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Formation continue: la part belle aux EMBA

Véritable accélérateur de carrière, l'EMBA est la formation-phare des business schools pour les cadres en activité, désireux de grimper les échelons. Horaires aménagés, pédagogie interactive, forte ouverture sur l'international... retour sur une formation «tremplin».

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Booster sa carrière en intégrant un «executive MBA» (EMBA), la formation-phare des business schools pour les cadres en activité, tel est le challenge relevé par Jean Dacruz, directeur administratif et financier du laboratoire Landauer Europe. Il a suivi le cursus de l'Essec de 2009 à 2010. « Sans l'obtention d'un tel label, je n'aurais pu accéder à mon poste actuel, estime Jean Dacruz, alors contrôleur de gestion dans un groupe pharmaceutique. A ce moment-là, j'avais besoin de prendre confiance en moi, et l'EMBA m'a vraiment permis de gagner en leadership en renforçant mon expertise en termes de management. » Comme Jean Dacruz, bon nombre de Daf ou de Raf misent aujourd'hui sur de tels masters en alternance pour monter en compétences. « Chaque année, parmi les inscrits à notre programme, 10 à 15 % sont des directeurs financiers oeuvrant, pour la plupart, dans des entreprises de 250 salariés », illustre Jean-François Chanlat, patron de l'EMBA de Dauphine, université de renom qui propose désormais des EMBA dédiés à des secteurs d'activité particuliers: santé, aéronautique...

DIDIER MANGIN, DIRECTEUR FINANCIER DE PSB INDUSTRIES ET ELEVE DE L'EMBA DU CEIBS DE SHANGHAI

« J'ai choisi cette formation dans la perspective de l'implantation de mon entreprise en Chine. Je peux y développer mon réseau et me briefer sur ce marché complexe. »

UNE FORMATION GENERALISTE TRES POUSSEE

Largement répandu dans les pays anglo-saxons, l'EMBA propose comme son homologue à temps plein, le fameux «MBA» (Master business administration), un enseignement généraliste (marketing, finance, RH, etc.) propre à doper les capacités managériales des candidats. Toutefois, il est d'un niveau bien plus poussé que ce dernier, visant davantage les cadres de haute volée, forts d'une douzaine d'années d'expérience. Rien à voir donc avec le MBA classique, destiné aux jeunes de 28/30 ans (trois/quatre années d'expérience à leur actif), prêts à investir une année pleine de leur temps pour préparer à fond leur carrière d'entrepreneur. « Le profil-type d'un participant à un EMBA est davantage un cadre de 38/40 ans, en activité et décidé à évoluer en interne vers un poste-clé alliant leadership et stratégie. Donc les Daf ayant pour perspective d'accéder à la direction générale », indique Yves Renaud, directeur du cabinet de chasseurs de têtes Coleridge & Valmore. Et Alan Jenkins, directeur académique de l'EMBA Essec & Mannheim, de confirmer: « Les cadres viennent chez nous pour acquérir une posture de management globale et s'imposer in fine comme des interlocuteurs crédibles auprès de toutes les directions métiers de l'entreprise. »

Prisé par les cadres en exercice, ce sésame suppose toutefois un investissement financier de taille: en moyenne entre 50 000 et 90 000 euros la formation, soit 30 % plus cher qu'un MBA. « Cela étant, près d'un tiers de nos participants sont financés à 100 % par leur entreprise, tandis qu'un autre tiers bénéficie des aides du Fongecif ou de prêts bancaires à des tarifs préférentiels», affirme Jean-François Chanlat (Dauphine).

NICOLE TEE, DIRECTRICE DE L'EMBA DE L'INSEAD

«Notre EMBA est dispensé à l'international et nous avons développé un partenariat avec une université chinoise. »

UNE FORMULE A LA CARTE

D'un volume horaire moyen de 500 heures (généralement réparti sur un an et demi, voire deux ans), les EMBA proposent tous des formules de cours à la carte. Ainsi, au sein de l'EMBA de HEC, « les participants peuvent choisir entre la formule week-end, où les cours sont concentrés sur certains vendredis et tous les samedis, et la formule modulaire, où les enseignements sont dispensés sur une semaine pleine toutes les six mois et demi», indique Frédéric Dalsace, directeur académique de l'EMBA. Structurés autour d'une offre pédagogique innovante, les EMBA mettent particulièrement l'accent sur les travaux en équipe projet: études de cas, mises en situation, simulations, ateliers pratiques, etc. «Le maître mot de notre enseignement est l'interactivité, basée sur le retour d'expériences. Nous n'hésitons pas à exploiter au maximum l'expertise et le vécu des participants. Une manière de favoriser un vrai partage des bonnes pratiques entre des profils volontairement éclectiques», détaille Beate Baldwin, directrice des programmes senior executive à l'Essec, où la délivrance du diplôme est conditionnée à la réalisation d'un projet individuel de fin de parcours. Un travail concret portant sur l'étude d'une stratégie d'entreprise, la création ou la reprise d'une société, etc., défendu par chaque participant devant un jury.

