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Pourquoi solliciter une notation crédit lorsqu'on est une PME ou une ETI

Si toutes les grandes entreprises sont évaluées par les agences de notation, les PME et ETI s'y mettent aussi progressivement. Pourquoi, comment, à quel prix ? On fait le point avec Thomas Dilasser, responsable de la notation entreprises et financement au sein d'Ethifinance ratings.

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Pourquoi solliciter une notation crédit lorsqu'on est une PME ou une ETI
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Une notation crédit représente un investissement non négligeable pour une PME ou une ETI (plusieurs centaines de milliers d'euros pour les majors que sont S&P, Moody's, Fitch ou DBRS, de 25 à 50.000 euros pour les agences indépendantes comme EthiFinance, Inbonis ratings ou Scope ratings). Pourquoi se lancer dans une telle démarche ?

L'intérêt est double. En interne, pour la gouvernance de l'entreprise, la notation permet d'avoir un regard extérieur, objectif et éclairé. Cet aspect-là est peut-être encore plus vrai pour les PME et ETI que pour les grandes entreprises car elles font souvent moins appel à des experts ou des consultants. La gouvernance y est en place, en général, sur le long terme en particulier pour les entreprises familiales : ces dirigeants peuvent avoir un regard historique, un peu biaisé sur les points faibles et les points forts de leur structure.

Et puis, bien sûr, et c'est souvent le déclencheur de leurs démarches : une notation permet d'aller chercher plus facilement des financements en rassurant les investisseurs et futurs créanciers.

Les PME et ETI travaillent, la plupart du temps, avec des banques de leur territoire, avec lesquelles elles entretiennent des relations pérennes. Ces partenaires les connaissent donc déjà bien. Ont-elles vraiment besoin d'une note d'une agence indépendante ?

Effectivement, les banques disposent déjà de dispositifs de notation internes. Pour autant, nos systèmes d'évaluation sont généralement plus exhaustifs. Par ailleurs, lorsqu'une entreprise doit lever de la dette, il est nécessaire d'aller consulter d'autres établissements bancaires pour compléter les financements de la banque principale et/ou pour la challenger. L'entreprise peut aussi se positionner sur d'autres modes de financement, notamment désintermédiés. Dans ces cas-là, une notation apporte une plus-value certaine.

Il est impossible de chiffrer exactement les gains réalisés par une organisation avec une bonne note par rapport à une entreprise sans note disposant des mêmes ratios financiers mais l'intérêt est réel.

Une fois sollicitées, ces notations sont-elles forcément publiques ?

Non, lorsque l'entreprise n'est pas dans l'obligation d'être notée, c'est elle qui décide. Et elle peut le faire lorsqu'elle prend connaissance de la notation. En revanche, il faut savoir que si elle fait le choix d'une notation publique, cela signifie que nous devons la monitorer au moins une fois par an. Une notation privée peut en revanche se limiter à un one shot, avec une possibilité accordée par la réglementation de la communiquer à 150 personnes au maximum.

Hormis la question du tarif, comment choisit-on son agence de notation ? Est-ce que les méthodologies des uns et des autres peuvent être plus favorables à telle ou telle entreprise ?

La cible des investisseurs est un critère de choix important. Par exemple, si la cible est américaine, il est pertinent de se tourner vers une agence américaine. Par ailleurs, la question de la reconnaissance de l'agence est importante. En revanche, sur les méthodologies, elles sont communes à toutes les agences sur environ 80% des critères puisque l'enjeu est bien de répondre aux besoins et demandes des investisseurs. Les agences doivent rendre publiques leur méthodologie, afin que ce soit bien compris et validé par l'ensemble des parties prenantes.

Justement, quels sont les critères pris en compte ?

En ce qui concerne EthiFinance, la note tient compte à part égale du profil d'activité de l'entreprise et de son profil financier. Pour le profil d'activité, sont analysés le secteur, le positionnement dans le secteur et la gouvernance. Pour le profil financier, nous nous appuyons sur quatre ratios : dette nette/EBITDA, la capacité d'autofinancement, EBITDA/intérêts financiers et Equity/dette brute. Tout est pondéré très précisément. Point important à souligner, nous ne sommes pas des auditeurs, nous ne regardons pas seulement dans le rétroviseur. Ces notations s'appuient sur deux années d'historique et trois années de projection. Nous intégrons par ailleurs des points ESG qui viennent améliorer ou dégrader la notation finale.

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