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Que font les fonds : quelle stratégie pour Mérieux Equity Parners dans le secteur de la santé ?

Publié par Christina DIEGO le - mis à jour à

Mérieux Equity Parners (MxEP), fonds d'investissement spécialisé dans le domaine de la santé, a développé deux stratégies d'investissement lui permettant de repérer les entreprises du secteur les plus novatrices. Objectif : investir dans des solutions à fort impact susceptibles de transformer les pratiques médicales tout en répondant aux défis de santé publique. Eclairages de Jean-François Billet, Managing Partner en charge de l'activité buyout qui cible des entreprises type PME/ETI et grands groupes.

Pouvez-vous nous présenter Mérieux Equity Partners et sa singularité ?

Jean-François Billet : J'ai rejoint en 2016 Mérieux Equity Partners afin de prendre la responsabilité de l'activité de capital-transmission (« buyout »). C'est un fonds d'investissement au sens classique, en ce qu'il gère des capitaux pour le compte de tiers, selon une stratégie d'investissement qui lui est propre. Ce qui distingue notre structure, c'est avant tout notre lien étroit avec l'écosystème Mérieux : ils sont non seulement actionnaires majoritaires de la société de gestion, mais également sponsors principaux de chacun de nos fonds. Ce positionnement nous confère un accès privilégié à un réseau mondial d'expertises dans les différents champs de la santé, un atout majeur pour accompagner nos participations.

Comment Mérieux Equity Partners articule-t-il ses deux stratégies, Innovation et Buyout ?

J. F. B. : Aujourd'hui, Mérieux Equity Partners compte 25 collaborateurs et développe deux axes d'investissement. Le premier est donc dédié à l'innovation, avec une équipe spécialisée dans le capital-risque, investissant très en amont dans des sociétés technologiques ou de services encore en phase de maturation. Ces participations sont accompagnées jusqu'à un stade de développement suffisant - obtention d'un premier marquage réglementaire, franchissement de jalons technologiques ou commerciaux - pour permettre leur cession à des acteurs industriels. C'est dans ce cadre qu'une entreprise de notre portefeuille a récemment été cédée à un grand laboratoire pharmaceutique désireux d'intégrer une technologie stratégique à son portefeuille.

Le second pilier, que je dirige directement, est celui du capital-transmission, buyout. Contrairement au capital-risque, nous ciblons des sociétés matures, générant un EBITDA supérieur à 5 millions d'euros, rentables, et présentant des perspectives de croissance organique ou par acquisitions. Au-delà des apports en capital, nous mobilisons également notre réseau d'experts pour soutenir leur développement. Tous nos investissements sont concentrés sur le secteur de la santé, au sens large, couvrant de nombreux sous-segments.

Si nos débuts se sont ancrés en France, notre périmètre d'intervention s'est considérablement élargi : plus de la moitié de nos investissements sont aujourd'hui réalisés hors de France, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse, en Suède, en Finlande et en Italie. Ainsi, nous ciblons des entreprises certes de taille modeste, mais dotées d'une envergure internationale ou d'un fort potentiel d'internationalisation, ce qui constitue souvent un levier essentiel de création de valeur.

Comment accompagnez-vous la transformation du secteur de la santé ?

J. F. B. : Notre champ d'intervention est particulièrement étendu : nous couvrons l'ensemble du spectre du secteur. Si l'on observe notre portefeuille d'investissements, on y retrouve aussi bien des acteurs du service aux patients - tels que des groupes de cliniques privées - que des entreprises positionnées comme sous-traitants de l'industrie pharmaceutique. Ces dernières peuvent intervenir à différents niveaux : soit dans la distribution de médicaments, soit en appui au développement de nouvelles molécules, c'est-à-dire sur des volets relevant davantage de la recherche.

Nous accompagnons également des prestataires de services industriels, spécialisés dans la fabrication, pour les laboratoires pharmaceutiques, ou encore dans la fourniture de matériel technique répondant aux exigences spécifiques de cette industrie. Cela inclut enfin des entreprises actives dans les sciences de la vie (« life sciences »), développant des outils ou des technologies de soutien à la recherche. Notre approche se veut ainsi résolument diversifiée, tout en restant concentrée sur les différentes composantes de la chaîne de valeur de la santé.

Quelles sont vos spécificités en matière d'investissements ? Bas du formulaire

J. F. B. : Mérieux Equity Partners adopte une stratégie d'investissement profondément sectorielle. Cette spécialisation permet à ses équipes d'analyser finement les dynamiques du secteur, d'identifier les sous-segments à fort potentiel, puis de cibler les entreprises les mieux positionnées sur ces créneaux. L'approche repose sur un travail approfondi en amont, visant à comprendre les enjeux et les relais de croissance.

L'équipe privilégie l'accompagnement de projets portés par des entrepreneurs, fondateurs ou familles, en s'alignant sur leur vision stratégique plutôt qu'en imposant une feuille de route préétablie. Ce positionnement est renforcé par l'appui du réseau Mérieux, qui offre un accès privilégié à des expertises sectorielles, des ressources techniques ou réglementaires pointues, et à des relais internationaux. Cette combinaison d'expertise ciblée, de soutien opérationnel concret et de notoriété sectorielle constitue un levier différenciant face aux fonds généralistes.

En quoi l'ancrage industriel et international de Mérieux Equity Partners constitue-t-il un avantage concurrentiel dans votre approche d'investissement ?