Ces formations n'occultent, pour autant, pas la théorie. «Notre enseignement ne se résume pas à une collection de recettes de cuisine, souligne Frédéric Dalsace. Nous inculquons certains fondamentaux et concepts-phares, relatifs à la finance d'entreprise, à la gestion stratégique, etc., notamment au travers des cours en e-learning. » Un apprentissage aussi complet que possible pour préparer les participants à devenir leader. «Cette formation est un long processus de maturation au travers duquel chacun apprend à se remettre en cause et à se poser les bonnes questions. A la fin, tous les participants en sortent transformés, grandis», constate Beate Baldwin en ajoutant qu'un coaching individuel, ainsi que l'écriture d'un journal de «leadership» figurent aussi au programme du master.

A SAVOIR
L'EXECUTIVE MASTER EN INGENIERIE FINANCIERE: QUESACO?

Formation continue proposée par un panel de grandes écoles à l'instar de l'Insead, l'Essec ou encore Sciences Po, un executive master en ingénierie financière est un cursus «qui a pour vocation première de former de futurs Daf», indique Dick Wolfgang, directeur du master de l'Essec. Mais pas seulement: pour Nathalie Dierkens, directrice de l'executive master ingénierie financière de Sciences Po, «si notre formation est bénéfique pour les Raf qui souhaitent évoluer vers le poste de Daf, elle est également utile pour les directeurs financiers qui veulent élargir leur champ de compétences, par exemple à la suite de l'introduction en Bourse de leur société». En effet, ce master en part time, doté d'une palette de cours extrêmement large (finances d'entreprise, finances de marché, communication financière, etc.), permet aux participants de gagner en expertise sur certaines opérations financières-clés. «Grâce à l'executive master ingénierie financière de l'Essec, j'ai pu actualiser mon apprentissage technique inculqué lors de mon DESS finances et surtout benchmarker mes pratiques avec celles des autres participants», raconte Didier Mangin, directeur financier de PSB Industries. Signe que la formation continue s'avère payante pour lui, puisque ce dernier n'a pas hésité à pousser la démarche plus loin encore en suivant, aujourd'hui même, en parallèle de son activité, un EMBA à Shanghai!

UNE DIMENSION INTERNATIONALE TRES PRONONCEE

Si les EMBA ne lésinent donc pas sur les cours de préparation au métier de dg (modules sur le leadership, la mise en oeuvre de la stratégie, etc.), ils excellent également dans leur dimension internationale, bien plus prononcée que dans un MBA classique. «Un Daf décidé à évoluer doit se forger une vision qui ne soit pas franco-française. D'où la nécessité de miser sur un EMBA favorisant une telle ouverture sur l'économie mondiale», note Thierry Andrieux, fondateur du cabinet de conseil Humanessence. C'est pourquoi la plupart des EMBA proposent des cours, partiellement ou totalement, en anglais, dispensés par des intervenants anglo-saxons.

Pour miser toujours plus sur l'international, ces formations incluent également dans leur programme des semaines d'immersion à l'étranger, au sein d'universités partenaires. Ainsi, à l'Essec, des cours sont prévus à Ahmedabad (Inde) ou à Shanghai. A Dauphine, dix jours de formation à Montréal sont inclus. Tandis qu'à HEC, les participants ont la possibilité de suivre une semaine de cours à thème («management des opérations», «entrepreneuriat», «énergie», etc.) dans une des universités mondialement reconnues en la matière, qu'elles se situent aux Etats-Unis, en Chine ou à Doha (Qatar). «Mieux encore, les participants ont la possibilité de suivre la totalité des cours à l'étranger», rappelle Frédéric Dalsace. Un créneau sur lequel surfe également l'Insead: «Notre EMBA est aussi bien dispensé à Fontainebleau, qu'à Singapour ou Abu Dhabi. Cela étant, son coût est plus important lorsqu'il est exclusivement suivi à l'étranger», précise Nicole Tee, directrice de l'EMBA de l'Insead. Cette école propose aussi, en partenariat avec l'université Tsinghua, basée en Chine, un «TIEMBA» mêlant des enseignements sur l'économie occidentale et extrême orientale.

« Les meilleurs EMBA sont certainement ceux qui sont le plus axés sur l'international, à l'instar de celui de l'Insead, de HEC, de l'ESCP, car ils rallient des participants du monde entier, ce qui constitue une vraie richesse», rappelle Thierry Andrieux, qui déplore une offre plus limitée en France. «En Chine et aux Etats-Unis, ces formations d'excellence sont davantage monnaie courante, comme celle d'Harvard. » Et c'est pour bénéficier d'une telle ouverture que certains Daf optent pour un EMBA à l'étranger. A l'image de Didier Mangin, directeur financier de PSB Industries (lire l'encadré en page 24), qui suit actuellement les cours de l'EMBA du CEIBS de Shanghai, dispensés une semaine par mois: «J'ai choisi cette formation dans la perspective de l'implantation de mon entreprise dans l'Empire du Milieu. C'est l'occasion de baigner à 100 % dans un contexte à la fois chinois et international. Je peux y développer mon réseau et surtout me briefer sur ce marché complexe. » De quoi donner quelques envies...

CHARLES COHEN

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