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[Tribune] L'espérance française

Avoir confiance dans des entrepreneurs et dans leurs projets... Voilà un défi que relèvent aujourd'hui de plus en plus de Français à travers le crowdfunding. Si ce système de financement ne remet pas en cause le système bancaire, il en change les règle du jeu.

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[Tribune] L'espérance française

Fin d'année sombre où les oiseaux de mauvais augure ne font qu'ajouter pessimisme et doute sur les capacités de notre société à trouver le chemin d'une espérance.

Temps sombres où les auteurs de la théorie de la "déconstruction" de la société font peser les maux de nos concitoyens sur l'évolution des pensées et des moeurs, quand ce n'est pas une partie des Français qui est montrée du doigt et amalgamée de manière anxiogène.

Et pourtant, en prenant du recul sur ces phénomènes qui ne peuvent que créer de l'indifférence, on observe une source d'optimisme dans la société actuelle. Cet optimisme est le fruit d'un mouvement de fond qui se dessine chez les entrepreneurs et auprès du grand public: celui de l'économie sociale et solidaire.

Relocalisation, désintermédiation, mutualisation, telles sont les valeurs qui conduisent aujourd'hui à espérer une relation entre les hommes faisant une place grandissante à la connaissance mutuelle, aux projets collectifs, à l'addition des volontés, à l'humanité dans l'économie.

L'espérance française apparaît notamment avec le crowdfunding ou "financement par la foule" ! Ce phénomène n'est pas nouveau, et le Téléthon est un premier exemple de financement participatif: beaucoup donnent un peu pour financer un projet.

Le mouvement est fort et s'accentue dans les réseaux professionnels, dans les blogs, dans la communication financière: les fintechers débarquent.

Les "pirates" de la finance ont entre 20 et 35 ans. Ils souvent affublés de la barbe du geek, toujours l'oeil pétillant, pleins d'idées, des têtes bien faites. Ils battent d'un revers de manche la morosité ambiante par les perspectives d'un changement de vision économique... Désormais, l'économie devient plus humaine et, ayant peut être trop vu leurs aînés maltraités par l'économie et ses dérives, ils défendent ces désormais des valeurs de mutualisation.

Les investisseurs ne sont plus seulement des institutions financières qui n'ont que pour seule vue ratios et rentabilité, ils sont des individus. Et les choses changent: vous et moi voulons connaître les projets, leurs objectifs, leur éthique, les valeurs qu'elles présentent, et nous voulons connaitre les hommes qui en sont à l'origine.

Ce modèle remet-il en cause le système bancaire ? Non, pas pour le moment mais cette façon de financer nos entreprises nationales est une voie qui pourrait s'ouvrir sur d'autres pré-carrés du secteur bancaire, si les différentes entités de régulation laissent avancer les projets novateurs.

La banque de quartier peut de moins en moins prendre de décisions basées sur la personnalité du dirigeant. Seuls comptent les ratios et le respect de normes prudentielles qui effraient les dirigeants de TPE.

Ces dirigeants qui ont des structures trop petites, trop jeunes trouvent la voie du crowdfunding, et cela fonctionne ! Alors que ce système de financement est naissant, déjà 7% des Français ont déjà participé à un projet de crowdfunding, pour plus de 100 millions d'euros en France, et 23% comptent y participer dans les 12 prochains mois (source: enquête observatoire du Crowdfunding ).

Consommer moins et mieux, prêter, donner, échanger, avoir confiance dans des entrepreneurs et dans leurs projets... Voilà un défi que relèvent aujourd'hui de plus en plus de Français.

Le SENS donné à l'investissement est une raison de réfuter toute idée de "suicide français" et les évolutions qualifiées de DE-constructives aboutiront sur une RE-construction de la solidarité et de la participation à des projets communs.

L'expert

Philippe Decaudin est spécialisé depuis 1999 dans le secteur du credit management. Après avoir été directeur commercial Ile de France de Coface jusqu'en 2007, il prend la direction commerciale de CESCE (4e assureur crédit mondial) en France jusqu'en 2012. Désormais associé chez CMCA (Credit Management Conseils & Assurances), il apporte aux directions financières des solutions novatrices dans la prévention du risque d'impayés. Secrétaire général de la CNCIOB, il est l'un des membres fondateur de la section Finance Participative qui a pour objectif de promouvoir et de vulgariser auprès des investisseurs les actions des plateformes de Crowdfunding.


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