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"Environ 4 Mrds d'euros de produits non-alimentaires sont détruits chaque année par les entreprises"

Encouragé par la loi AGEC, le don d'entreprise représente une alternative intéressante à la destruction de produits non-alimentaires invendus ou obsolètes. Outre l'optimisation fiscale, ce type de démarche permet aux entreprises de remplir certains objectifs RSE. Nous faisons le point avec Jérémy Fretin, directeur du développement et RSE de l'Agence du Don en Nature, qui collecte des produits non-alimentaires invendus pour les redistribuer aux associations.

Publié par Audrey Fréel le | Mis à jour le
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Jérémy Fretin, directeur du développement et RSE de l'Agence du Don en Nature
© Agence du Don en Nature
Jérémy Fretin, directeur du développement et RSE de l'Agence du Don en Nature

>Comment la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) favorise les dons de la part des entreprises ?

Aujourd'hui, environ 4 Mrds € de produits non-alimentaires sont détruits chaque année par les entreprises. Depuis le 1er janvier 2022, la loi AGEC oblige les producteurs, importateurs et distributeurs à réemployer, réutiliser ou recycler les produits non alimentaires invendus. Le don s'inscrit dans le réemploi solidaire, qui est présenté comme l'alternative prioritaire par la loi.

>Quels sont actuellement les freins pour les entreprises à engager ce type de démarche ?

Réaliser des dons demande de mettre en place un certain nombre de process : indentification des dons, prise de contact avec les associations, organisation logistique, suivi administratifs des dons, valorisation comptable du don... Tout cela peut être dissuasif pour une entreprise. Il existe également une méconnaissance du monde associatif. Il y a encore un vrai travail d'accompagnement et de sensibilisation à réaliser sur ce point.

>Quels sont les intérêts pour les entreprises de réaliser des dons ?

D'un point de vue purement opérationnel, le don représente une solution d'optimisation logistique et permet d'éviter les stocks dormants. Cela permet de s'affranchir des coûts de stock et de destruction. Ce genre d'initiative s'inscrit également dans la stratégie RSE des entreprises et peut permettre d'embarquer les collaborateurs et de les fédérer autour de cette cause. Cela est aussi bénéfique pour la marque employeur, ce qui permet d'attirer des talents en montrant des actions concrètes. Enfin, il peut également y avoir une notion de mécénat territorial quand les dons sont réalisés auprès du tissu associatif local.

>Les dons peuvent aussi ouvrir à des avantages fiscaux. Lesquels ?

En France, la pratique du don permet à une entreprise d'obtenir une réduction d'impôt à hauteur de 60 % de ses dons. Pour le don en nature, ce montant est calculé sur le coût de revient des produits, qui prend en compte les charges directes et indirectes de production. Pour les distributeurs, on s'appuiera sur le prix d'achat des produits. Il y a également possibilité d'intégrer dans le calcul le coût de transport lié à la livraison des dons aux associations ou encore les coûts liés à certaines ressources internes (par exemple si une équipe a été chargée d'identifier et trier les dons). Par ailleurs, la loi AGEC permet de bénéficier d'une exemption de régularisation de la TVA sur les produits donnés à des associations reconnues d'utilité publique.

>Quels sont les entreprises les plus enclines à réaliser des dons ?

Historiquement, les grands groupes sont les premiers à s'être emparés de ce sujet car ce sont ceux qui ont le plus d'invendus. A l'Agence du Don en Nature, 80 % de nos dons proviennent actuellement des grandes entreprises. Mais de plus en plus de PME et ETI réalisent des dons, encouragées par la loi AGEC.

D'un point de vue sectoriel, 60 % des dons sont aujourd'hui issus des segments hygiène et cosmétique car ces marchés ont beaucoup d'invendus et il y a énormément de demandes pour ce type de produit au niveau du tissu associatif.

>Quelles sont les fonctions impliquées dans ce genre de démarche ?

D'une manière générale, un appui de la direction générale est essentiel pour donner un rôle stratégique au don. De plus en plus d'entreprises se dotent d'une direction RSE qui s'occupe, entre autres, de piloter les actions de don à l'échelle du groupe et sont le plus souvent nos interlocuteurs privilégiés. Nous interagissons aussi auprès de la supply chain et logistique, dont les interlocuteurs sont en lien direct avec une bonne partie des stocks disponibles au don. Certaines directions, notamment marketing et communication, sont des points de contact très intéressants pour donner de l'écho au partenariat auprès de l'ensemble des parties prenantes de l'entreprise (salariés, clients...). Enfin, les directeurs financiers sont aussi très impliqués sur ces sujets, aussi bien pour garantir l'encadrement contractuel du partenariat que le suivi comptable des dons.

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