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6 - [Fiche métier] Le consolideur, une fonction-clé

Avec l'internationalisation des entreprises, le consolideur devient une fonction-clé. Un poste qui demande amour des chiffres et des normes, rigueur mais également capacité à transmettre ses connaissances avec pédagogie, aussi bien à l'oral qu'à l'écrit.

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Il est temps de changer d'avis sur le métier de consolideur. Cette fonction très technique s'ouvre aujourd'hui davantage sur l'entreprise, sa stratégie mais également ses activités. "Le passage aux normes IFRS a eu pour effet d'ouvrir ce métier à l'ensemble des fonctions du groupe et notamment opérationnelles", analyse Erwan Lirin, associé au sein du cabinet d'audit et de conseil financier BM&A.

Cette évolution, en plus de rendre ce métier plus motivant, fait de la consolidation un tremplin vers d'autres fonctions comme le contrôle de gestion ou financier. Voire plus, si affinités: Jacques Stern, l'actuel p-dg d'Edenred, société de services prépayés aux entreprises, est l'ancien directeur de la consolidation du groupe Accor. "Les départements de consolidation sont des viviers de talents. Ils regorgent, en effet, de profils polyvalents, à l'aise tant sur des aspects techniques, que sur l'analyse économique des données. Ils offrent de belles perspectives", estime Vincent Tignon, président de l'Association française des consolideurs (AFC).

Sa mission

Le travail du consolideur est de publier les comptes consolidés. En clair, il doit présenter la situation financière de l'ensemble des sociétés qui constituent son groupe comme si elles n'étaient qu'une seule et unique entité. Cette tâche répond à certaines obligations légales mais permet aussi d'avoir une vision globale du groupe pour mieux le piloter.

Si la mission du consolideur est en grande partie technique (homogénéiser les différents principes comptables, s'assurer des différentes étapes du processus de consolidation...), la communication n'en est pas exempte. Le consolideur doit restituer l'information auprès des fonctions opérationnelles, mais aussi former les filiales aux aspects comptables et normatifs. Il est également en contact avec les dirigeants auprès desquels il fait une restitution des comptes consolidés en livrant une première analyse.

Enfin, il participe à la stratégie de l'entreprise: il est, par exemple, toujours consulté en cas d'acquisition pour simuler l'impact de l'achat d'une société au niveau comptable mais aussi au niveau du regard porté par le marché et donc du cours de la Bourse.

Sa formation

Les consolideurs sont généralement diplômés d'une école de commerce généraliste, formation complétée par une spécialisation en comptabilité et gestion comme le DCG ou le DSCG. "Cette dimension technique rassure l'employeur tandis que le profil école de commerce apporte une dimension internationale également recherchée", indique Bruno Fadda (Robert Half).

Ce profil international est, en effet, essentiel. Aussi bien au niveau de sa maîtrise de l'anglais - "très souvent incontournable" selon Bruno Fadda de Robert Half - que de sa compréhension des cultures étrangères. "Le consolideur travaille avec les contrôleurs financiers des filiales. Il doit les former, les relancer pour obtenir des informations et récupérer les liasses de consolidation... Dans ce cadre, il est primordial d'avoir une excellente capacité d'adaptation", souligne Bruno Fadda (Robert Half).

Si la formation est classique, l'expérience "terrain" est obligatoire: "Il faut avoir au moins une première expérience dans la production de comptes consolidés: ce n'est pas quelque chose qui s'apprend à l'école mais sur le terrain", pointe Erwan Lirin (BM&A). L'idéal, pour les recruteurs, est une personne qui a déjà fait de la consolidation au sein d'une entreprise.

Les consultants en gestion/finance qui interviennent sur la production de comptes consolidés ou la mise en place d'outils de consolidation sont des profils opérationnels qui peuvent également faire de bons consolideurs. "C'est un métier assez pointu qui nécessite de la maîtrise", avertit Bruno Fadda (Robert Half). Les candidats issus de grands cabinets d'audit offrent également un parcours intéressant lorsqu'ils interviennent sur l'audit de comptes consolidés. "Cette première expérience leur confère les premières notions techniques qu'il faudra renforcer ensuite par la pratique", nuance Bruno Fadda (Robert Half).

À noter que l'Association française des consolideurs a créé un master diplômant en association avec Dauphine et Francis Lefebvre qui permettra à des personnes ayant une première expérience de se former pour devenir consolideur. Il ouvrira ses portes en mai 2015.


Ses qualités

Les compétences techniques sont indissociables du métier de consolideur. D'où l'importance de la formation et de l'expérience. D'autant plus que le consolideur doit maîtriser les normes internationales (IFRS ou US) ainsi que les outils informatiques associés à la pratique de la consolidation. Cette connaissance technique doit être associée à de la rigueur et de l'implication: le consolideur ne compte pas ses heures de travail, notamment en phase de clôture.

À cela s'ajoute une autre qualité essentielle: la dimension relationnelle. "Les premières années, il est important de se concentrer sur l'aspect technique de cette fonction puis d'élargir à l'analyse des normes et l'optimisation des systèmes. Au-delà de ces trois compétences, il est impératif de développer des qualités de communicant", insiste Erwan Lirin (BM&A). Le consolideur doit en effet être capable de partager son expertise avec un vocabulaire compréhensible par tout le monde afin de favoriser les échanges et de confronter les chiffres à la réalité opérationnelle.

"Ce sont des hommes et des femmes de chiffres et de lettres: ils sont compétents sur la technique et démontrent une aisance rédactionnelle", décrit Vincent Tignon (AFC) qui rappelle que les consolideurs participent à la rédaction du document de référence, mais aussi aux "anti-sèches de road shows" qui permettent de préparer au mieux les réponses d'un directeur financier ou d'un directeur général aux questions posées par des analystes financiers.


Sa rémunération

La consolidation est un métier attractif au niveau financier, un débutant touchant généralement 40 000 euros bruts annuels et le salaire d'un directeur dépassant généralement les 100 000 euros. Une manière de récompenser les longues heures de travail, la forte implication... "Un consolideur senior est généralement très bien payé étant donné le niveau de technicité de sa fonction. C'est également un moyen de le fidéliser: peu de personnes poursuivent sur cette voie plusieurs années", révèle Bruno Fadda (Robert Half). En effet, entre le rythme soutenu et la crainte de l'hyperspécialisation, les consolideurs préfèrent souvent se tourner au bout de cinq ou sept ans vers d'autres fonctions financières.

Le consolideur en bref

Sa mission

- Publier des comptes consolidés.

- Informer les fonctions opérationnelles.

- Restituer les comptes consolidés auprès des dirigeants.

- Participer à la stratégie de l'entreprise.

Sa formation

- École de commerce + une spécialisation en comptabilité et gestion (DCG ou DSCG).

- Profil international, maîtrise de l'anglais indispensable.

- Expérience terrain dans la production de comptes consolidés.

- Un master diplômant ouvre ses porte en mai 2015, créé par l'Association française des consolideurs, Dauphine et Francis Lefebvre.

Ses qualités

- Compétences techniques.

- Maîtrise des normes internationales.

- Maîtrise des outils informatiques liés à la consolidation.

- Rigueur et implication.

- Bon communicant.

Sa rémunération

De 40 k€ annuels pour un débutant à plus de 100 k€ annuels pour un directeur de la consolidation. Rares sont les consolideurs qui occupent cette fonction, qui implique un rythme soutenu, plus de sept ans.


Pour aller plus loin...

Retrouvez les principaux métiers de la Daf dans le dossier "Les fonctions de la Daf à la loupe"


Ève Mennesson

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