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Contrôleur de gestion

Le contrôleur de gestion occupe un poste stratégique: il met au point des outils permettant de piloter l'entreprise et d'atteindre les objectifs. Un métier qui ne connaît pas la crise de l'emploi.

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Chargé de faire parler les chiffres, le contrôleur de gestion guide la direction de l'entreprise dans l'orientation et le suivi financier de la stratégie qu'elle s'est fixée. Au coeur du business, il est à la fois dans l'analyse et dans la prospective. Quels que soient la taille de l'entreprise, son secteur d'activité et sa santé économique, le contrôle de gestion est indispensable. Reste à savoir comment l'incarner.

Sa mission

Il lui revient d'interpréter les données chiffrées fournies par la comptabilité, à des fins de contrôle et de planification. Dans sa mission de contrôle, il met au point des tableaux de bord et indicateurs qui lui servent à mesurer en permanence l'activité de l'entreprise dans tous ses départements. C'est également l'homme ou la femme de la planification: celui qui établit des prévisions budgétaires, fixe des objectifs détaillés et en mesure la réalisation. « Il est en lien direct avec toutes les unités de l'entreprise et leurs responsables: marketing, achats, DRH, forces commerciales, R & D, constate Henri de La Roque, directeur associé chez People Search International. Il est là pour challenger toutes les directions, établir avec elles leurs budgets et, au final, arbitrer. »

Généralement rattaché à la direction générale ou administrative et financière, le contrôle de gestion peut, dans une PME, être assuré en même temps que d'autres fonctions, comme la comptabilité, l'administration ou la gestion du personnel. S'il évolue dans une filiale, sa mission est plus précise.

Son contrôle peut porter sur la gestion commerciale: il travaille sur le chiffre d'affaires en participant à l'élaboration des marges et des tarifs, la rentabilité des produits par zone, saisonnalité, marché, etc., jusqu'à la distribution. Les plans marketing et les campagnes de communication peuvent entrer dans son champ.

Lorsqu'il est dédié à l'industriel, le contrôleur de gestion a ses deux pieds dans l'usine, sur les sites de production. Il veille alors aux achats, au coût de revient, à la valorisation des stocks de matières premières, des encours. Il gère les inventaires, établit des indicateurs opérationnels, comme la performance ou le rebut.

Enfin, rattaché au siège, le contrôleur de gestion travaille sur l'ensemble du budget fonctionnement de l'entreprise. Par exemple, avec la DRH, il va superviser les budgets annuels de formation, de salaires, de primes, d'embauches...

Avant tout financier, le métier fait appel à de nouvelles compétences orientées vers les systèmes informatiques. « L'outil de travail du contrôleur de gestion est l'ERP, ou progiciel de gestion intégré, explique Henri de La Roque. Plus il maîtrise l'outil, plus il peut affiner ses indicateurs en décomposant toujours plus finement les comptes de l'entreprise. Or, la nouvelle génération de contrôleur de gestion est née avec ces systèmes et les utilise avec précision. C'est un plus par rapport aux seniors. »

Enfin, autre tendance constatée: la féminisation de la profession. « Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à entamer leur parcours professionnel directement en entreprise, sans faire le détour par l'audit », souligne Henri de La Roque.

Sa formation

La formation du contrôleur de gestion est de bon niveau. Elle se compose d'un cursus d'études supérieures à bac + 4 ou 5, en école de commerce ou en cycle de gestion, couronné par un master professionnel en gestion ou finance. L'idéal étant qu'il dispose, en plus, d'une formation en comptabilité, du type DSCG (diplôme supérieur de comptabilité et de gestion). « Les entreprises ont souvent du mal à rapprocher leur valeur économique et leur valeur comptable: si le contrôleur de gestion parle les deux langages, c'est un atout», précise Henri de La Roque. Pour pallier une absence de formation comptable, de nombreux contrôleurs de gestion débutants commencent leur carrière en audit, une bonne école pour apprendre à lire un bilan, appréhender les comptes, repérer les irrégularités, faire du reporting, etc.

