022 (+7% au premier trimestre par rapport à 2021). Une autre raison de ce taux de défaillance aussi faible est le fait que "l'URSSAF n'assigne plus en liquidation judiciaire depuis deux ans, sur instruction du gouvernement" explique Jérôme Mandrillon, délégué général des assises délais de paiement chez AFDCC et président d'honneur de l'AFDCC, dans le cadre d'un webinar organisé par la plateforme de credit managment Hoopiz. Des assignations qui représentaient 35 à 40% des liquidations judiciaires ouvertes avant la crise Covid.

Les PGE au centre des attentions

Pour faire face à d'éventuels problèmes au niveau de sa supply chain, il convient d'apprécier de manière la plus précise possible son risque client. A commencer par la façon dont vos clients gèrent le remboursement de leurs PGE. "Les premiers remboursements ont démarré fin mars, voire fin avril, donc nous sommes en plein dedans. Il est donc possible de voir si les entreprises sont capables ou pas de rembourser" avance Jérôme Mandrillon. Un certain nombre d'entreprises ayant contracté ce PGE peuvent se retrouver en difficulté. Le président d'honneur de l'AFDCC conseille alors d'observer dans sa supply chain, quelles sont les enteprises qui ont eu recours à un PGE. "Vous allez pouvoir vous en apercevoir en analysant les bilans des clients puisque vous le verrez dans les dettes longs et moyens terme" complète-t-il. Cette démarche est importante car 9% des TPE et PME disent avoir peur de ne pas pouvoir rembourser leur PGE selon une étude de BpiFrance. 57% des entreprises interrogées disent également vouloir amortir la totalité du prêt sur plusieurs années à partir de 2022.

Pour ce qui est de la question des moratoires charges sociales et fiscales, il est plus compliqué de voir si certains fournisseurs y ont eu recours. Mais Jérôme Mandrillon donne tout de même une astuce pour s'en apercevoir. "Il faut regarder le bilan de l'entreprise au passif en prenant le montant des charges fiscales et sociales et en le ramenant au montant du passif, et comparer ce taux au bilan 2019. Si vous voyez un écart significatif, c'est que vraisemblablement l'entreprise a un moratoire de charges fiscales et sociales." Là aussi, les premiers remboursements doivent arriver le 31 mars 2022. "Et l'URSSAF recommence à assigner en liquidation judiciare," avertit Jérôme Mandrillon.

Attention aux délais de paiement

Les entreprises doivent également se montrer vigilantes quant à d'éventuels retards de paiement, même si ce sont principalement les ETI et les grands groupes qui ont des lacunes à ce niveau-là. "En 2020, le pourcentage de factures payées en retard par les grandes entreprises était au-delà de 55%, c'est assez significatif, reprend Jérôme Mandrillon. En 2021 en se basant sur une étude d'Altares, on peut constater qu'il n'y a pas de grands changements et que la situation reste inchangée." Là encore, il faudra être attentif car de plus "les trésoreries se resserrent parce que les entreprises sont reconstituent leurs stocks," poursuit le président d'honneur de l'AFDCC.

Pour faire face à ces problématiques, Jérôme Mandrillon recommande l'agilité. Il conseille ainsi de repenser sa stratégie sur la règle des 80/20 : quels sont les 20% des clients qui représentent 80% de l'activité. "Il faut alors se concentrer sur les principaux clients, pour voir comment ils évoluent. Ensuite, énormément de nouvelles solutions peuvent se proposer : les partenaires se sont adaptés, avec par exemple les fournisseurs d'information financière sur la question du scoring. Il faut aussi profiter de cette période pour échanger sur les bonnes pratiques. Pour ce faire, il est possible de trouver des témoignages d'entreprises sur le site des Assises des délais de paiement. Enfin, les plateformes permettent d'être réactives et d'utiliser l'ensemble de ses partenaires et d'arriver à donner des solutions adaptées," conclut-il.

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