[Trophées 2025] Frank Gaillard, bâtisseur d'équilibres chez IMV Technologies
Après une carrière riche entre grands groupes, cosmétique de luxe et missions de transformation, Frank Gaillard dirige aujourd'hui le contrôle de gestion groupe chez IMV Technologies. Dans cet univers international au coeur de l'innovation vétérinaire, il met en oeuvre sa vision humaniste et structurante du pilotage financier.
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À 55 ans, Frank Gaillard revendique un parcours éclectique et profondément enraciné dans le réel. Diplômé d'une école de commerce, titulaire d'un master en gestion/finance, il a complété son cursus par un CESA à HEC et un master en management général à l'ESSEC. Cette formation continue, dit-il, lui a permis de « rouvrir les yeux sur le monde » après 17 années passées chez Sisley.
Ses premières expériences - de l'audit de procédures chez Servier aux calculs de royalties dans la production musicale - le mènent en 1993 chez Roche. Il y participe à un vaste chantier de refonte des prix de revient, mêlant finance et systèmes d'information, une double compétence qu'il ne cessera de cultiver par la suite.
Il poursuit chez Schering (devenu Bayer Schering Pharma), puis rejoint en 2004 le groupe familial Sisley Cosmetics, alors en plein essor. Il y construit le contrôle de gestion industriel, pilote le déploiement de SAP et devient directeur des projets ERP au niveau groupe. Durant les 17 années passées dans l'entreprise, il raconte avoir accompagné le passage de 130 à près de 900 millions d'euros de chiffre d'affaires, ajoutant que « ce furent des années de développement intense, à la fois sur les systèmes, les méthodes, les outils et les équipes. »
De la cosmétique à la biotech vétérinaire
En 2021, à 50 ans, il opère un virage. Désireux de transmettre, il se lance dans le management de transition, en parallèle d'un programme à l'ESSEC. Chez AVEA puis chez IMV Technologies, il découvre les environnements LBO et leurs contraintes spécifiques. Il sourit : « Quand on dit que cash is king, en LBO, on comprend vite pourquoi. » Sa mission initiale chez IMV, leader mondial de l'insémination animale, portait sur la transformation de la fonction finance. Elle s'est prolongée. « Il y avait encore beaucoup à construire. Le nouveau CFO m'a proposé de rester, » confie-t-il.
IMV est une ETI d'environ 160 millions d'euros de chiffre d'affaires, présente sur tous les continents. Elle s'est développée par acquisitions successives. Cette trajectoire engendre une grande diversité d'outils, de cultures et de pratiques. Franck observe que « l'un des enjeux, c'est d'harmoniser le tout, sans déstabiliser les structures locales. »
Structurer, fiabiliser, projeter
À la tête d'une équipe restreinte - trois contrôleurs de gestion et un alternant -, Frank Gaillard oeuvre à reconstruire une fonction finance robuste. Il raconte que « quand [il est] arrivé, le budget annuel se terminait en mai... Aujourd'hui, nous bouclons en décembre. » Les chantiers qui l'attendaient furent nombreux : il a notamment revu les processus de reporting, accéléré les délais de clôture, fiabilisé les données, mais aussi structuré des tableaux de bord, développé des KPIs accessibles aux directions, mis en place des routines de suivi mensuel et hebdomadaire du chiffre d'affaires... Il précise : « L'idée, c'est d'anticiper. D'avoir des alertes quand les prévisions baissent. »
Il participe aussi à une réforme structurelle du groupe autour de trois business units : animaux de ferme, animaux de compagnie, et biotechnologies humaines. Il explique que « cela exige de bien séparer les comptes, de suivre les marges et le cash à ce niveau, et d'adapter les systèmes. »
Piloter sans perdre le lien
Malgré cette complexité, Frank Gaillard revendique une forte proximité avec les opérationnels, les filiales et le COMEX. « Nous avons une petite équipe de direction, six personnes. Cette taille crée de la proximité et facilite les échanges, » souligne-t-il. Le pilotage, lui, reste double : par BU, mais aussi par filiale, dans une logique matricielle. Il s'appuie sur une analyse fine du chiffre d'affaires, de la marge, et sur des outils simples mais dynamiques de prévision. Il détaille : « Notre système de 'weekly' permet aux responsables de mettre à jour les prévisions à trois mois. Ce n'est pas un rolling forecast sophistiqué, mais c'est adapté à notre taille. »
S'il devait définir son style de management, il parlerait d'autonomie et d'échange. Il affirme : « J'attends qu'on vienne avec des solutions, pas seulement des problèmes. Mais je suis toujours disponible pour construire ensemble. » Il admet avoir beaucoup évolué avec le temps. Plus jeune, il était plus directif. Les expériences, les échecs et les rencontres lui ont appris l'écoute active, la pédagogie, l'analyse partagée. « Ce que j'aime, c'est faire comprendre à chacun sa place dans l'ensemble, dans le pilotage global, » explique-t-il. Ses autres terrains de jeu : les systèmes d'information, qu'il connaît bien, et désormais l'intelligence artificielle. « On réfléchit à son intégration dans nos process. Mais même avant ça, on peut déjà beaucoup faire avec les bons outils, » indique-t-il.
Comment voyez-vous le métier de DAF ou de directeur du contrôle de gestion dans 3 à 5 ans ?
Pour moi, certaines tâches vont disparaître, absorbées par l'IA et l'automatisation. Mais l'humain restera indispensable pour la stratégie et l'innovation. Il faut que les DAF s'intéressent à l'IA, pour eux, pour leurs équipes, et pour la performance de l'entreprise.
Si vous n'aviez pas été financier, vous seriez... ?
Probablement musicien. Je joue plusieurs instruments, je compose. Mais j'ai aussi longtemps rêvé d'être psychiatre ou psychanalyste. J'ai toujours été attiré par la compréhension des fonctionnements humains.
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