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Comment financer l'innovation dans un contexte de crise ?

Face à la hausse du coût de la liquidité, les entreprises disposent de capacités d'investissement plus limitées. En parallèle, elles doivent continuer d'innover pour rester compétitives et être conformes aux réglementations. Le tout est de trouver le bon équlibre! Retour sur les journées daf.

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Pour maintenir un avantage compétitif, les entreprises doivent innover. Mais elles sont en parallèle confrontées à une crise financière. Dans ce contexte, faut-il choisir entre gérer la dette ou financer l'innovation ? Trois experts de la finance ont répondu à cette question lors d'une table ronde organisée le 10 octobre dernier dans le cadre des journées DAF de DAF Magazine. "Les besoins de financement des entreprises vont augmenter en lien avec les défis de la transition écologique et numérique. Il faut trouver un équilibre entre ce besoin d'investissement et le fait d'avoir une dette soutenable, c'est-à-dire la capacité à pouvoir rembourser le nominal et les intérêts à échéance", a expliqué Stéphanie Rousseau, présidente de la commission financière de l'AFTE.

Innover pour garder une longueur d'avance

Dans certains secteurs, comme l'alimentaire, les entreprises doivent sortir régulièrement de nouveaux produits, ce qui représente un coût non négligeable. "Dans la grande distribution, environ 50 % des nouveaux produits "meurent" au bout de deux ans. Nous avons donc l'obligation de nous renouveler fréquemment pour garder une avance vis-à-vis de nos concurrents", confirme Sylvie Foreo, directrice financière des Laiteries H. Triballat Rians. Mais l'innovation ne concerne pas que les produits. "Les entreprises doivent aussi s'adapter à la réglementation en mettant, par exemple en place, un reporting extra financier", analyse Stéphanie Rousseau. L'innovation peut aussi concerner le domaine organisationnel. A titre d'exemple, Eris, société spécialisée dans la sécurité incendie a créé une école de formation diplômante car elle était confrontée à un marché pénurique. "Cela représente un coût car nous finançons une formation d'un an et un tutorat de deux ans mais cela permet aussi de recruter et fidéliser des collaborateurs", souligne Grégoire Chevignard, directeur financier d'Eris.

Une hausse du coût de la liquidité

Face à ces besoins d'innovation, les entreprises sont contraintes de trouver de la liquidité. Cette dernière est plus ou moins accessible selon les entreprises. "Il est important de faire la distinction entre les différentes catégories d'entreprises. Certaines ont une structure financière solide et d'autres ont une structure plus agressive", indique Stéphanie Rousseau. Pour elle, il convient aussi de distinguer la liquidité et le coût de la liquidité. "La liquidité est toujours accessible. Mais son coût a augmenté en raison des taux d'intérêt et de la politique monétaire. Et cette hausse est plus marquée pour les entreprises ayant une structure financière plus agressive", remarque-t-elle. Pour mieux gérer sa dette, Sylvie Forero s'est dotée d'outils pour réaliser des modélisations rapides. "La réponse très rapide au marché est essentielle. Ces outils décisionnels nous permettent d'évaluer très rapidement les scénarios et de dialoguer ensuite avec des financeurs", explique-t-elle. La hausse du coût du financement impose aussi aux entreprises d'être plus sélectives dans leurs investissements. "Il faut aujourd'hui prioriser les projets d'innovation", confirme Grégoire Chevignard. Le DAF d'Eris voit également un effet positif de l'inflation sur la gestion de la dette. "L'inflation peut permettre de gommer le coût de la dette. A deux ou trois, je vois une augmentation de nos marges et ne perçoit pas de détérioration des coûts de financement pour le moment", conclut-il.


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