CSRD : les daf vont devoir monter en compétences
Les directions financières sont-elles suffisamment compétentes pour faire face à l'arrivée de la CSRD ? Éléments de réponse avec Adeline Labelle, responsable développement de People4Impact by Birdeo, spécialiste du recrutement et de l'accompagnement RSE.
Les directions financières vous semblent-elles prêtes à ce défi imminent de la CSRD ?
Dans les grandes entreprises, oui, car elles étaient déjà assujetties à un certain nombre d'obligations, le changement ne sera pas si important. Dans les grands groupes, les directions financières ont déjà l'habitude de travailler main dans la main avec les équipes RSE. C'est moins vrai dans les entreprises plus petites, les ETI et les PME. Là, il va y avoir très clairement un chemin à tracer pour monter en compétences sur ces sujets. Disposer de la double casquette, RSE et finance, devient plus que jamais nécessaire.
Quels sont exactement les points sur lesquels les daf vont devoir devenir experts, ou, au moins, plus armés ?
Je dirais sur leur cartographie des risques, sur le sujet de la compliance, c'est-à-dire la mise en conformité avec le réglementaire. Et bien sûr, sur la prise en compte de la double matérialité. Les directions financières avaient jusqu'ici l'habitude de calculer l'impact des problématiques environnementales sur leur entreprise mais pas l'inverse. Il devient désormais inévitable, avec la CSRD, de savoir le faire puisque cette nouvelle réglementation impose un rapport normé faisant précisément apparaitre cette double matérialité. La direction financière est forcément au coeur de ce sujet CSRD et performance extra-financière puisque ces éléments impactent aujourd'hui directement la valorisation d'une entreprise, les relations avec les partenaires financiers, les clients, les fournisseurs etc.
Comment les directions financières peuvent monter en compétences sur ces enjeux ?
Plusieurs options peuvent être mises en oeuvre. Le directeur financier et/ou ses équipes peuvent bien entendu suivre des formations délivrées par divers organismes. Il existe de très nombreux modules aujourd'hui. Le directeur financier peut aussi s'appuyer sur les événements, conférences, publications organisées par leurs différents réseaux professionnels. Ce sujet est d'actualité, ils peuvent trouver de quoi nourrir leurs besoins.
Quand c'est possible, il convient aussi de solliciter l'équipe RSE de leur entreprise. Mais ces équipes sont souvent en sous-effectif et il peut être complexe pour elles d'assurer des formations. Et puis, les entreprises peuvent se faire accompagner quelque temps par des experts extérieurs, des consultants free-lance. C'est une solution qui est beaucoup utilisée, nous constatons chez People4Impact une forte accélération de la demande sur ces profils.
Les daf doivent-ils s'inquiéter de cette mise à niveau nécessaire pour un certain nombre d'entre eux ?
Non, je ne crois pas, la marche n'est pas si haute. Les daf ont déjà le mindset nécessaire, ils ont déjà le mode de fonctionnement nécessaire. Ils savent analyser de la donnée pour la transformer en donnée comptable. Ils doivent maintenant apprendre à collecter et transformer de la donnée liée à la RSE pour l'intégrer à leurs reportings.
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Comment peuvent-ils impliquer leurs équipes et quels changements à prévoir dans leurs recrutements à venir ?
Ils doivent communiquer largement, créer une culture commune sur le sujet avec leur équipe. Et bien entendu, partager avec leurs collaborateurs les nouveaux savoirs qu'ils auront ingéré. Ils doivent par ailleurs paramétrer leurs recrutements à venir pour renforcer leur équipe avec des experts ESG d'une part et des experts data d'autre part.
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