L'attrait durable de la France pour les investisseurs, à suivre par les Daf
Publié par de Clément Sauvard, Directeur Avant Vente, Europe continentale, Kyriba le - mis à jour à
Dans cette tribune exclusive, Clément Sauvard, Directeur Avant Vente, Europe continentale, Kyriba revient sur l'usage de l'IA et ses perspectives visées dans le pilotage de la performance financière des entreprises.
Les premières semaines de 2025 ont été marquées par un regain de bruit politique et budgétaire en France - remaniements ministériels, débats animés sur la trajectoire des finances publiques et avertissements des agences de notation. Pourtant, quelques mois plus tard, la France demeure numéro 1 en Europe pour les investissements directs étrangers (IDE) pour la cinquième année consécutive, totalisant 1 025 projets en 2024, selon le Baromètre de l'attractivité d'EY et le rapport annuel de Business France. Même s'il y a une baisse du nombre de projets (-14%) plus élevée que la moyenne européenne, deux atouts structurels expliquent cette résilience, un écosystème d'innovation de pointe avec le plan France 2030 qui mobilise 54 milliards € pour l'IA, la cleantech et la biotech ; les projets de R&D dirigés par des investisseurs étrangers ont augmenté de 9 % l'an dernier ; un vivier de talents qualifiés avec 39 % des projets IDE 2024 ont créé des emplois « à forte valeur ajoutée » dans l'ingénierie et le numérique (Business France).
Des vents contraires à surveiller pour le second semestre 2025
Un large déficit budgétaire (5,4 % du PIB) : avec 5,4 %, la France devrait afficher le déficit le plus élevé de la zone euro en 2025, ce qui maintient les agences de notation en alerte et les coûts d'emprunt élevés.
Une perspective de hausses d'impôts : Des documents gouvernementaux évoquent un élargissement de l'assiette de l'impôt sur les sociétés pour financer la santé et la transition verte, ce qui pourrait rogner les flux de trésorerie nets.
Un ralentissement de la croissance 2025 : le ministère des Finances a abaissé sa prévision de croissance du PIB de 1,4 % à 0,7 %, laissant entrevoir une demande intérieure plus faible et des marchés du travail plus tendus.
Un retour du chômage qui inquiète : En avril 2025, l'indicateur synthétisant les craintes liées à une hausse du chômage a atteint son plus haut niveau depuis 2016, hors crise sanitaire.
Quels enjeux pour les directeurs financiers ?
La hausse du rendement français à 10 ans pourrait entraîner un élargissement des spreads sur les prêts et obligations, au moment même où s'ouvrent des fenêtres de refinancement. Les DAF doivent maintenir à jour leurs analyses de scénarios et conserver une flexibilité maximale dans leurs sources de financement.
Volatilité des devises et des matières premières
Avec un EUR/USD oscillant autour de 1,13, des variations soudaines des prix de l'énergie ou des surprises de politique économique peuvent impacter les lignes de résultat. Retester les ratios de couverture et les stress tests énergétiques permet d'éviter les chocs sur les bénéfices.
Fonds de roulement comme levier d'innovation
Le crédit d'impôt recherche généreux de la France et un marché dynamique du financement de la chaîne d'approvisionnement permettent d'utiliser les programmes de paiement anticipé pour financer l'innovation plutôt que de recourir à une dette à long terme coûteuse - transformant la liquidité en capacité de croissance.
Les perspectives de trésorerie pilotés par l'IA
Les outils de génération d'IA peuvent prévoir les flux de trésorerie, signaler les anomalies de paiement et optimiser les couvertures en temps réel, offrant aux équipes financières la rapidité de décision que récompensent les marchés volatils. Les premiers utilisateurs réguliers rapportent déjà des cycles de décision plus courts et un resserrement du contrôle des risques.
Perspectives : quand l'opportunité l'emporte sur l'inquiétude
Alors que les agences de notation maintiennent la France sous surveillance négative, les investisseurs continuent de « voter » avec leur portefeuille. La même semaine, Microsoft, Amazon et d'autres ont annoncé plus de 15 milliards € d'investissements dans l'IA et le cloud lors du sommet Choose France.
Pour les DAF, cette juxtaposition est le vrai enjeu : l'anxiété macroéconomique coexiste avec un moteur d'innovation puissant.
Les responsables financiers qui associent l'analyse de la trésorerie pilotée par l'IA à une planification de leurs liquidités fondée sur des scénarios feront plus que survivre au bruit médiatique ; ils seront les premiers à capter le potentiel de hausse alors que l'IA, la technologie verte et la relocalisation industrielle alimenteront le prochain cycle d'expansion.