Bertrand Swiderski, directeur RSE du groupe Carrefour : " La direction financière est de plus en plus intéressée par le sujet RSE "

Quand RSE et finance travaillent ensemble, on aboutit à des projets d'envergure. Comme cette opération de crédit à composante RSE, que Carrefour a réalisé en juin 2019, qui va servir à financer des projets de transitions écologiques.
Je m'abonneEn juin dernier, le groupe Carrefour a réalisé une opération de crédit avec une composante RSE pour un montant de 3,9 milliards d'euros auprès d'un syndicat de 21 banques. Cette nouvelle ligne de crédit a notamment pour but de financer des actions dans le cadre de l'ambition du groupe de devenir leader de la transition alimentaire pour tous.
Un indicateur pertinent
" Cette opération est partie de la direction financière qui est venue nous parler d'un projet pour financer la transition alimentaire, raconte Bertrand Swiderski, directeur RSE du groupe. Elle nous a demandé de contribuer sur deux points : trouver un indicateur pertinent pour cet objectif de transition alimentaire et déterminer quels projets nous souhaiterions financer en priorité si nous disposions d'une enveloppe supplémentaire. "
La direction RSE s'attèle donc à trouver un indicateur qui puisse résumer les actions en faveur de la transition alimentaire. Ce qui n'est pas chose aisée tant les objectifs sont multiples : éliminer la déforestation, atteindre 100% d'emballages recyclés, réduire les émissions de gaz à effet de serre, etc... La direction RSE a alors l'idée d'établir un " indice RSE " qui est composé de tous ces indicateurs. " Cet indice a été construit avec Vigeo qui va en évaluer la pertinence chaque année. De plus, les données qui le constituent sont issues de notre rapport extra-financier qui est audité par un commissaire aux comptes ", précise Bertrand Swiderski qui dit le souhait de la direction financière de vouloir un indicateur robuste et audité.
Lire aussi : Des referentiels et outils pour gerer le risque RSE
Projets business
Cet indice sera amené à bouger, en fonction des objectifs RSE, forcément mouvants, du groupe. " Cela a fait partie des négociations avec les banques : il nous a été donné la possibilité de réintégrer de nouveaux objectifs dans l'indice et d'en supprimer ", indique Bertrand Swiderski.
Quant aux projets à financer, la direction RSE a choisi des actions qui touchent au business, pour continuer à impliquer la direction financière dans l'opération. " Nous allons par exemple oeuvrer pour l'agri-écologie, comme réduire les produits phytosanitaires sur les bananes, ou encore financer des projets locaux pour contribuer au développement de partenaires locaux ", décrit Bertrand Swiderski.
Le directeur RSE insiste à quel point cette opération concerne et la direction RSE et la direction financière : " Il y a une partie technique à comprendre mais aussi une partie financière, comme la solvabilité des projets ", explique-t-il. Même si cette collaboration n'allait pas forcément de soi au départ, tant il a fallu réussir à parler le même langage. " Mais la direction financière est de plus en plus intéressée par le sujet et cherche à traduire la RSE dans son métier ", observe Bertrand Swiderski.