Pour gérer vos consentements :

Accompagner la reprise : la direction financière, moteur du changement [Partie-2]

Publié par Eric Leroy, Corinne Musseau, Marion Balestic et Victor Souchu de Nell'Armonia le | Mis à jour le

Le monde du pilotage et de la prévision n'a jamais été autant malmené qu'en 2020. Contraints de revoir leurs priorités, les DAF ont fait évoluer leurs pratiques à marche forcée. Découvrez la deuxième partie de cette tribune en deux volets.

Dans le climat d'incertitude actuel et à l'aube d'une crise économique mondiale majeure, le contrôle de gestion est une boussole pour les entreprises !

Reprévision et rolling forecast pour pallier l'incertitude

La soudaineté de la crise sanitaire causée par la pandémie et la brutalité de ses conséquences économiques ont invalidé les comptes prévisionnels, dans tous les secteurs.

Les reprévisions permettent de réactualiser en permanence les objectifs initiaux, avec la prise en compte de modifications et de dérives non prévues au budget.

En proposant un horizon plus réaliste que celui de l'année calendaire et grâce à une modélisation basée sur des inducteurs opérationnels, le rolling forecast améliore la fiabilité des prévisions, en impliquant concrètement les managers dans les processus prévisionnels et en leur proposant des solutions concrètes pour agir.

La direction financière doit ainsi faire un suivi au plus près des équipes opérationnelles. Lorsqu'une grande incertitude pèse sur les revenus, le rôle d'analyste du contrôleur de gestion est crucial : en traduisant financièrement les flux opérationnels, il permet de mieux appréhender la variabilité des charges dans tous les postes de l'entreprise, mais aussi la rentabilité des activités. L'analyse des coûts, des revenus et des marges fournit des métriques économiques pour alimenter différents scénarii et anticiper les besoins de trésorerie, le recours aux aides proposées par l'État ou un ajustement de la masse salariale si besoin.

Mettre en place une véritable culture du cash

Le pilotage du cash répond à des enjeux de court, moyen et long termes :

- Sur le court terme, mesurer l'impact de la crise sur les encaissements. Pour rappel, on annonçait en avril une augmentation de 82% des factures impayées. Passer à un pilotage des encaissements à la semaine permet de s'assurer de la bonne tenue du cash sur le mois, de repérer au plus tôt les retards de paiement pour anticiper le besoin de factoring le cas échéant.

- Sur le moyen terme, un pilotage hebdomadaire du prévisionnel d'activité à 3 mois pour reprévoir en continu l'impact de la baisse d'activité sur la trésorerie et moduler d'éventuelles mesures d'activité partielle notamment.

- Sur le long terme, des scenarii prévisionnels à 3 ans pour connaître les besoins en cash à 3 ans, et faire ainsi appel aux mesures gouvernementales de type PGE (prêt garanti par l'état) de manière beaucoup plus fine.

Process et outils ont ainsi été structurés et mis en place pour ces nouveaux modes de fonctionnement, grâce auxquelles les entreprises peuvent basculer extrêmement rapidement dans un mode de pilotage plus fin pour prendre des décisions ciblées au bon moment.

Toutefois, il faut être conscient que cette nouvelle manière de piloter l'avenir prend davantage de temps au quotidien puisque les équipes opérationnelles sont sollicitées beaucoup plus souvent, toutes les semaines, là où une construction budgétaire " classique " les mobilisait (certes intensément) quelques semaines sur une seule période.

Technologie et solutions de pilotage de la performance, de véritables alliées

La Data est essentielle en matière d'anticipation. La technologie permet ainsi de croiser un grand nombre de données provenant de différents départements de l'entreprise et de les analyser pour en extraire des informations pertinentes : des données précises issues du passé, combinées à des chiffres actuels, mis à jour en temps réel.

Plus souples, plus agiles, plus dynamiques, plus collaboratives, plus rapides qu'Excel, les solutions de pilotage de la performance permettent au contrôleur de gestion de se concentrer pleinement sur l'analyse de ses inducteurs et de répondre rapidement aux demandes de reprévisions de la direction générale.

Le monde du pilotage et de la prévision n'a jamais été autant malmené qu'en 2020

Nous n'avons jamais fait autant de prévisions et elles n'ont jamais été aussi fausses que cette année. Il est indispensable pour les directions financières de s'entourer davantage des autres acteurs de l'entreprise et d'avoir des processus, une gouvernance et des outils clairs et fiables dans cet exercice périlleux.

Les crises, quelles qu'elles soient, mettent à mal les entreprises. Pour autant, elles s'avèrent être de véritables opportunités dans l'accompagnement au changement. Elles permettent notamment de se délester de pratiques obsolètes, qui n'ont plus lieu d'être dans une économie où tout va très vite et où les entreprises doivent se réinventer pour assurer leur pérennité.

Les contrôleurs de gestion sont amenés à revenir aux fondamentaux : comprendre le métier, identifier les leviers, les bons inducteurs et rester au maillage d'analyse le plus efficient au regard de la taille de l'entreprise.

Plus que jamais, le pilotage de performance doit jouer son rôle de copilote des dirigeants, faisant constamment un lien entre la stratégie, les réalités opérationnelles et les capacités de l'entreprise.


Tribune co-écrite par (dans l'ordre d'apparition) : Eric LEROY, CEO, Corinne MUSSEAU, Directrice de l'activité Conseil, Marion BALESTIC, Lead FP&A et Victor SOUCHU, Directeur de Projet chez Nell'Armonia, cabinet conseil qui accompagne les directions financières dans leur transformation digitale et dans le cloud.


La rédaction vous recommande