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DAF, acteur clé de l'entreprise cotée ?

De l'IPO jusqu'à la relation investisseurs au long cours, le dirigeant financier d'une société cotée joue un rôle central. Quels sont les spécificités du métier de DAF dans ces entreprises ? Témoignages recueillis à l'occasion de l'Université d'été de la DFCG à Lyon.

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DAF, acteur clé de l'entreprise cotée ?
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Eric Forest, directeur commercial exécutif d'Euronext et P-dg d'EnterNext, est catégorique : " lorsqu'une entreprise entre en Bourse, le dirigeant ne doit jamais se présenter seul face aux investisseurs. Il doit toujours être accompagné, dans ses roadshows, par le directeur/directrice financier. Son rôle de mise en confiance des investisseurs est capital ". Anne Gabrot, CFO de la start-up Kalray (processeurs intelligents ; CA 2018 : 775.000 euros ; 85 salariés) confirme. Son entreprise est entrée en Bourse en juin 2018 et a levé 47,7 millions d'euros. Elle a accompagné son dirigeant sur toutes les présentations aux investisseurs. " Nous en avons fait plus d'une cinquantaine en quelques semaines. C'était extrêmement dense. Je n'ai pas énormément parlé puisqu'il s'agissait de mettre en avant le caractère disruptif de nos innovations mais ma présence a mis en confiance. Les investisseurs ont pu poser des questions financières précises, mon rôle les a rassurés. " Après l'opération, elle a dû recruter pour renforcer son équipe et faire face à la charge de travail supplémentaire induite par la réglementation des marchés boursiers.

En première ligne

" Une fois l'IPO réalisée, certains DAF pensent parfois qu'ils vont retourner à leur métier de DAF, comme avant. Sans changement. C'est faux ! ", prévient Eric Forest. " Dans une entreprise cotée, le DAF est en première ligne, en particulier sur quelques moments clés de l'année. Il doit être en capacité d'avoir une entreprise en permanence en conformité avec les exigences réglementaires et doit répondre aux investisseurs dès que cela est nécessaire. " Rémi Weidenmann, directeur général exécutif et directeur financier de PSB Industries (fabricant d'emballages notamment pour le cosmétique et le médical ; CA 2018 : 275,2 millions d'euros), confirme le rôle stratégique du DAF dans cette configuration. " L'exigence est telle qu'il faut être irréprochable ! La Bourse nous amène à l'excellence, elle nous oblige à piloter l'entreprise autrement. " Résultat : selon lui, dans une entreprise cotée, le DAF devient forcément le copilote.

Un copilote qui doit jongler sans cesse entre la gestion du business au quotidien et les multiples prévisions exigées par le marché et les investisseurs. "L'équilibre est parfois difficile à maintenir car logiquement, nous devons être sur du business first. Néanmoins, il est capital de maintenir une relation de confiance avec les investisseurs et de produire tous les prévisionnels exigés", souligne Rémi Weidenmann.

La relation investisseurs : un job primordial

Cette relation de confiance évoquée par le directeur financier de PSB Industries est d'ailleurs tellement importante que Marc Henry, le CFO de Michelin, estime y consacrer au moins 20% de son temps : rencontres, conférences etc. " C'est un temps considérable dans une semaine qui n'est pas extensible à souhait, mais ces rencontres sont extrêmement intéressantes lorsque la relation de confiance est nouée. Vous rencontrez des analystes, des commentateurs ayant une vision extérieure de votre entreprise mais aussi de votre marché. " Rémi Weidenmann sourit : " Il est vrai que ces relations avec les investisseurs et les analystes sont très enrichissantes. J'aime beaucoup ces moments. Mais il faut savoir en accepter les règles : ils posent parfois des questions désagréables... Si vous ne répondez pas honnêtement, la confiance peut être brisée très facilement. "



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