D'après l'étude de Robert Half sur les rémunérations 2012-2013 publiée en septembre (lire l'encadré ci-dessous), l'entreprise est très attentive aux expériences acquises par les jeunes diplômés (stages, contrats d'alternance) pour valoriser leurs rémunérations. Dans le secteur industriel, les personnes ayant une formation d'ingénieur sont très appréciées, à condition d'avoir complété leurs parcours d'études par une formation de gestion.

HENRI DE LA ROQUE, DIRECTEUR ASSOCIE DE PEOPLE SEARCH INTERNATIONAL

«La première qualité du contrôleur de gestion est peut-être la curiosité, car il doit être capable de s'intéresser à tout. »

Ses qualités

Rigueur, esprit d'analyse et de synthèse sont indispensables à ce pilier de l'entreprise. Mais pas seulement, selon le consultant. «La première de ses qualités est peut-être la curiosité, car le contrôleur de gestion doit être capable de s'intéresser à tout, il doit pouvoir se plonger dans un contrat, en comprendre les tenants et les aboutissants pour trouver des pistes d'optimisation. »

Amené à prendre la parole et à dialoguer avec différents départements, le collaborateur doit avoir un bon relationnel tout en sachant négocier.

Enfin, la maîtrise de l'anglais s'impose pour correspondre avec le siège, les filiales du groupe international ou encore des partenaires non francophones.

Sa rémunération

Le contrôleur de gestion ne connaît pas la crise. Il faut dire que ce poste n'est plus l'apanage des grandes entreprises. Les PME s'arment d'un contrôle de gestion. Celles qui se portent bien pour mieux se vendre ou pour rassurer les fonds d'investissement, celles qui sont fragiles pour trouver des pistes de rationalisation... Dans ce contexte, « les bons contrôleurs de gestion sont en poste, constate Henri de La Roque. Pour le recrutement, mieux vaut miser sur un profil peu expérimenté».

De plus, le turnover assez élevé, de trois à cinq ans, permet au contrôleur de gravir les échelons et de valider ses expériences. Par conséquent, sa rémunération progresse vite. Son évolution rapide se fait d'abord de manière transversale avant d'être verticale. Par exemple, «un contrôleur de gestion commercial, dédié à la distribution, ne va pas se voir proposer de devenir responsable de l'ensemble du contrôle, explique le recruteur. Il va d'abord se forger une expérience au siège, puis en établissement. Ensuite, il pourra grimper dans la hiérarchie. » Et, à terme, envisager la direction du contrôle financier, voire de la direction financière. D'ailleurs, 80 % des Daf viennent du contrôle de gestion. Une évolution beaucoup plus naturelle que pour les comptables.

COMBIEN GAGNE-T-IL?

Sa rémunération varie peu selon la taille de l'entreprise qui l'emploie. Le contrôleur de gestion débutant commence avec un salaire brut qui n'est pas inférieur à 30 000 euros bruts. La rémunération peut progresser rapidement. Elle double en moins de huit ans. Il peut percevoir jusqu'à 3 % de rémunération variable, sous forme de primes sur objectifs personnels (reporting à temps, économies budgétaires, période de clôture). Bien sûr, la rémunération varie en fonction de la formation: les candidats diplômés des plus grandes écoles de commerce ou d'ingénieurs, et qui disposent d'un parcours international, gagneront jusqu'à 50 % de plus que les autres. D'après l'étude de rémunérations 2012-2013 du cabinet Robert Half publiée en septembre, les salaires n'ont pas évolué depuis l'année dernière. Lorsqu'il accède aux responsabilités de la direction du contrôle de gestion, au bout d'une dizaine d'années d'expérience, le salaire fixe annuel varie selon le chiffre d'affaires de l'entreprise (seuil de 500 MEuros).

BRUNE LACOSTE

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