Transformation : les Daf se montrent timides

La transformation est au coeur des préoccupations des Daf. C'est en tout cas une des priorités citées lors des différentes études sur la fonction. Mais la réalité semble toute autre : les CFO ne sont pas pressés de transformer leur direction, et encore moins de s'offrir les services de l'intelligence artificielle. C'est en substance la conclusion d'un étude menée par PwC et Sidetrade au deuxième trimestre 2023 auprès de financiers (60% de CFO) de 172 entreprises de toutes tailles. « Nous remarquons un attentisme dans les programmes de transformation envisagés, sans doute lié au rythme effréné des changements. Nous avions besoins d'une étude pour bien comprendre l'état d'esprit des Daf », explique Arthur Wastyn, associé chez PwC.

Objectifs financiers à court terme

L'étude révèle que si la transformation est lancée (88% des répondants l'affirment), le budget accordé n'est pas à la hauteur de l'enjeu. « Seules 54% des entreprises augmentent les investissements dédiés à la transformation », rapporte Arthur Wastyn. Les Daf doivent donc faire face aux enjeux actuels avec un budget équivalent, voire en diminution.

Ce qui a pour conséquences des ambitions peu élevées : pour 54% des entreprises, l'objectif est avant tout de permettre des gains en EBITDA ou cash. « On fait face à une transformation du cycle order to cash qui s'autofinance », constate Arthur Wastyn. Mais quid de transformations à plus long terme (et tout aussi nécessaires en cette période de turbulences) comme l'amélioration de l'expérience client, par exemple ?

L'IA, grande absente

Les auteurs de l'étude regrettent par ailleurs que les transformations digitales n'incluent que très rarement l'IA est très peu présente dans les sujets. En effet, l'étude souligne que 59% des entreprises ont déployé des ERP, des CRM ou des outils de reporting mais seules 5% utilisent l'intelligence artificielle. « Or, nous faisons le constat chez nos clients que les actions générées par l'IA sur les workflows sont 52% plus efficaces », indique Jean-Claude Charpenet, VP sales Europe chez Sidetrade.

Autre sujet de déception : si l'analyse de données est bien pratiquée par 93% des entreprises interrogées, 62% le font rarement ou sur très peu de données. Sur ce sujet aussi, l'IA pourrait aider. « Pour sortir rapidement de la crise, cela vaut le coup d'explorer les nouvelles technologies, malgré les contraintes financières actuelles », conseille Arthur Wastyn.

La tentation de l'externalisation

Autre sujet auquel s'est intéressé l'étude : la place des hommes et des femmes dans cette transformation. « La transformation n'est pas qu'un sujet technologique, c'est aussi un sujet RH : parmi les entreprises qui ont récemment embauché, quasiment 60% considèrent comme important la compétence technologique », complète Jean-Claude Charpenet. Des compétences qui ne sont pas forcément faciles à trouver. Ce qui amène 52% des entreprises à vouloir externaliser une ou plusieurs compétences pour soutenir la transformation de l'entreprise.

Une pratique contre laquelle Arthur Wastyn met en garde. « Le succès d'une transformation est sans aucun doute lié aux femmes et aux hommes qui mettent en place la transformation au sein de l'entreprise. Externaliser pour aller plus vite est compréhensible mais le risque est d'avoir la connaissance technologique à l'extérieur de l'entreprise », prévient-il. Par ailleurs, les collaborateurs internes risquent de ne pas être en mesure de suivre les disruptions technologiques et de ne pas se servir des outils.

Les auteurs de l'étude préconisent donc plutôt la montée en compétence des équipes internes, en s'appuyant notamment sur un sachant interne qui accompagne ses collègues. Les entreprises ont donc plusieurs défis à relever pour réussir à se transformer, notamment ceux d'oser les nouvelles technologies et d'accompagner le changement auprès de leurs équipes.