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Ces fintechs qui révolutionnent la trésorerie

La gestion de la trésorerie est devenue un enjeu de taille pour les Daf. De la gestion du cash aux prévisions de trésorerie, en passant par la couverture des risques (taux de change...), quelles sont ces fintechs qui révolutionnent ce poste ?

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Ces fintechs qui révolutionnent la trésorerie

« Les enjeux de la fonction trésorerie sont nombreux et recouvrent aussi bien les sujets de financement, que de placement, de cash management, de prévision de trésorerie, de BFR, mais aussi tous ceux liés à la nature du business de l'entre­prise (couverture des risques de taux, de change...) et ceux relatifs au paysage clients-fournisseurs », analyse Isabelle Alvernhe, senior manager au sein de l'équipe cash & working capital chez KPMG en France. Si le sujet de la trésorerie est devenu un enjeu crucial pour les Daf, la diversité des actions qu'elle recouvre complexifie le choix des outils. « Tous les métiers se développent, abonde de son côté Lionel Jouve, président de la commission fintech à l'AFTE, à l'occasion de l'édition du Treasury Innovation Day, le 19 mars prochain. Ainsi, certaines fintechs ciblent l'aspect réglementaire qui peut être perçu comme un irritant, d'autres les risques de volatilité des marchés (comme l'énergie) ou encore la communication sur le cash management... »

Complexité des enjeux et solutions globales

Pour Isabelle Alvernhe de KPMG : « La difficulté, pour les Daf, est de comprendre les besoins d'aujourd'hui, d'anticiper ceux de demain, tout en ayant une forte capacité à gérer la complexité. » Ainsi, pour gérer le large spectre de ces enjeux, les trésoriers sont en recherche d'une solution globale capable de couvrir la ­quasi-totalité du périmètre (cash management, financements, cash-flow forecasts, risques, paiements...). En effet, le risque de recourir à de multiples solutions pour adresser sa trésorerie réside dans la difficulté à interfacer l'ensemble des outils et également à maintenir dans le temps une architecture technique complexe. C'est pourquoi, aujourd'hui, des solutions globales existent, à l'image de celles proposées par Diapason, Kyriba ou Agicap.

Sur ce segment, « Kyriba et Diapason élargissent leur portefeuille clients à destination des PME-ETI avec des solutions éprouvées sur le marché des grands comptes, tandis qu'à l'inverse, un plus petit acteur comme Agicap, autrefois davantage tourné vers les TPE-PME, tente d'élargir son offre à destination des plus grands de type PME-ETI », souligne Isabelle Alvernhe. De même, les banques offrent aux PME-ETI des solutions de couverture des risques financiers, solutions autrefois réservées aux grands comptes. « Une démarche intéressante pour des PME-ETI qui, auparavant, devaient consulter leurs conseillers financiers sur ces sujets entraînant souvent des commissions élevées », explique Isabelle Alvernhe. La mise en place de ce type de solution de gestion de trésorerie offre un ROI facile à démontrer, tant grâce à la meilleure circulation et utilisation du cash, que par le temps opérationnel qu'il permet d'économiser.

Maîtrise des taux de change et lutte contre les risques de fraude

En parallèle de ces solutions globales, les trésoriers peuvent se tourner vers des solutions plus spécifiques souvent proposées en plug & play. Ainsi, Kantox est une fintech qui propose des logiciels d'automatisation de gestion des devises pour les entreprises. Sa solution automatise les étapes de prénégociation, négociation et postnégociation sur le marché des changes. « Kantox démocratise l'accès au marché des changes », résume Isabelle Alvernhe. D'autres acteurs innovants adressent le risque de fraude. C'est le cas des solutions proposées par Sis ID ou Trustpair qui permettent de lutter contre la fraude aux paiements grâce, notamment, à la mutualisation des coordonnées des RIB fournisseurs.

Et « si le ROI semble plus indirect », les risques et pertes financières pouvant découler d'une fraude étant lourds de conséquences, ils ne sont donc pas à négliger. Ainsi, DeftHedge offre une gestion intégrée des risques de change et des risques matières premières, combinant une analyse à la fois rétrospective et prospective pour optimiser la trésorerie des entreprises. « Cette solution propose une base de données centralisée, remplaçant les multiples fichiers Excel souvent utilisés par les professionnels de la finance pour la prévision et le budget. De plus, le logiciel sécurise les gains et minimise les pertes liées aux variations de change, palliant ainsi les éventuelles méconnaissances des Daf quant aux coûts engendrés par les fluctuations des devises et les écarts entre les taux », développe Olivier Lechevalier, CEO de DeftHedge.

Le neolending : financement nouvelle génération

Sur le sujet du financement, des fintechs comme Silvr proposent une nouvelle approche de financement baptisée neolending, une sorte de troisième génération de financement basée sur les données. La solution Silvr propose ainsi de récupérer la donnée en temps réel sur les flux de trésorerie, les paiements et les commandes afin de prédire le comportement futur des entreprises. De son côté, la fintech Aria propose un financement des factures fournisseurs. « On peut citer également Libeo et Spendesk qui proposent une gestion rapide et facile des factures jusqu'au paiement grâce à des API », explique François Assada, associé KPMG en France, responsable du marché fintech.

Enfin, la question de l'arrivée de l'IA doit être posée dans ce paysage mouvant des fintechs, car elle en est un levier d'accé­lération. « Chez KPMG, nous sommes en train de réfléchir à l'intégration de l'IA dans les processus de forecasting, détaille Isabelle Alvernhe. Cela permettrait d'utiliser une data basée sur l'IA qui prendrait en compte des modèles de données business, comportementales, climatiques... » Enfin, malgré l'offre exhaustive d'outils de gestion de trésorerie, il convient de ne pas oublier que tout cela dépend de l'adoption de ces derniers par les collaborateurs doublée d'une solide conduite du changement.


Focus : Banques et fintechs, les meilleurs ennemis ?

« Il ne faut pas opposer les banques et les fintechs, car les fintechs ne peuvent pas intégrer tout le business des banques. Il faut au contraire voir une synergie entre ces deux mondes », selon Lionel Jouve, président de la commission fintech à l'AFTE. Si d'un côté, les fintechs bénéficient de la force de frappe des grands établissements bancaires, de leur côté, les banques profitent des innovations apportées par ces dernières. Ainsi, les établissements bancaires rachètent et/ou s'associent avec des fintechs pour proposer des solutions à destination des trésoriers d'entreprise (BNP Paribas avec Sis ID, Sekoia, Yogosha, BPCE avec Iceberg et DataLab ou encore, La Poste avec Carbonable). Ainsi, la Société Générale s'est associée avec la solution Kyriba en 2021 pour la création d'une solution de gestion de trésorerie, d'automatisation des paiements et de gestion de la fraude. De son côté, BNP Paribas s'est associée avec Sis ID, en 2020, avec une nouvelle solution pour sécuriser les paiements des tiers de l'entreprise, notamment les paiements fournisseurs, via un contrôle des comptes bénéficiaires en France et à l'étranger.

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