J. F. B. : Dans un environnement hautement concurrentiel où tous les investisseurs cherchent à identifier les meilleures opportunités, rares sont les acteurs aussi spécialisés dans le secteur de la santé, et aucun ne combine une culture industrielle, un ancrage entrepreneurial fort et un réseau historique aussi dense et opérationnel. Issu du groupe Mérieux, ce réseau centenaire constitue un levier stratégique mobilisable aisément par l'ensemble des équipes. Cette capacité à activer rapidement des expertises pointues, issues d'une longue tradition industrielle, offre aux entreprises accompagnées un avantage compétitif tangible, comme en témoigne l'exemple concret d'un accompagnement en Suède, bénéficiant du savoir-faire de production du groupe. Cet ADN profondément ancré dans la santé confère à Mérieux Equity Partners une véritable singularité dans le paysage du capital-investissement.

Face aux défis croissants en matière finance durable et de stratégie ESG, quelles typologies d'innovations privilégiez-vous pour maximiser l'impact sociétal de vos investissements ?

J. F. B. : Mérieux Equity Partners s'inscrit pleinement dans l'héritage de l'Institut Mérieux, acteur reconnu de la biologie et de la santé publique à l'échelle mondiale. Fidèle à cet ADN, la société d'investissement privilégie des projets porteurs d'impact positif en matière de santé, tant sur le segment du capital-risque que dans ses opérations de buy-out. Chaque investissement vise à renforcer l'accès aux soins, comme en témoigne l'exemple de Theravia Pharma, transformée en une plateforme active dans 30 pays, élargissant significativement la disponibilité d'un traitement pour des maladies orphelines. Cette vocation à contribuer à la santé publique s'accompagne d'une forte implication sur les sujets ESG : classés Article 8, les fonds gérés par MxEP mobilisent des ressources internes pour accompagner concrètement ses participations dans leurs politiques climatiques, de biodiversité et de responsabilité sociétale. Cet engagement structurel traduit une volonté assumée de concilier performance et utilité sociale.

Comment accompagnez-vous concrètement les dirigeants dans la phase post-investissement pour assurer la croissance durable de leurs entreprises ?

J. F. B. : La philosophie d'investissement de Mérieux Equity Partners se résume par sa devise : « Invested Investor ». Elle reflète une double implication : financière, bien sûr, mais aussi humaine et opérationnelle aux côtés des équipes dirigeantes. Le fonds adopte une posture de partenaire actif, proche du management, sans s'y substituer, afin de comprendre les enjeux, d'accompagner les ambitions et d'apporter des réponses ciblées aux défis rencontrés. Les échanges sont fréquents, réguliers, nourris d'un esprit de collaboration et d'exigence. Fidèle à sa culture entrepreneuriale, Mérieux Equity Partners se veut exigeant dans la réussite et solidaire dans l'adversité, offrant ainsi un soutien constant et structurant, là où d'autres investisseurs peuvent se montrer plus opportunistes ou distants.

Quel est le rôle du Daf de l'entreprise cible ? Haut du formulaire

J. F. B. : Le directeur administratif et financier est une fonction absolument essentielle : sans une maîtrise rigoureuse des chiffres, il devient rapidement complexe d'avoir une lecture claire et fiable de la situation de l'entreprise. La qualité du reporting financier revêt à ce titre une importance capitale. C'est d'ailleurs un point sur lequel nous intervenons fréquemment, notamment dans les sociétés de taille plus modeste, en encourageant - lorsque cela est nécessaire - une montée en compétence des équipes financières, voire un renforcement de la fonction DAF. Il ne s'agit pas systématiquement de remplacer les dirigeants en place, mais de structurer davantage la fonction afin de disposer d'outils analytiques solides. Cela étant, notre priorité reste toujours le développement de l'entreprise : nous privilégions des profils capables de soutenir la croissance plutôt que de surdimensionner des fonctions de contrôle. Néanmoins, une base financière fiable est indispensable, en particulier dans le cadre d'opérations à effet de levier (LBO), où le respect de convenants bancaires et la gestion de la trésorerie exigent une information précise et maîtrisée.

De manière générale, les investissements les plus performants que nous réalisons sont ceux où nous rencontrons les meilleurs profils de dirigeants. Il ne s'agit d'ailleurs pas uniquement de deux personnes, mais il est essentiel de pouvoir s'appuyer sur un binôme solide, composé d'un directeur général (CEO) visionnaire et engagé, et d'un directeur financier (CFO) rigoureux et structurant. La qualité de ce tandem est souvent déterminante dans la réussite du projet entrepreneurial.Bas du formulaire

Quel regard portez-vous sur le secteur de la santé ? Quelles évolutions avez-vous constaté ?

J. F. B. : Le secteur de la santé, bien qu'historiquement marqué par une forte inertie liée aux cycles longs de développement, connaît actuellement des mutations profondes. Investir dans ce domaine exige une connaissance fine des dynamiques spécifiques : l'acceptation réglementaire de nouvelles technologies peut prendre plusieurs années, et le développement d'un médicament peut s'étaler sur une décennie. Toutefois, cette lenteur structurelle cohabite avec une révolution en cours dans l'industrie pharmaceutique, portée par plusieurs transformations majeures : la pression accrue sur les coûts de santé, la transition des médicaments chimiques vers les biologiques, ainsi que l'essor de l'intelligence artificielle dans le diagnostic, la recherche ou la relation patient.

Ces bouleversements génèrent de nouvelles opportunités pour les investisseurs spécialisés. Par exemple, la décision de certains grands laboratoires de se recentrer sur les marchés majeurs (États-Unis, Europe, Japon) et de déléguer la commercialisation dans les pays de moindre taille a fait émerger un nouveau modèle de sous-traitance commerciale. C'est dans ce contexte que des acteurs comme Swixx Biopharma se développent rapidement, répondant à cette nouvelle donne industrielle. Cette capacité à lire les mouvements de fond du secteur et à anticiper les besoins futurs constitue un atout décisif pour un investisseur sectoriel, capable d'accompagner les transformations de l'écosystème avec pertinence et réactivité.

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