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Daf en milieu international : quel anglais ?

Publié par Jean-paul Nrrière le

Il vous faut donc compenser l'insuffisance scolaire dont vous avez hérité (cf. notre tribune 'les francophones et la communication internationale"). Les officines de formation pour adultes vous proposent de parler comme les indigènes. Juteux programme qui ne sera pas achevé en une vie entière. Est-ce le bon objectif ?

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Pas du tout, l’ambition en est excessive et nuisible. Excessive, car vous ne souhaitez pas être pris pour un Anglophone de naissance, mais tout simplement comprendre et être compris, à l’écrit comme à l’oral. Peut-on être davantage compris que compris? 
C’est l’idée fondatrice du Globish : un anglais tactiquement limité aux mots utiles permet une expression suffisante en toutes circonstances. Bien des vocables sont absents, mais ils se contournent par des périphrases usant de mots simples : « the son of my brother », remplace facilement « my nephew ». Ainsi se définit « enough English », et « more than enough is too much”. 

Adapter son ambition à ses moyens et à ses besoins

Le cadre à besoins internationaux est alors confronté à une ambition utilitaire et accessible, qui ne sacrifie aucune nuance indispensable. Surtout, elle évite les excès nuisibles auxquels les Anglophones ne peuvent échapper. Car personne ne peut, dans sa langue maternelle, distinguer spontanément les mots et tournures impénétrables pour trop d’étrangers. Sans même faire appel à un argot toujours mouvant, et souvent inspiré de sports exotiques, qui comprendrait « Asians are usually leiotrichous, and Africans are mostly ulotrichous ». Même une majorité d’Anglophones ouvrirait de grands yeux, et pourtant c’est de l’anglais (et les mêmes mots existent en français, qui les utilise ?). Avec votre anglais limité, vous ne pourrez même pas en avoir la tentation. 
Or la communication internationale a principalement lieu entre ou avec des non Anglophones.

Dialoguer avec des Anglophones et des non-Anglophones

Autorité suprême sur la langue anglaise, le British Council considère que seules 4% des communications internationales n’impliquent absolument aucun non-Anglophone. N’importe quel texte en anglais irriguera la terre entière par internet, et les réunions ne regroupant que des Britanniques, Américains, Australiens sont bien rares. 
Le choix est alors de traiter la réunion en considérant que le débat ne prendra place qu’entre les Anglophones, voire avec quelques barbares honorablement civilisés dans la langue impérialiste ; ou bien de décider que tous les participants ont une valeur et peuvent contribuer; il faut alors ramener la conversation au niveau d’anglais qui permettra de profiter de leurs apports. 
La première option est la plus répandue, la seconde est la plus productive. Un excellent directeur administratif et financier est excellent en raison de son expérience et de son professionnalisme. Son éventuelle lacune en anglais ne le rend pas moins excellent, et c’est aux autres de s’adapter à lui. Ils y gagneront bien plus qu’à l’exclure, dans la recherche de leur seul confort égoïste.  Dans le monde global d’aujourd’hui, la maîtrise de l’anglais comme langue maternelle est devenue un handicap. Je mesure l’énormité du paradoxe, mais le British Council soutient aussi cette position. 
Les Anglophones doivent faire la moitié du chemin pour rejoindre les non-Anglophones sur l’île située au milieu de la rivière ; ils ne doivent surtout pas les laisser se noyer au milieu du gué en leur montrant du doigt l’autre rive, la leur, sur laquelle ils rêveraient de n’avoir aucun effort à faire, tout leur ayant été donné de naissance. 

Maîtriser un anglais limité mais suffisant, et une prononciation compréhensible...

Mais nous, avec nos carences, nous devons aussi atteindre cette île des efforts partagés. Il faut donc maîtriser un anglais limité mais démontré suffisant, et une prononciation compréhensible, même si elle conserve un accent pittoresque, et qui fait partie du charme des Françaises et des Français. 
Des moyens simples permettent d’y progresser sans l’investissement chronophage et coûteux des cours. Ils partent de l’idée que vous pratiquez un excellent français pour l’avoir appris par des procédés entièrement différents de ceux qui vous ont été infligés pour l’anglais. En revenant, pour cette dernière langue, aux procédés qui vous ont donné une si belle aisance, et une si irréprochable prononciation dans votre langue maternelle, les résultats seront spectaculaires. 
Recettes et méthodes feront l’objet des rédactions ultérieures.

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