Mutuelles et assurances santé : cap vers le changement
Les mutuelles santé prennent très au sérieux le virage numérique et amplifient la mise en place des services e-santé au sein de leurs contrats. L'objectif étant d'apporter de nouveaux services, toujours plus innovants, à leurs bénéficiaires.
La crise sanitaire a d'ores et déjà engendré une accélération des projets de digitalisation dans de nombreux secteurs d'activité. Le monde de la santé et des mutuelles n'y échappe pas. « La crise a amené un certain nombre de transformations. La téléconsultation, que nous avions mise en place en 2017 en entrant au capital de la start-up Mesdocteurs.com, a explosé en 2020, avec une demande qui a été multipliée par 30. Cette période nous a permis d'apporter plus de services digitaux pour faciliter la vie des entreprises et les accompagner dans leur rôle de prévention », confie François Couton, directeur général délégué d'Harmonie Mutuelle.
Même son de cloche du côté d'Axa France, qui a misé sur son nouveau service digital, Angel. Le principe ? Le service étant accessible par tchat ou par téléphone, les bénéficiaires peuvent poser leur question dans un champ libre, concernant leur santé ou celle de leurs proches. « Une équipe pluridisciplinaire se charge de répondre de manière individualisée aux questions. Nous avons enrichi la téléconsultation médicale d'un accès à un psychologue. Ce nouveau service a rencontré un grand succès, avec environ 5 000 sollicitations par mois depuis son lancement en début d'année », explique Corinne Guillemin, directrice Innovations et services santé et prévoyance d'Axa France.
Téléconsultation
La pandémie a donc presque standardisé le marché de la téléconsultation médicale - l'Assurance maladie a remboursé 19 millions d'actes en 2020 -, poussant ainsi les différents acteurs à progresser pour se distinguer sur ce segment.
Ainsi, la mutuelle Axa, qui a pris le virage de l'e-santé il y a cinq ans, étudie un partenariat avec une start-up, pour traiter la problématique des troubles musculosquelettiques (TMS). « Avec l'essor du télétravail, nous avons complété nos services santé par des conseils à nos bénéficiaires pour les aider à trouver des solutions de compensation à de mauvaises postures prises dans la journée. L'application est une sorte de kiné de poche. Après avoir rempli un court questionnaire de santé, les personnes réalisent un rapide programme de séances sportives. La vérification automatique de la posture est possible grâce à la caméra du téléphone. Derrière, il y a une technologie des sciences des neurones avec un algorithme très complexe », ajoute Corinne Guillemin.
Au sein du Groupe VYV, l'assureur Harmonie Mutuelle, qui accompagne près de 65 000 entreprises, cherche lui aussi à renforcer ses liens et s'adosser à un écosystème de technologies et de start-up pour renforcer son accompagnement, grâce notamment aux objets connectés. Le groupe mutualiste tricolore a développé en 2020 un programme de prévention digitale pour aider les entreprises à valoriser le potentiel humain et à détecter des situations complexes. « Grâce à un questionnaire destiné à tous les salariés, cette solution qui s'appuie sur une approche scientifique et l'intelligence artificielle, permet de diagnostiquer et d'identifier au niveau individuel et au niveau collectif les risques d'épuisement professionnel. Cela aide ainsi à la mise en place d'actions de prévention plutôt que de gérer des absences pour maladie », avance François Couton.
Objets connectés
Le Groupe VYV et Harmonie Mutuelle ont par ailleurs créé en 2018 le fonds Harmonie Mutuelle VYV Innovation. Ce dernier contribue au financement de l'innovation e-santé, en partenariat avec des acteurs majeurs de l'investissement dans la santé en Europe comme les fonds Turenne, Extense, Karista, LBO Digital Health ou Kurma. « La crise sanitaire actuelle accélère la transformation numérique du monde et de la santé en particulier. Nous mettons donc un point d'honneur à encourager l'innovation et tout particulièrement dans le domaine de l'e-santé, en augmentant nos investissements dans des fonds spécialisés, de 25 à 55 millions d'euros. Cela nous permettra clairement de proposer plus de services digitaux aux entreprises. Nous menons des expérimentations avec plusieurs adhérents et des établissements et professionnels de santé de VYV3, avant de généraliser ces services et ces innovations aux entreprises », explique François Couton. Ces projets consistent par exemple à expérimenter des textiles ou des semelles connectées pour proposer des solutions d'évaluation, de rééducation et d'assistance en temps réel des patients, avec des systèmes de parcours de soins pour aider les adhérents à trouver les bons spécialistes à côté de chez eux ou partager les données entre plusieurs acteurs de santé qui s'occupent du même patient.
Harmonie Mutuelle est par ailleurs partenaire avec Bpifrance sur le Fonds patient autonome, créé fin 2017 et destiné aux start-up health tech. Il porte sur l'identification des projets les plus prometteurs, leur développement et leur co-financement, avec comme objectif d'accroître l'autonomie des patients, d'améliorer la qualité de la prise en charge et le parcours de soin.
Données
Avec la numérisation de la santé et des parcours de santé, la prochaine vague de disruption du secteur viendra de la fiabilisation et de la sécurisation des données. Les assureurs et les mutuelles devront examiner l'utilisation et la protection des données de leurs clients et partenaires. « Un grand défi et effort de long terme, qui n'est pas nouveau lorsqu'on est une entreprise numérique, repose sur la protection des données dans un contexte de risques cyber de plus en plus importants, et sur la qualité des données dont nous disposons. Nous devons ainsi nous évaluer et nous assurer de leur exactitude pour prendre les bonnes décisions et être les plus pertinents possibles avec les entreprises et leurs salariés », assure le directeur général délégué d'Harmonie Mutuelle.
Impact
Pour Axa, son défi est de prendre en compte la question de l'impact de l'évolution du climat sur la santé des Français. « Dans les prochaines années, il faudra être capable d'évaluer les effets du changement climatique sur la santé des Français. Il peut être une source de nouveaux dangers du fait d'une modification des milieux (eau, air, sol). Ceux-ci pourront être une source de dégradation potentielle plus ou moins forte de la qualité de l'air (ozone, particules en suspension, pollens), ce qui expliquerait que de plus en plus de personnes sont allergiques et sur des plages beaucoup plus larges. Des solutions d'e-santé doivent être trouvées pour aider les personnes à anticiper certaines pathologies et à y faire face », conclut Corinne Guillemin. La technologie aidera donc le secteur à se développer encore plus.
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