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Quand l'intelligence artificielle s'invite dans les process

Elle inquiète autant qu'elle fascine. L'intelligence artificielle prend pied dans les directions financières. À la clé, une mutation des métiers, vers l'analyse et l'aide à la décision, mais aussi le potentiel pour faire évoluer le rôle-même de la fonction finance en entreprise. Retour sur les journées Daf.

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Quand l'intelligence artificielle s'invite dans les process

L'émergence de l'intelligence artificielle dans les directions financières, Hugues Roussel est bien placé pour l'observer : « Dans les recrutements sur des postes-clés, on nous demande de plus en plus de managers disposant d'une connaissance technique de l'IA, a expliqué le Principal de la division Finance de Robert Walters, spécialiste du recrutement de managers de transition, lors des Journées Daf, le 10 octobre dernier. Savoir récupérer la donnée est une chose, mais avoir en plus la capacité à l'organiser pour faire des tableaux de bord demande une technicité particulièrement recherchée. »

Cette appétence des recruteurs correspond à une poussée de solutions utilisant l'IA, en comptabilité comme en contrôle de gestion. « Des outils arrivent sur les écritures, le reporting financier, note Philippe Surer, directeur du contrôle de gestion et transformation finance de Suez Eau France. On est encore aujourd'hui beaucoup sur des sujets d'automatisation des process, moins sur de l'analyse et du prédictif, mais c'est prometteur, Sur le fond néanmoins, il y a dans nos domaines une responsabilité à restituer aux opérationnels des informations avec du contexte, et qui, utilisation de l'IA ou pas, doivent rester fiables. »

Une question de confiance

Un sujet, central, de délégation de confiance, que Bertrand Lellouche remet en perspective, à la fois en tant que Daf d'Ariana Pharma, et de l'activité de l'entreprise, spécialiste de l'aide au diagnostic médical grâce, entre autres, à l'intelligence artificielle. « Il faut bien avoir conscience que ces outils sont pour certains développés depuis des décennies, et progressent constamment en précision et en pertinence. Le sujet de la confiance, en matière de santé comme de finance, est d'abord une question de résultat. À partir du moment où l'outil délivre une information aussi fiable, ou même plus fiable, que celle délivrée par un professionnel, il est adopté. L'enjeu aujourd'hui pour les directions financières, c'est de ne pas rater le coche. »

Et de suivre de près l'impact du déploiement de l'intelligence artificielle sur les métiers. Dans des environnements financiers qui s'automatisent, l'avenir des métiers de saisie paraît ainsi menacé. Pas question pour autant d'imaginer un futur des directions financières où les clés seraient confiées à la machine : « L'IA reste un outil, particulièrement perfectionné, mais dont les résultats doivent être tous compris et validés par le professionnel, dont la valeur ajoutée va s'orienter vers la détection d'éventuelles anomalies, mais aussi de plus en plus vers l'interprétation et l'analyse, pour une aide à la décision au service de la performance opérationnelle », souligne Philippe Surer.

De contrôleur de gestion à business partner

Une évolution qui, plus largement, pourrait servir celle de la finance en entreprise. « L'IA va tirer les métiers vers le haut, et transformer le rôle du contrôle de gestion, de fournisseur de données à celui de business partner, permettant aux chefs d'entreprise de se projeter avec des données fiables », prédit Hugues Roussel. Une redistribution des cartes bien comprise par les professionnels : en fonction finance,7 managers de transition accompagnés par Robert Walters sur 10 se seraient déjà formés aux outils d'intelligence artificielle.


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