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La finance au service des transitions durables ?

Publié par Eve Mennesson le | Mis à jour le

Le 18 mai dernier, le cabinet de conseil PMP Strategy a organisé en partenariat avec l'ESSEC une table ronde qui avait pour sujet « Stratégie, finances et transitions durables ». Ou comment la finance peut réussir à sauver la planète.


La durabilité est au coeur des préoccupations des entreprises. Et se répercute donc nécessairement sur les aspects financiers. Afin d'approfondir ce sujet de la (difficile) conciliation entre performance financière et urgence environnementale, le cabinet de conseil PMP Strategy a organisé en partenariat avec l'ESSEC une table ronde qui avait pour sujet « Stratégie, finances et transitions durables ».

Mesurer et donner des objectifs

Les différents intervenants de cette table-ronde sont rapidement entrés dans le vif du sujet en donnant des solutions pour concilier enjeux financiers et extra-financiers. En effet, comme l'a souligné Muriel Barnéoud, directrice de l'engagement sociétal du groupe La Poste, si aujourd'hui réduire les émissions de GES va de pair avec la réduction des coûts, cela est moins simple quand on se projette sur le long terme. « Par exemple, nous sommes amenés à investir sur des véhicules décarbonés, qui sont plus chers en facial », a-t-elle indiqué. Sa solution : prendre en compte le TCO, qui rend les deux solutions (véhicules classiques et décarbonés) proches. « C'est un peu un pari sur l'avenir : on verra dans 10/15 ans si on avait raison », a reconnu Muriel Barnéoud.

Thierry Déau, CEO de Meridiam, société à mission spécialisée dans le financement et la gestion de projets d'infrastructures publiques, a quant à lui mis l'accent sur la mesure et le fait de donner des objectifs. « Et la rémunération des salariés et des clients doivent être cohérents avec ces objectifs », ajoute-t-il. De quoi guider tout le monde vers la bonne voie.

Les investisseurs à la recherche d'entreprises « vertes »

D'autant plus qu'il y a une vraie attente du monde financier pour des sociétés qui s'engageraient sérieusement dans une transition durable, chiffres à l'appui. Muriel Barnéoud a rapporté l'engouement des investisseurs pour leur premier green bond, des investisseurs qui ne s'étaient jusqu'à présent jamais intéressés au papier postal. « Nous avons mesuré avec fierté la manière dont notre notation extra-financière nous permettait d'accéder facilement et de manière rentable à du financement », a expliqué la directrice de l'engagement sociétal du groupe La Poste.

Si les investisseurs sont à la recherche d'entreprises « vertes » dans lesquelles investir, Jérôme Grivet, directeur général adjoint du pôle Finances du groupe Crédit Agricole, a déploré l'absence d'informations sur les entreprises auxquelles son établissement prête de l'argent et sur leurs activités. « Nous sommes au stade embryonnaire au niveau des publications extra-financières auditées et comparables entre entreprises », a-t-il constaté. Pour lui, s'il est facile d'annoncer la fin du financement du charbon et d'investir dans des capacités de production reconnues comme vertueuses (énergies renouvelables, hydrogènes, etc), la difficulté se niche dans tout le reste pour lequel il va falloir définir une trajectoire secteur d'activité par secteur d'activité.

Passer du noir au vert

Si les indicateurs « verts » ne sont en effet encore pas parfaits, ils sont en voie d'amélioration. Grâce à la réglementation, tout d'abord, et notamment la taxonomie verte européenne. Mais aussi par des solutions que mettent en place les entreprises. Thierry Déau a par exemple raconté qu'il arrivait, malgré de nombreuses approximations, à mettre des valeurs en euros sur l'écart entre la réalité de l'entreprise et les objectifs de l'accord de Paris. « Cela permet de justifier des investissements supplémentaires auprès de Comex et de Codir. Et les salariés aussi y adhèrent », a-t-il noté, disant préférer cette solution au prix du carbone.

Pour Muriel Barnéoud, ce ne sont pas tant les indicateurs qui pêchent que la manière dont le sujet est pris en main. « Je ne serai pas étonnée que, dans 5/6 ans, parler de financier et d'extra-financier ne veuillent plus rien dire : les deux auront besoin du même sérieux et de la même auditabilité car ils serviront l'un comme l'autre à prendre des décisions ».

Thierry Déau a cependant reconnu que passer du tout noir au tout vert ne se fera pas en un jour. « Il faut prendre en compte les difficultés des entreprises et les accompagner, les inciter à aller dans cette direction », a-t-il avancé. Un processus qui peut être long, fait d'aller-retours, de tâtonnements...

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