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L'introduction en bourse entraîne une vraie mutation pour la direction administrative et financière

Obligation de publication d'un reporting conséquent, communication financière auprès de la presse et des analystes, organisation de road shows... A l'issue d'une IPO, l'entreprise se trouve sous le feu des projecteurs. Une situation qui va transformer la structure de la direction financière et le métier du Daf.

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La mutation du Daf...
La mutation du Daf...

Si le choix d'une introduction en Bourse peut constituer un formidable outil de croissance et de financement, une telle opération s'accompagne de changements structurels importants au sein de l'entreprise. Et particulièrement pour la direction administrative et financière dont le responsable doit notamment accepter son nouveau rôle : celui de communiquant.

Information réglementée : de nouveaux défis en perspective

L'entreprise devra tout d'abord répondre à des impératifs stricts en matière de reporting. Même sur Alternext, où l'obligation en matière d'information réglementaire est allégée par rapport aux sociétés cotées sur l'Eurolist, les sociétés sont tenues de publier un rapport annuel audité ainsi qu'un rapport de gestion dans les quatre mois suivant la clôture de l'exercice. Un rapport semestriel, couvrant les six premiers mois de l'exercice, devra être fourni dans les quatre mois après la fin du deuxième trimestre. Enfin, l'entreprise s'engage à publier les rapports relatifs aux conditions de préparation et d'organisation des travaux du conseil d'administration.

Certaines sociétés, bien organisées, disposent des structures requises pour répondre à ces exigences avant de procéder à l'IPO, tandis que d'autres seront obligés de mettre en place des systèmes de contrôle plus sophistiqués, qui nécessiteront un effort managérial conséquent, voire une véritable refonte structurelle.

" Tout dépend de l'organisation de la société sur le plan financier avant le projet d'introduction en Bourse ", confirme Christophe Lamboeuf, Daf de la société Intrasense, spécialisée dans la conception et le développement de logiciels de visualisation et d'analyse d'images médicales. Car cette mutation repose tout particulièrement sur la direction financière. " Il faut des processus de clôture bien rodés, qui permettent de produire des comptes fiables dans des délais serrés, comme dans une grande entreprise. "

Etoffer la direction financière, un passage obligé ?

En termes d'organisation, cette opération ne va pas forcément nécessiter de créer de nouveaux postes ", poursuit Christophe Lamboeuf. " Il faut renforcer les effectifs au besoin, mais ils sont parfois disponibles au sein de la société ", confirme Denis Bley, le Daf de Linedata, éditeur de solutions dédiées aux professionnels de l'asset management, de l'assurance et du crédit. " On devra en revanche leur demander davantage de travail. "

La société Tessi, par exemple, a procédé à une véritable restructuration à l'occasion de son IPO, qui est intervenue en 2001. " Nous avons mis en place une organisation permettant de raccourcir les délais de publication et d'accélérer les fréquences de reporting, dans le cadre de contraintes réglementaires plus fortes ", explique Olivier Jolland, Daf de l'entreprise de traitement de flux, qui développe un chiffre d'affaires de 235 millions d'euros. " Nous avons établi des processus qui permettent une totale traçabilité et une auditabilité, ajoute-t-il. Tout ceci s'est accompagné d'une organisation de type support partagé qui nous a permis de professionnaliser et de spécialiser les équipes avec une élévation du niveau moyen d'expertise à chaque poste. "

Daf de société cotée, un métier à part

Mais la charge de travail supplémentaire ne se limite pas aux obligations en matière d'information réglementée. Le Daf d'une PME ou d'une ETI cotée en bourse verra son métier changer en profondeur, notamment sur le plan de la communication, puisqu'il devra tenir le marché informé de l'évolution de l'activité de l'entreprise et de sa situation financière. Cet aspect passe par la rédaction de communiqués, mais surtout par des réunions et des road shows. Si certaines sociétés font le choix de recruter une personne à plein temps pour gérer les investor relations, c'est en règle générale le Daf qui s'en charge en PME.

C'est le cas chez Linedata, qui compte une trentaine d'investisseurs institutionnels dont les fonds détiennent des actions de la société, et qui sollicitent des présentations en one-to-one. Denis Bley, le Daf de la société, évalue à une demi-journée par mois le temps consacré à la communication financière auprès des analystes et des investisseurs potentiels ou existants. Mais le directeur financier peut y passer beaucoup plus de temps quand la société souhaite préparer un nouvel appel au marché.

" Lorsque l'entreprise est cotée, le directeur financier est soumis à la sagacité des analystes financiers, qui vont le challenger plusieurs fois par an, ajoute Denis Bley, le Daf de Linedata. Ils voudront savoir pourquoi telle annonce, effectuée au dernier semestre, ne s'est toujours pas concrétisée, par exemple. Il faut apprendre à échanger avec eux. " De quoi justifier, au besoin, un coaching ou une formation spécifique pour acquérir les compétences nécessaires, quitte à faire appel pendant quelques mois à un consultant extérieur. Et il est des profils plus aptes que d'autres à assumer ces nouvelles fonctions.
" On trouve parfois des directeurs financiers qui sont de purs techniciens, pas forcément ouverts sur l'extérieur... Or, il faut que le Daf d'une entreprise cotée soit un excellent communiquant. Dans ce type de situation, le Daf doit aussi être orienté haut de bilan. C'est une culture assez particulière, qu'on ne trouve pas toujours dans le cadre d'une PME", souligne Christophe Lamboeuf (Intrasense).
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