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« Dans un contexte de diversification des risques, les PME et les ETI doivent utiliser toutes les solutions alternatives pour se protéger »

La fréquence et l'intensité des risques croissent, leur nature évolue, les assureurs deviennent de plus en plus exigeants, les tarifs et les franchises continuent d'augmenter. Dans ce contexte, PME et ETI peuvent se trouver confrontées à des difficultés assurantielles. Un sujet qui sera abordé à l'occasion des rencontres de l'Amrae, l'association des risk managers, du 7 au 9 février prochain. François Beaume, vice-président de l'Amrae (et VP risques et assurance de Sonepar), conseille aux PME et ETI d'explorer des voies assurantielles alternatives et complémentaires.

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« Dans un contexte de diversification des risques, les PME et les ETI doivent utiliser toutes les solutions alternatives pour se protéger »

Fin 2023, l'Amrae avait publié son étude annuelle sur l'état du marché de l'assurance des risques d'entreprise et ses perspectives pour 2024. Synthèse : ça continue d'augmenter, mais moins. En revanche, certaines tensions s'annonçaient toujours sur les niveaux de couvertures, les franchises, etc. Quels sont les outils à la disposition des PME et des ETI pour faire face, dans ce contexte de risques pluriels et intenses ?

Pour moi, le premier travail à faire pour réguler les problèmes assurantiels est celui de la prévention et de la gestion de ces risques. Bien sûr, une PME ou même une ETI n'a pas forcément dans ses équipes un collaborateur à temps plein identifié comme risk manager. Dans ce cas, l'acti­vité de gestion des risques est répartie entre plusieurs personnes ou fonctions. Il existe des outils simples et gratuits qui leur sont accessibles, comme macartodesrisques.fr que l'Amrae a développé avec le Medef. Cela leur permet déjà d'avoir une première approche et d'identifier rapidement les risques les plus sensibles.

Et puis, il faut encore et encore mettre l'accent sur la prévention. Bien expliquer, avoir un vrai travail de pédagogie auprès des opérationnels. Et, surtout, il faut le faire savoir à son assureur, mettre en valeur ses efforts par des données bien formalisées. La qualité des données de souscription est essentielle.

Beaucoup d'entreprises ont fait des efforts, ont investi parfois lourdement dans la prévention, mais ne voient pas forcément de résultat sur leurs conditions d'assurance...

Les efforts paient, mais pas systématiquement, ni pour tous. Nous militons à l'Amrae pour que la qualité de la prévention permette la baisse des primes d'assurance et des franchises, et plus largement l'amélioration des conditions. Mais effectivement, ce n'est pas tout le temps le cas. En revanche, quelle que soit la réponse des assureurs, la prévention est indispensable pour contenir ses risques et maintenir son assurabilité. C'est vrai pour toutes les garanties comme le dommage ou le cyber. Sans prévention, l'entre­prise pourra se voir confrontée à un refus de son assureur.

On voit monter une tendance à l'autoassurance face aux difficultés assurantielles, notamment pour les sinistres de fréquence. Est-ce une solution intéressante ?

Oui, c'est effectivement une tendance face à la difficulté de sourcer des assurances sur certaines typologies de risque. Cela peut être intéressant si on l'assortit d'une politique de prévention. Et que l'on est certain de ne pas s'exposer à un trop haut niveau de risque, sous peine de mettre la pérennité de l'entreprise en danger.

Rappelons que l'autoassurance, quel que soit le schéma, n'offre aucun avantage fiscal. C'est une décision calculée de prendre sur son compte de résultat les conséquences d'un sinistre. D'où l'intérêt de minimiser le risque en investissant en prévention. Contrairement aux captives de réassurance, dont je rappelle le principe : l'entreprise crée une société dédiée à l'assurance de certains de ses risques, en fixe les règles (participation des filiales, indemnisations, franchises, etc.), y dépose ses provisions, tout en se réassurant auprès d'un organisme tiers.

Certes, mais en raison de la technicité demandée et des moyens nécessaires, les captives ne sont-elles pas difficilement accessibles à des PME et des ETI ?

D'abord, elles ne seront pas seules. La Fédération française des captives d'entre­prise est là pour les guider, ainsi qu'un solide tissu de compétences de courtiers et conseils.

En France, les choses évoluent rapidement depuis la publication, l'année dernière, du décret sur les captives qui permet à ces structures de déduire du bénéfice imposable les provisions placées au sein des captives de réassurance dans la limite de 90 % du montant du bénéfice résultant de la somme des bénéfices techniques associés à chaque catégorie de risques. Jusqu'ici, très peu de captives étaient domiciliées en France. Moins d'une dizaine. Désormais, on en est à quinze. Sept sont en attente d'agrément et nous avons connaissance d'une cinquantaine de projets à des degrés de maturité divers. Et parmi ceux-ci, nous avons connaissance de quatre ou cinq projets portés par des ETI de 100 à 500 mil­lions d'euros de chiffre d'affaires. Je pense qu'en 2024, nous aurons une quinzaine de projets de captives de PME et ETI.

Rendue plus intéressante par cette nouvelle réglementation, la domiciliation en France facilite les projets d'entreprises de taille plus modeste. Nous allons vers une démocratisation des captives. De plus, cette dynamique est portée, c'est certain, par des entreprises sous tension assurantielle, notamment dans les secteurs de la transformation du bois, des énergies renouvelables, du transport public de voyageurs, etc. Ces entreprises se retrouvent dans l'obligation de se tourner vers des solutions alternatives aux assurances traditionnelles.

De manière générale, il est certain que les PME et les ETI ont globalement moins d'outils assurantiels à disposition que les grands groupes, mais il est possible d'optimiser, de combiner plusieurs solutions. Dans un contexte de diversification des risques, les PME et les ETI doivent utiliser toutes les solutions alternatives pour se protéger.

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