Conjoncture économique : les entreprises entre incertitudes géopolitiques et nationales
Publié par La rédaction le - mis à jour à
Droits de douane, incertitudes économiques natinales et internationales, les entreprises anticipent un léger repli en mai, et ont du mal à concrétiser leurs investissements. Explications.
La dernière note de conjoncture publiée ce mardi 13 mai par la Banque de France table sur une progression modeste de l'activité au deuxième trimestre 2025, après une hausse de 0,1 % au premier trimestre. Les performances contrastées d'un secteur à l'autre, la persistance des incertitudes géopolitiques et commerciales, ainsi que l'effet ponctuel du calendrier rendent les perspectives économiques encore très dépendantes des dynamiques conjoncturelles.
Un mois d'avril plus vigoureux que prévu
Les résultats de l'enquête menée auprès de 8 500 entreprises ou établissements mettent en évidence une hausse nette de l'activité industrielle, tirée notamment par l'agroalimentaire (effet du calendrier pascal), les biens d'équipement, la pharmacie et l'automobile. Le secteur du bâtiment, pour sa part, enregistre une progression plus forte qu'anticipée, avec un redémarrage du second oeuvre (rénovation énergétique) et du gros oeuvre (bâtiments industriels dans les secteurs de l'énergie, de l'aviation ou de la défense). Dans les services marchands, la croissance est plus modérée, soutenue par les services aux ménages (restauration, loisirs, services à la personne), bénéficiant d'une météo favorable. En revanche, des reculs sont constatés dans les services d'intérim, de location de véhicules professionnels ou encore dans certains segments du conseil et des services d'information.
Une activité attendue en baisse en mai
Les perspectives pour le mois de mai s'annoncent moins favorables. L'activité devrait se contracter légèrement dans l'industrie, les services marchands et le bâtiment. Le positionnement des jours fériés expliquerait en grande partie ce ralentissement temporaire, notamment via les congés et fermetures d'ateliers ou de chantiers.
Les carnets de commandes restent jugés peu étoffés dans l'industrie (hors aéronautique), ce qui alimente un climat d'incertitude, particulièrement sensible dans les secteurs exposés à l'international. L'indice d'incertitude, fondé sur les commentaires des entreprises, est en légère hausse dans l'industrie et les services marchands, mais en baisse dans le bâtiment.
Trésorerie, prix, recrutement : signaux contrastés
Le solde d'opinion sur la trésorerie reste légèrement négatif dans l'industrie, avec une dégradation dans l'agroalimentaire et les plastiques, mais une amélioration dans l'automobile et l'aéronautique. Les prix de vente sont globalement stables dans l'industrie, légèrement haussiers dans les services, et orientés à la baisse dans le bâtiment. Les difficultés de recrutement restent inchangées, concernent environ 19 % des entreprises interrogées, et se concentrent principalement dans certains métiers techniques et qualifiés.
Les droits de douane, toujours LA première inquiétude
L'indicateur mensuel d'incertitude de l'institut fondé sur une analyse sémantique des commentaires formulés par les entreprises interrogées enregistre une légère progression dans les secteurs de l'industrie et des services marchands, tandis qu'il poursuit son repli dans le bâtiment.
Parmi les éléments les plus fréquemment cités figurent les droits de douane, perçus comme une source d'inquiétude croissante, bien que leurs effets ne se traduisent pas encore, selon les dirigeants, par une baisse significative de l'activité, à l'exception notable de la filière viticole au sein de l'agroalimentaire. Le niveau d'incertitude est d'ailleurs sensiblement plus élevé dans l'industrie, comparé à celui observé dans les services ou le bâtiment, suggère que les déterminants internationaux, tels que les tensions commerciales, ils pèsent désormais davantage que les facteurs d'origine nationale dans la perception des risques économiques.
Impacts des incertitudes géopolitiques persistants
En complément, Bpifrance Le Lab et Rexecode ont publié leur baromètre intitulé « Trésorerie, Investissement et Croissance des PME / TPE » du 2e trimestre 2025, avec un focus sur l'impact de l'incertitude en termes de politique économique, au niveau national comme international. Au deuxième trimestre 2025, la situation de trésorerie des TPE-PME montre une légère amélioration, bien que demeurant globalement fragile. Ainsi, 32 % des dirigeants déclarent rencontrer des difficultés, soit une baisse de deux points par rapport au début février, un niveau désormais proche de celui constaté avant la crise sanitaire. Par ailleurs, les conditions d'accès au crédit s'assouplissent, tant pour les besoins liés à l'exploitation courante que pour le financement des investissements.
Dans un environnement marqué par une fragilisation des bilans, un affaiblissement de la demande et une incertitude persistante aux échelons national et international, les intentions d'investissement des TPE-PME se replient. Seuls 45 % des dirigeants prévoient d'investir en 2025, soit une diminution de deux points sur le trimestre et de cinq points en un an.
Le déficit de visibilité sur la politique économique française constitue le principal facteur d'inquiétude, cité par 57 % des répondants, devant la crainte d'un resserrement budgétaire et celle d'une contraction de la demande.
En effet, la préparation du projet de loi de finances pour 2026 s'annonce particulièrement complexe. Afin de réaliser les 40 milliards d'euros d'économies visés par Bercy, des ajustements budgétaires significatifs apparaissent inéluctables. Dans ce contexte, une majorité de dirigeants de TPE et PME (53 %) exprime une vive inquiétude quant aux répercussions potentielles de ces mesures sur leur activité, déjà fragilisée par une demande insuffisamment dynamique.