Location de bureaux : révéler les coûts cachés, la clé d'une saine gestion
Vous avez sans doute déjà entendu dire que « le coût des bureaux constitue le deuxième poste de dépense, juste après celui des salaires ». C'est pourquoi il est essentiel d'identifier l'ensemble des coûts qui vont intervenir avant, pendant et après la prise à bail, détaille Stéphanie Manac'h Tromeur, Head of Tenant Representation, Avison Young France dans cette tribune exclusive.

AVANT : les bureaux présélectionnés conviennent-ils réellement au budget et au capacitaire souhaités ?
Identifier l'ensemble des coûts pour les anticiper avant de signer un bail commercial est une étape cruciale. Cela évitera les déconvenues financières et optimisera l'utilisation des m². À ce titre, la due diligence technique et l'étude de faisabilité sont des prérequis essentiels :
- La due diligence technique vise à évaluer notamment l'état des gros équipements de l'immeuble (dont la vétusté peut entraîner des remplacements coûteux inclus dans les charges). Elle permet aussi de vérifier la conformité aux réglementations, comme le décret tertiaire pour les surfaces de plus de 1 500 m², qui impose une annexe environnementale et des investissements en vue de réduire les consommations énergétiques.
- L'étude de faisabilité, quant à elle, permet de valider si les bureaux présélectionnés répondent au cahier des charges préalablement élaboré et d'estimer les coûts d'aménagement et d'adaptation pouvant être substantiels (capacitaire des locaux vs effectif cible, renforts d'air neuf/de climatisation dans certains espaces, possibilité de cloisonner à n'importe quel endroitLors de la négociation du bail, il ne s'agit donc pas seulement de discuter du loyer : la répartition des charges, encadrée par la loi Pinel, doit être examinée minutieusement, tout comme les éventuels travaux liés au remplacement des équipements (à titre d'exemple : le remplacement d'un groupe froid peut coûter
200 000 € à 300 000 €, un ascenseur 100 000 € à 200 000 €).
- Prendre connaissance du plan pluriannuel de travaux du propriétaire est tout aussi important pour anticiper les investissements futurs prévus par ce dernier et connaître leur répartition entre bailleur et locataire.
PENDANT : les charges pendant la durée du bail, éviter les mauvaises surprises.
Les frais inhérents à l'usage courant des locaux doivent être étudiés. La prise en charge de la maintenance des équipements, en particulier pour un locataire unique, ainsi que les charges d'exploitation comme la consommation énergétique et la quote-part des parties communes, sont à examiner.
Du côté des taxes, il convient de provisionner les taxes parking (IDF), la taxe bureau (en IDF et en Région PACA) ainsi que les taxes d'enlèvement des ordures ménagères, l'assurance immeuble et la taxe foncière.
Enfin, d'autres clauses du bail peuvent être négociées, afin d'être plus flexibles et de pouvoir s'adapter à la vie de l'entreprise. À titre d'exemple, l'ajustement des surfaces à la hausse ou à la baisse pendant la durée du bail selon les besoins.
Les coûts imprévus : impact de l'ILAT et de futures réglementations
Au-delà des charges classiques, facilement anticipables, les entreprises qui louent des bureaux doivent aussi anticiper des coûts additionnels susceptibles d'intervenir en cours de bail.
Parmi eux, l'Indice des Loyers des Activités Tertiaires (ILAT), qui réévalue mécaniquement les loyers annuellement, complexifie les projections financières des entreprises en raison de sa volatilité. Pour preuve, son augmentation a atteint des pics de 6,51 % en 2023 et 5,09 % en 2024.
Par ailleurs, de futures réglementations, comme par exemple des taxes qui seraient instaurées par l'État, pourraient alourdir la facture sans préavis.
De plus, l'interdiction progressive de certains matériaux (isolants, revêtements) pourrait imposer des mises aux normes coûteuses tandis que l'inflation continue de tirer vers le haut les charges d'exploitation. Autant d'éléments qui soulignent l'importance d'une négociation minutieuse avec le bailleur et d'une veille réglementaire pour sécuriser son budget locatif.
APRES : la fin d'occupation : des coûts à provisionner
Les conditions de restitution peuvent s'avérer particulièrement onéreuses, notamment en cas de location de bureaux neufs qui devraient être restitués dans le même état, avec un coût de remise en état moyen constaté de 150 à 200 €/m².
À cela s'ajoutent les coûts liés à la mise au rebut du mobilier si celui-ci n'est pas conservé par le locataire, ainsi que des pénalités pouvant atteindre 2 fois le loyer par jour de retard en cas de maintien sur site au-delà de la date de fin de bail (en cas de congé délivré). Ces coûts peuvent être limités en prénégociant les conditions de remise en état dans le bail.
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