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Gérer ses déchets, l'une des clés pour gagner en compétitivité

Réduire ses déchets à la source pour booster sa rentabilité. C'est le créneau sur lequel ont surfé 50 entreprises de toutes tailles et de tous secteurs dans le cadre d'une expérimentation inédite menée par l'Ademe. Résultat: 1,5 million d'euros d'économies générés! Décryptage.

Publié par Charles Cohen le | Mis à jour le
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Gérer ses déchets, l'une des clés pour gagner en compétitivité

La société Bel'm a de quoi se réjouir. En effet, ce fabricant de portes d'entrée en aluminium a pu générer 100 000 euros d'économies en un an, rien qu'en réduisant… ses déchets.

“Dans une entreprise industrielle comme la nôtre, la gestion de nos déchets est un chantier aussi stratégique que coûteux. Aussi, pour mieux maîtriser nos coûts en la matière, nous avons décidé d'employer les grands moyens : optimisation des longueurs des profils en aluminium pour limiter les chutes, nouveau système d'encollage pour réduire les rinçages au solvant et les déchets de colle, etc.”, explique Anaël Le Goff, ingénieur environnement de la société.

Des gains entre 1 000 et 250 000 euros

Si ce fabricant a pu mettre en place une telle opération, c'est parce qu'il fait partie des quelques dizaines de sociétés de toutes tailles et de tous secteurs (agro-alimentaire, métallurgie, imprimerie…) sélectionnées, en 2011, par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) pour participer à une expérimentation inédite. Baptisée “50 Entreprises témoins”*, cette initiative vise un objectif simple: “Démontrer aux professionnels qu'une bonne gestion des déchets peut être source de rentabilité pour l'entreprise”, indique Pierre Galio, chef du service planification et observation des déchets de l'Ademe.

Un pari remporté haut la main puisque la plupart des sociétés ont généré, en un an à peine, pas moins de 1,5 millions d'euros d'économies! “Sur l'ensemble des participants, 40 exactement ont été en mesure de réaliser des gains, s'étalant entre 1 000 euros et 250 000 euros”, précise Pierre Galio, en s'appuyant sur les résultats officiels dévoilés mi-novembre.

Investissement dans de nouveaux outils

Quid du déroulement de cette opération? “Nous avons d'abord veillé à sélectionner des entreprises déjà engagées dans une démarche environnementale en la matière, précise Pierre Galio. Aussi, en tant qu'accélérateur du changement, l'Ademe a surtout apporté son soutien pour structurer et prioriser les actions de chacun tout en analysant leur retour sur investissement.” Un point crucial de la démarche. La preuve avec Bel'm: “Pour réduire nos déchets de colle, nous avons dû investir dans de nouveaux outils plus performants équivalent à 90 000 euros amortissables sur dix ans”, souligne Anaël Le Goff.

Des investissements certes significatifs, mais essentiels pour s'atteler à la réduction des déchets à la source, facteur-clé de rentabilisation d'une telle démarche. Et pour cause: “Un "déchet rentable", c'est d'abord un déchet qu'on ne produit pas”, ironise Éric Darlot, chef de projet à l'Ademe. Et c’est bien là tout l'enjeu d'une telle initiative. “Sensibiliser les entreprises à privilégier la juste quantité et l’utilisation efficiente des matières premières lors de la phase de production, un moyen pour elles de limiter leurs dépenses et donc de gagner en compétitivité”, développe Éric Darlot.

Réduire ses coûts de production

Un postulat largement étayé par ladite expérimentation. En effet, 80 % des bénéfices réalisés par les participants proviennent de ces actions propres à favoriser les gains sur achats de matières premières et de composants. Ainsi, en évitant en amont l'émission de déchets superflus, les entreprises ont non seulement réduit leurs coûts de gestion externe et interne mais aussi leurs coûts de production.

Exit la gestion des déchets cantonnée aux seules actions de recyclage et de tri a posteriori, la réduction à la source s'avère, in fine, bien plus rentable et écologique”, assène Éric Darlot en rappelant que seules 20 % des économies générées dans le cadre de l’opération sont imputables aux démarches de valorisation (optimisation du tri, recyclage, valorisation organique ou énergétique), impliquant un rachat à un prix variable des déchets générés.

Freins économiques et psychologiques

Il s'agit donc de modifier en profondeur son organisation pour favoriser le “produire mieux” et “le consommer mieux”: transformation des modèles économiques, refonte des process industriels…

“Et c’est bien là tout l'intérêt de cette expérimentation qui va servir de cas d'école, notamment pour les petites entreprises, rappelle Sandrine Bourgogne, secrétaire générale de la CGPME, partenaire de l'initiative. Et ce, en mettant en avant des cas concrets assortis de bonnes pratiques facilement reproductibles.” De quoi aider moult sociétés à lever les freins économiques et psychologiques?


* Pour en savoir plus sur cette opération, consultez en ligne sur le site de l'Ademe les fiches détaillées présentant les 52 actions déployées par les 50 entreprises participantes.

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