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Le CAC, bouée de secours lors de cette crise

Face à la crise sanitaire du Covid-19 qui s'est muée en crise économique, de nombreuses entreprises font face à des difficultés sans précédent. Pour affronter cette période compliquée, les entreprises ont un allié : le commissaire aux comptes.

Publié par Eve Mennesson le - mis à jour à
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Le CAC, bouée de secours lors de cette crise
© Konstantin Yuganov - Fotolia

Le commissaire aux comptes (CAC), ami ou ennemi des dirigeants d'entreprise ? S'il est parfois considéré comme un passage obligé pour certifier ses comptes, voire même comme un empêcheur de tourner en rond, les entreprises auraient tort de se priver de tous les avantages qu'il peut leur apporter. Surtout en cette période de crise.

La certification des comptes justement, est un outil qui atteste de la bonne santé de l'entreprise et permet de s'octroyer des financements auprès des établissements financiers et des investisseurs. "Nous attestons que le prévisionnel repose sur des bases solides : cela rassure non seulement les parties prenantes mais aussi le chef d'entreprise", note Olivier Salustro, président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes de Paris.

Les dirigeants de l'entreprise savent ainsi qu'ils sont sur les bons rails. "Le commissaire aux comptes est proche de l'entreprise et voit tout de suite à quelles difficultés elle pourrait être confrontée, estime Jean-Charles Boucher, associé RSM. Il permet aux dirigeants de se poser des questions sur la capacité de l'entreprise à poursuivre son activité". Quoi de plus précieux en cette période chahutée qu'une personne avec qui parler de son entreprise et de l'avenir de cette dernière ?

Explication des dispositifs gouvernementaux

Les comptes certifiés ont été des éléments centraux pour obtenir un PGE. Le commissaire aux comptes est d'ailleurs aux côtés des entreprises pour vérifier que tous les dispositifs gouvernementaux sont bien utilisés. "C'est très compliqué car les aides évoluent, notamment au niveau de leurs conditions d'octroi", explique Jean-Charles Boucher. Ce travail de pédagogie qui a été très important au début de la crise, avec la mise en place des nombreuses mesures gouvernementales, se poursuit aujourd'hui. Olivier Salustro dit parler désormais du prêt participatif

Le CAC est également présent aux côtés des entreprises qui souhaitent renégocier avec leurs banques une extension du PGE, pour ne pas avoir à le rembourser dans un an : le commissaire aux comptes fournit tous les éléments nécessaires, des prévisionnels de trésorerie à l'attestation de masse salariale.

Pédagogie sur les procédures amiables

"D'une manière plus générale, nous aidons les entrepreneurs à utiliser au mieux l'arsenal de prévention offert par les tribunaux de commerce", rapporte Olivier Salustro. Le commissaire aux comptes est en effet là pour faire de la pédagogie sur les procédures dites amiables."Les dirigeants face à des difficultés ne savent pas forcément quoi faire. Ils vont vers des dispositifs de procédures collectives complexes, voire dans certains cas, vers la liquidation immédiate, ce qui n'est pas une bonne idée. Mieux vaut d'abord tenter les procédures amiables", conseille Jean-Charles Boucher qui observe que les dispositifs de redressement ou de sauvegarde sont encore peu utilisés, par peur du tribunal de commerce. "Le renforcement des procédures d'alerte, qui consistent à ce que le commissaire aux comptes alerte le tribunal de commerce si des difficultés sont percées à jour et que les dispositifs mis en place par l'entreprise ne sont pas satisfaisants, permettront peut-être d'inciter les dirigeants à venir plus facilement au tribunal en cas de grosses difficultés pour se protéger", pense Jean-Charles Boucher.

En effet, le gouvernement a renforcé le rôle d'alerte du CAC pendant cette crise en officialisant une pré-phase d'alerte afin de prévenir le tribunal de commerce au plus tôt. "Cela consiste à comprendre comment le chef d'entreprise qui fait face à des difficultés va s'organiser, ce qu'il a prévu de mettre en place et de faire des simulations pour voir si ça passe ou pas", explique Olivier Salustro. Des procédures d'alerte qui étaient parfois mal perçues par les dirigeants d'entreprise avant la crise mais qu'ils trouvent dorénavant nécessaires.

En effet, les chefs d'entreprise qui ont recours aux procédures dites amiables se rendent compte à quel point elles peuvent être utiles, en ouvrant les discussions avec les créanciers. "Les discussions peuvent être houleuses, avec les bailleurs par exemple, mais de nombreux fournisseurs préfèrent être moins payés ou accorder un délai plutôt que de ne pas être payés du tout", constate Jean-Charles Boucher. Et des solutions peuvent être trouvées pour sauver une entreprise en difficulté.

Accompagnement sur les cyberattaques

En cette période de crise, les entreprises ne font pas uniquement face à des problématiques financières mais à d'autres risques, comme le risque cyber. Et là aussi le CAC peut apporter son aide. Olivier Salustro rappelle ainsi que les commissaires aux comptes accompagnent les entreprises sur la problématique des cyberattaques. "Nous procédons à une analyse des risques et formulons des recommandations sur les actions qui peuvent être mises en place. Nous connaissons le système d'information de l'entreprise et son histoire, des échanges ont lieu annuellement sur la fraude entre le chef d'entreprise et le CAC nourrissant ainsi notre base de données et permettant un benchmark approprié : notre analyse est donc efficace", indique Olivier Salustro.

Le président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes de Paris résume l'action des CAC en parlant de résilience : mieux suivies, les entreprises épaulées par des commissaires aux comptes traversent mieux les crises. Pour mettre en avant ces entreprises qui ont recours aux CAC, une plateforme, "The smart list", devrait bientôt voir le jour. "Cela permettra de montrer leur sérieux, leurs éléments financiers et non financiers étant certifiés", pense Olivier Salustro.


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