La CSRD ou le mirage d'un simple reporting
Publié par Fabrice Bouquier, associé chez Addleshaw Goddard et Romain Berrou, associate partner chez Ascend le - mis à jour à
Non, la mise en oeuvre de la CSRD ne relève pas d'un exercice de simple reporting. Elle pose le cadre d'une véritable opportunité de préparer, dès 2024, ce qui sera demain le « business-as-usual » des entreprises du marché européen. Ainsi, les acteurs les mieux préparés auront un accès privilégié à un marché dans lequel la durabilité sera partie intégrante du nouveau modèle d'affaires de l'entreprise.
Après la taxonomie verte, la SFDR et la NFRD, la CSRD s'ajoute à la liste déjà conséquente des acronymes et des textes issus des travaux de la Commission européenne pour déployer le Pacte Vert de 2019. Pour autant, deux éléments différencient radicalement ce nouveau texte des précédents. Il s'agit de son champ d'application et de son approche pour permettre à l'entreprise de structurer et mesurer sa durabilité.
D'ici janvier 2028, au moins 50 000 entreprises de l'Union européenne auront dû comprendre et intégrer cette nouvelle approche dans leur construction stratégique et en rendre compte. Le langage de la CSRD sera alors parlé couramment, et ceux qui ne le maîtriseront pas encore risqueront fort d'être disqualifiés par leurs clients, salariés et partenaires.
Apprivoiser la CSRD nécessitera l'intégration de 3 règles structurantes et surtout un facteur essentiel. La stratégie de croissance et de développement, celle relative aux marges et à la valorisation, et enfin celle relative à la RSE. Autour d'un pivot fondamental : le Vivant.
Alors oui, la CSRD n'est pas un exercice de reddition d'informations. L'entreprise rendra compte du changement de son modèle d'affaires : rentable car durable, et inversement. Piloter ce changement impliquera d'intégrer des phases de renoncement, d'apprivoisement des transitions à vivre afin de trouver un nouvel équilibre face auquel on pourra alors se dire que l'Ouvrage généré a atteint une maturité satisfaisant l'objectif unique : avoir organisé un environnement soutenable et inclusif où entreprises et êtres humains auront revu leurs besoins, leurs modes de consommer, de gérer leurs déchets et leur vie.
Ce changement d'une ampleur inégalée à ce jour implique de mobiliser chaque métier de l'entreprise ayant une relation directe avec les parties intéressées. Dans ce contexte, la direction financière de l'entreprise joue un rôle central pour trois raisons :
Ainsi la CSRD appelle l'entreprise à démontrer qu'elle intègre dans un modèle d'affaires rentable la prophétie de Hans Jonas : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre ».
La direction financière, en lien avec la direction générale et les parties prenantes, internes et externes, est nécessairement la colonne vertébrale de cette entreprise en profonde mutation, devant assurer tant sa rentabilité que sa participation à la construction d'un modèle sociétal durable permettant un futur habitable pour le Vivant. Un enjeu critique pour tous les experts la constituant reposant autant sur la connaissance que sur l'engagement à bâtir un futur qui fasse sens.