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Trésorerie des entreprises : des tensions qui perdurent face à l'incertitude politique

Publié par La rédaction le - mis à jour à

En ce mois de septembre, les trésoriers d'entreprise restent prudents face au contexte politique toujours incertain. Une grande majorité d'entre eux constate les effets négatifs des délais de paiement qui continuent de s'allonger. Explications.

Le contexte politique incertain pèse lourdement sur la trésorerie et les projets des grandes entreprises et ETI françaises, révèle la dernière enquête conjointe de l'AFTE, du METI et Rexecode*. Le climat reste tendu, avec 18 % des trésoriers anticipant un impact fort de l'instabilité politique sur la trésorerie de leur organisation, en nette hausse par rapport à juillet (13 %) et 87 % envisageant au minimum un effet négatif sur leur trésorerie, les conditions de financement et les projets d'investissement.

Des tensions persistantes sur la trésorerie d'exploitation

La situation de la trésorerie d'exploitation demeure particulièrement fragile, 22 % des entreprises la jugent difficile, un niveau bien supérieur à la moyenne de long terme (16 %). Si le solde d'opinions s'est à peine amélioré en septembre (-11,2 %), il reste dégradé depuis mai dernier. Les revenus d'exploitation insuffisants constituent toujours la première source de surprise négative sur la trésorerie (85 %), loin devant les investissements (9 %) ou les flux financiers (6 %).

En parallèle, la trésorerie globale s'est montrée plus résiliente, en voie de normalisation après un épisode de forte dégradation, mais elle ne dégage pas de véritable marge de sécurité par rapport à la tendance de long terme.

Financement et délais de paiement sous tension

Du côté du financement, la proportion d'entreprises ayant eu recours au crédit bancaire pour soutenir leur trésorerie recule à 76 % (-7 points sur deux mois), conséquence probable de la hausse des taux, et 32 % des répondants signalent une augmentation des taux appliqués aux crédits en septembre, contre 19 % en juin. Ce resserrement pourrait limiter la capacité d'arbitrage financier et accentuer les tensions existantes.

Les délais clients, quant à eux, restent un facteur de pression important. En effet près de 25 % des trésoriers signalent un allongement récent des délais de paiement (soit 6 points de plus que la moyenne historique), tandis que seuls 2 % constatent une réduction. Les délais fournisseurs se sont légèrement raccourcis, contribuant à une amélioration du solde commercial, mais la situation globale reste tendue.

Matières premières, taux de change : des facteurs aggravants

Les évolutions récentes du prix des matières premières sont de plus en plus défavorables à la trésorerie, près de 61 % des entreprises exposées signalent un impact négatif, une proportion en hausse, contre seulement 13 % constatant un effet positif.

Du côté des devises, le renforcement de l'euro face au dollar et aux principales monnaies asiatiques limite les marges à l'export. Seuls 26 % des trésoriers jugent le niveau du taux de change euro/dollar positif pour leur trésorerie, alors que 38 % pointent un impact négatif.

Prudence sur les investissements, stabilité des embauches

Dans ce contexte, la prudence prévaut pour 20 % des entreprises qui anticipent un impact fort de l'incertitude politique sur leurs projets d'investissement (contre 16 % en juillet), tandis que 65 % s'attendent à une incidence modérée. La dynamique des embauches reste stable, seuls 16 % prévoient un effet fort, et la majorité (54 %) mise sur un impact limité à ce stade.

Les grandes entreprises et ETI affrontent donc une rentrée sous haute tension entre l'incertitude politique et des conditions de financement moins favorables, incitant à une gestion de trésorerie prudente et à un pilotage serré des flux.

*Dernière enquête de l'appréciation des trésoreries des ETI et grandes entreprises, réalisée entre le 3 et le 10 septembre 2025. Un peu plus de 1200 trésoriers ont été interrogés, 90 d'entre eux ont répondu.