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Audit des entreprises cotées : révélations sur les écarts de coûts

Publié par Eloise Cohen le - mis à jour à

Le rapport Audit fees benchmark and market structure of listed PIEs in the EU publié en avril 2025 par Forvis Mazars dévoile les écarts de coûts d'audit entre États membres, la concentration du marché autour des Big Four, et l'effet limité de la réforme de 2014 sur les honoraires.

Le rapport Audit fees benchmark and market structure of listed public interest entities (PIEs) in the EU, publié par Forvis Mazars en avril 2025, dresse un état des lieux très documenté des coûts d'audit des entreprises cotées d'intérêt public (PIEs) dans l'Union européenne. À travers une analyse comparative des États membres, il met en lumière la concentration extrême du marché, les divergences de pratiques en matière de transparence, et la stabilité relative des ratios honoraires/chiffre d'affaires sur la dernière décennie.

Sur la période 2013-2022, les honoraires d'audit des PIEs cotées ont augmenté d'environ 30 %, mais leur part dans le chiffre d'affaires est restée stable. Le ratio moyen pondéré audit fees/revenue s'établit ainsi à 0,046 % pour les 12 États les plus comparables, et à 0,048 % pour les six plus grands marchés (France, Italie, Espagne, Suède, Danemark, Pays-Bas).

Mais derrière cette apparente stabilité se cachent de fortes disparités : le coût moyen de l'audit en 2022 s'élève à 0,067 % en Suède, contre 0,034 % en Italie et 0,046 % en France. En France, où l'audit conjoint est obligatoire pour les entreprises cotées, les coûts apparaissent plus compétitifs que dans des pays comme les Pays-Bas ou la Suède, où un seul auditeur est requis.

Un marché capté par les Big Four

Autre constat marquant : la concentration du marché autour des quatre grands cabinets internationaux (Deloitte, EY, KPMG, PwC). Dans les six plus grands marchés européens, ils détiennent plus de 95 % de part de marché en termes de chiffre d'affaires d'audit. La France fait figure d'exception avec une part inférieure à 80 %, grâce à la pratique du double audit qui favorise une plus grande diversité d'acteurs, notamment Forvis Mazars ou Grant Thornton.

L'étude souligne également un décrochage notable entre l'UE et le Royaume-Uni. Alors que le ratio honoraires/chiffre d'affaires a doublé outre-Manche entre 2017 et 2022 pour les entreprises de moins de 500 M€, il a légèrement reculé en Europe, passant de 0,062 % à 0,059 %. Ce différentiel soulève des questions sur les niveaux d'exigence ou de complexité réglementaire croissante au Royaume-Uni.

Enfin, malgré des exigences européennes en matière de transparence des honoraires (directive 2013/34/UE), le rapport note des écarts de pratiques significatifs entre États membres. L'exemple allemand est édifiant : seules 35 des 102 grandes entreprises cotées divulguent des honoraires incluant les prestations du réseau mondial de leur auditeur, contre 100 sur 100 en France. Cette hétérogénéité empêche toute comparaison directe et affaiblit la lisibilité du marché à l'échelle européenne.

Une pression à venir sur les honoraires ?

Alors que les nouvelles obligations de reporting durable (CSRD) et les règlements sur les systèmes numériques (DSA, DMA) imposeront aux auditeurs de nouvelles missions de vérification, la pression sur les coûts et la qualité de l'audit ne peut qu'augmenter. Dans ce contexte, la publication de données harmonisées sur les honoraires devient un enjeu stratégique pour garantir un marché européen plus transparent, concurrentiel et équitable.

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