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«J'ai coordonné une levée de fonds avec un actionnaire public»

Après avoir fédéré, en sus de ses actionnaires historiques, une société de capital-risque, Auriga, un industriel, Thierry Dassault, et quelques business angels, Wallix a su convaincre le Fonds national pour la société numérique.

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AMAURY ROSSET, DAF DE WALLIX

AMAURY ROSSET, DAF DE WALLIX

Créé en 2003, Wallix, éditeur de logiciels de sécurité, est dans un processus continu de levée de fonds depuis 2007. Avril 2012 est le mois de la finalisation de sa cinquième levée, laquelle présente comme particularité d'être «prospective», selon le terme d'Amaury Rosset, cofondateur et Daf de la société spécialisée dans la traçabilité et la sécurisation des accès «utilisateurs à privilèges» au SI des entreprises.

Fin 2010, Amaury Rosset s'attelle à une projection des besoins sur cinq ans, au regard du temps de présence moyen des investisseurs. Le marché est porteur pour cette SAS lauréate à Oséo Innovation et sur laquelle la crise n'a pas d'impact direct. Ses dirigeants construisent donc un plan de développement ambitieux, tourné vers l'international et surtout l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique. Le président, Jean-Noël de Galzain, et le Daf suivent un parcours désormais classique pour eux, mais pour atteindre cette fois les 4 millions d'euros (contre 550 000 euros en 2007, par exemple). Ils se lancent alors dans un road show concentré sur la France. Le président raconte l'histoire de la société et sa vision stratégique aux investisseurs, le Daf chiffre et les rassure. «Bref, il drague, mais je conclus», s'amuse Amaury Rosset.

En octobre 2011, la première tranche de la levée est constituée avec deux nouveaux investisseurs: TDH, holding personnelle de Thierry Dassault, et Auriga. «Un duo très agréable, commente Amaury Rosset, puisque composé de deux partenaires très complémentaires. Une approche très industrielle pour TDH, impliquée et membre du conseil de surveillance, et une société de capital-risque très reconnue et très présente sur la technologie de pointe pour Auriga. » A cette époque, Wallix, devenue une SA à directoire, est déjà en contact avec le Fonds national pour la société numérique (FSN) PME.

REPERES

Raison sociale: Wallix
Activité: Edition de logiciels de sécurité
Forme juridique: SA
Dirigeant: Jean-Noël de Galzain
Daf: Amaury Rosset
Effectif: 40 salariés
CA 2011: 3,3 MEuros
CA 2012 (prévisionnel): non communiqué

LE FSN AU CONSEIL DE SURVEILLANCE

Créé par l'Etat quelques mois plus tôt et disposant de 3,6 MdEuros, ce fonds a pour objet principal d'intervenir, en co-investissement aux côtés d'investisseurs privés, dans des opérations d'investissement en fonds propres et/ou quasi-fonds propres dans des PME développant de nouveaux usages, services et contenus numériques. Sa règle est de ne pas dépasser un tiers du montant total du tour de table auquel il participe. Wallix, qui constitue le quatrième investissement du FSN, obtient 1,3 million de la filiale CDC Entreprises, gestionnaire du fonds FSN PME. Nul doute que les relations avec le pôle de compétitivité Systematic, dont Jean-Noël Galzain est le vice-président, ont compté dans la prise de décision de cet actionnaire atypique. Mais le conseil d'Amaury Rosset à ses confrères et consoeurs repose sur un autre élément: «Avoir conscience que le FSN est un co-investisseur pour lequel la dimension juridique est très importante, parfois contraignante, notamment la chaîne de validation, insiste le Daf. C'est l'argent de l'Etat et la confiance est plus complexe à bâtir. » Cette dimension-là et la jeunesse du fonds expliquent la levée de fonds en deux temps. Car ce n'est qu'en avril 2012 que l'actionnaire institutionnel rejoint les autres investisseurs: Auriga, TDH, les deux actionnaires historiques, et quelques business angels. Le FSN, représenté par Jocelyne Cerasa, directrice d'investissements de CDC Entreprises, siège désormais au conseil de surveillance de Wallix. Le Daf n'a pas, pour l'heure, le recul suffisant pour appréhender cette relation atypique, «puisque seuls deux conseils de surveillance se sont tenus depuis cette entrée». Ce qu'il mesure déjà, en revanche, c'est la forte dimension morale et éthique de ce nouveau partenaire, CDC Entreprises: «D'où des besoins de reporting très précis, mais aussi un suivi des entrepreneurs via, entre autres choses, des universités de management sur le campus d'HEC et un suivi de la participation, la CDC étant très attentive au retour des dirigeants d'entreprises. »

Rentable en France, l'entreprise vise désormais l'Allemagne, veut étoffer ses équipes techniques et atteindre la profitabilité.

FLORENCE LEANDRI

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