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Des perspectives moroses au 1er semestre

L'inflation et la hausse des prix de l'énergie impactent la confiance des entreprises. Les sociétés en manque de liquidités sont particulièrement à risque et le nombre de dépôts de bilan risque de monter en flèche d'ici les prochains mois.

Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à
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Des perspectives moroses au 1er semestre

80 % des entreprises ne prévoient pas de croissance de leur activité au premier semestre 2023, soit une progression de 10 % par rapport au précédent semestre. Tel est le constat d'une étude mené par le cabinet ARC, en collaboration avec l'IFOP. Celle-ci a consisté à interroger 200 entreprises françaises de 50 salariés et plus, entre le 11 et le 26 janvier 2023. 13 % d'entre elles anticipent même un recul de leur activité dans les mois à venir. Par ailleurs, 65 % des déclarants indiquent être pessimistes voire très pessimistes quant à l'évolution du climat économique français au cours des six prochains mois. Cette morosité est en grande partie liée au coût de l'énergie et à l'inflation, qui affectent de nombreuses entreprises. "Certains secteurs, tels que la restauration ou le bâtiment, sont particulièrement impactés. Il en est de même pour les entreprises énergivores", constate Denis Le Bossé, le président du cabinet ARC.

Une hausse des dépôts de bilan

Par ailleurs, les entreprises manquant de fonds propres sont particulièrement fragilisées. "La hausse des prix des matières premières et de l'énergie nécessite du cash or 33 % des entreprises interrogées ne pensent pas pouvoir faire face au remboursement cumulé de leurs créances : PGE, investissements et factures", souligne Denis Le Bossé.

D'autant que les banques ont tendance à ne plus soutenir les TPE/PME qui n'ont pas encore remboursé leur PGE utilisé. De même, 48 % des sondés estiment que les assureurs-crédits se désengagent des TPE/PME, ce qui représente une hausse de 12 % par rapport à septembre 2022. "Les sociétés qui feront face à une réduction des encours de la part des assureurs-crédit risquent de devoir payer comptant leurs factures auprès de leur fournisseurs, impliquant de disposer de cash alors même qu'elles manquent déjà structurellement de fonds propres", analyse Denis Le Bossé.

En outre, l'arrêt progressif des aides de l'État met à mal de nombreuses entreprises. "Dans ce contexte, les entreprises craignent une forte augmentation des dépôts de bilan, avec des chiffres qui pourraient dépasser ceux de 2018", met en garde le président du cabinet ARC. Avant d'ajouter : "Il ne faut pas se laisser griser par la hausse des commandes car certaines entreprises déposent le bilan alors qu'elles ont un carnet de commande bien rempli".

Des délais de paiement allongés

Pour pouvoir redresser la barre, 73 % des répondants estiment que l'allongement des délais de paiement des fournisseurs leur permettra de compenser les besoins en trésorerie. 22 % des sociétés interrogées indiquent d'ailleurs que les délais de paiement de leurs clients se sont détériorés au cours du dernier trimestre 2022. "Les délais de paiement deviennent une variable d'ajustement pour compenser les besoins de trésorerie des entreprises en difficulté. Mais cela ne veut pas dire que tous les délais de paiement vont s'allonger en France, car de nombreuses entreprises sont vertueuses", nuance Denis Le Bossé. Dans cet environnement incertain, la maîtrise du cash et des marges est devenu un enjeu clé.

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