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Les nouveaux habits de la fonction achats

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Des compétences élargies

Cette évolution de la fonction, identifiée par KPMG International, nécessitera des adaptations et des investissements afin d'identifier de nouvelles compétences. Dans son étude, Deloitte ne dit pas autre chose: 57% des directeurs des achats estiment que leur périmètre doit être élargi et renforcé, notamment au niveau des "soft skills" - autrement dit les qualités humaines et relationnelles - que sont le leadership, l'aptitude à influencer, la communication ou encore la capacité de construire un réseau de relations.

Ils ­souhaitent ­également muscler leurs compétences, au niveau du sourcing de l'innovation. "L'acheteur doit travailler dans un esprit de start-up et d'entrepreneur, explique Magali Testard, associée conseil responsable achats et supply chain chez Deloitte. Il doit être capable de fédérer, afin de devenir un partenaire privilégié des autres directions."

À cet égard, l'un des axes mentionnés dans le rapport de KPMG est la prise en charge par l'acheteur de l'analyse financière. Considéré comme celui qui conduit et applique la politique de réduction des coûts, il va devoir dépasser ce rôle et collaborer plus directement avec le Daf. Grâce à des données fiables, il peut en effet analyser des approches alternatives et jouer sur des effets de leviers, tels que les événements survenus sur le marché des capitaux ou le coût total de possession. Disposant de plusieurs cordes à son arc, l'acheteur voit donc son domaine d'intervention s'élargir. Exit le cost killer, place au business partner. Grâce à sa vision transversale de l'entreprise et de ses ­problématiques opérationnelles, il peut faire bénéficier d'autres départements de sa connaissance du marché.

Exit le cost killer, place au business partner.

Selon Deloitte, "la contribution des directeurs des achats à la stratégie progresse d'année en année, ils interviennent dorénavant à de multiples niveaux de la chaîne de valeur". D'ailleurs, leur collaboration avec d'autres services tend à s'intensifier, puisque 97% des sondés déclarent travailler activement avec le directeur financier, 92 % avec le directeur général et 73 % avec les directeurs de l'information et d'exploitation.

En outre, l'open innovation offre à l'acheteur un nouveau "terrain de jeu". Il pilote ses activités via un réseau mondialisé d'experts capables de "sourcer" les chaînes d'approvisionnement (tendances du marché, écosystème réglementaire, solvabilité des fournisseurs, prévisions de prix de base, etc.) et de puiser dans les opportunités proposées par le crowdsourcing. Pas moins de 65% des directeurs des achats interrogés par Deloitte déclarent investir dans des solutions de plus en plus collaboratives, en interne et en externe, avec les fournisseurs. Mais s'ils sont près des deux tiers à utiliser des portails dédiés aux fournisseurs, ­seulement 17% travaillent avec des partenaires pour les mettre en oeuvre. Quant aux réseaux sociaux, ­seulement 6% des directions des achats disent s'y intéresser.

Pour Deloitte, une nouvelle approche de l'acquisition des technologies est nécessaire afin d'augmenter la valeur des prestations d'achat, tandis que le rapport proposé par KPMG prévoit, quant à lui, l'amélioration des données prédictives et la montée en puissance de la business intelligence au sein des achats.

Secteur public: une fonction qui se professionnalise

Selon une enquête menée par l'Ugap, en partenariat avec Décision Achats, au 3e trimestre 2015, la professionnalisation des achats dans le secteur public est une réalité partagée par 65% des personnes interrogées. En outre, 34 % affirment travailler au sein de directions des achats identifiées comme telles. Par contre, si le service achats a bien été créé, il semble qu'il ait encore du mal à s'inscrire dans une stratégie bien définie.

Enfin, les entreprises du secteur public auraient tendance à externaliser une partie de leurs achats. Sébastien Taupiac, directeur délégué à l'innovation à l'Ugap, constate à ce propos qu'en France, "la tendance est à la mutualisation, via des structures dédiées qui sont plus nombreuses sur le marché, notamment avec la création de centrales régionales d'achats".

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Véronique Méot

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