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Quel intérêt de souscrire à un prêt à impact ?

Publié par Florian Langlois le - mis à jour à

Pour accompagner leurs engagements RSE, les entreprises peuvent, depuis quelques années, souscrire à un prêt à impact. Ces financements verts leur offre la possibilité de faire baisser le taux d'intérêt sur leur crédit et de mobiliser toute l'entreprise dans cette démarche vertueuse. Il faudra cependant être attentif à certaines conditions en amont.

Les PME sont de plus en plus nombreuses à se saisir des enjeux RSE. Dans cette démarche, peu d'entre elles ont déjà souscrit à des prêts à impact. A l'image de la Caisse d'Epargne, de Banque Populaire ou encore d'Arkéa Banque, les banques augmentent progressivement leurs offres de financements verts à destination des PME et ETI.

Ces prêts à impact peuvent se révéler être bénéfiques sur divers aspects pour les entreprises. « Le premier avantage est forcément financier, la démarche RSE des entreprises est valorisée financièrement par des baisses de taux d'intérêt sur le crédit. Nous sommes sur une bonification pouvant aller jusqu'à 20% d'économie sur les frais financiers du crédit, analyse Guénolé Queau, directeur du développement chez Arkéa Banque Entreprises & Institutionnels. Un autre bénéfice est la mise en place d'une démarche vraiment vertueuse dans l'entreprise suite à ce prêt. Cela permet de mobiliser tous les acteurs de l'entreprise sur ces enjeux RSE et de rendre tangible les efforts de tous. Pour le directeur financier, il s'agit d'un enjeu de pilotage de la dette financière. »

Le troisième intérêt qu'observe Guénolé Queau provient d'une des spécificités du prêt d'Arkéa Banque, qui a choisi de s'associer à une agence d'évaluation extra-financière, EthiFinance, pour évaluer l'engagement des entreprises. « Nous apportons aux entreprises une évaluation extra-financière complète, effectuée par une agence externe et basée sur un référentiel de 40 indicateurs, revus chaque année. Ce rapport offre une vraie valeur dans la relation que la société peut avoir avec ses parties prenantes. »

Etre attentif au suivi de la donnée

Au moment d'évaluer cette possibilité de souscrire à un prêt vert, Guénolé Queau conseille de rester vigilant, notamment sur la certification et le suivi des données extra-financières. « La première chose est de se mettre en mesure de communiquer les informations. L'entreprise doit donc, potentiellement, choisir un organisme de tiers indépendant qui viendra certifier la donnée. La société doit aussi s'assurer du suivi de ses indicateurs dans le temps. Généralement, la banque va demander de suivre la donnée sur 5 ou 7 ans. Ce qui peut être difficile, c'est de pouvoir donner une trajectoire aux indicateurs financés. Car la banque, au-delà de la valeur absolue de l'indicateur, va surtout observer sa trajectoire. »

Les directeurs financiers devront également faire attention à choisir les bons indicateurs. « Si on ne veut pas tomber dans le greenwashing, il ne faut pas que les indicateurs choisis soient sur des enjeux annexes au business de l'entreprise. Pour être dans un vrai schéma de transition, il faut que ça touche des indicateurs qui soient au coeur du business model de l'entreprise, » reprend le directeur du développement chez Arkéa Banque Entreprises & Institutionnels.

Anticiper les futures réglementations

La réglementation CSRD qui va arriver va pousser les PME et ETI à reporter davantage sur les enjeux RSE. Ce type de prêt peut ainsi les aider à anticiper cette démarche. « Il n'y a pas réellement de malus dans ces prêts car, bien que le taux puisse évoluer à la hausse ou à la baisse, il ne peut jamais dépasser le taux initial. Au pire, il n'y a pas d'évolution du taux d'intérêt si l'entreprise n'entreprend aucune démarche de progrès. Ils peuvent être une bonne façon de se préparer aux futures obligations réglementaires, » poursuit Guénolé Queau.

Il conseille ainsi aux entreprises de ne pas hésiter à se lancer. « Ce n'est pas si compliqué que ça. Certaines entreprises peuvent avoir peur d'aller vers ce type de processus en se disant que cela va nécessiter du temps, mais la collecte de données n'est pas si fastidieuse. » Et elle en vaut vraiment la peine. Car « les entreprises observent une baisse de leur taux d'intérêt dans environ deux tiers des cas, » conclut Guénolé Queau.

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