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Décarbonation : la nécessité de bien gérer sa data

Publié par Florian Langlois le | Mis à jour le

Les entreprises vont devoir entamer une politique de décarbonation pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Pour ce faire, elles vont devoir mettre en place une culture de la data. Cela veut dire impliquer et former des professionnels qui ne sont pas forcément habitués à manipuler ces données.

Réduire considérablement ses émissions de gaz à effet de serre pour limiter à 1.5 degrés le réchauffement climatique et atteindre une neutralité carbone à l'horizon 2050, voici les défis, fixés lors des accords de Paris et la Cop 21, qui attendent les entreprises dans les années à venir. Si ces sujets sur la décarbonation sont connus depuis plusieurs années, les actions tardent à se mettre en place et Etat, individus et entreprises ont tendance à se rejeter la faute.

Pour ces dernières, elles devraient se retrouver dans l'obligation d'agir sur ce sujet. Le cadre législatif en vigueur oblige déjà les entreprises françaises à publier des données sur le carbone et l'Union Européenne prévoit également de publier plusieurs textes allant dans ce sens. Parmi eux, la CSRD qui imposera aux entreprises un reporting extra-financier. « Pour être parfaitement aligné avec ce reporting, il faut étudier 1100 nouveaux data point sur le climat, le social, la gouvernance, » détaille Maxime Guibet, responsable du pôle ESG chez Lamarck Group, à l'occasion d'une conférence organisée en collaboration avec Collibra.

Eduquer des non-initiés

Avant de se lancer dans cette politique bas carbone, l'enjeu va donc être pour les entreprises d'avoir suffisamment de données et des données de bonnes qualités, « sans quoi il sera impossible de piloter, » reprend Maxime Guibet. Il incombe alors à l'entreprise de mettre en place une gouvernance des données liées à la décarbonation pour pouvoir, par la suite, reporter correctement. « L'idée est de se nourrir des données qui arrivent de l'intérieur de l'entreprise, mais aussi de l'extérieur, » décrit Didier Dumont, responsable de la stratégie et de l'innovation chez Ishango by Lamarck, entité data gouvernance de Lamarck Group. La difficulté qui va être rencontrée ici sera de collecter de la donnée auprès de personnes qui n'y sont pas forcément accoutumés : « habituellement, les personnes qui s'occupent de la data sont habitués à la gérer. Là c'est un sujet d'entreprise, il va donc falloir s'adresser à un tas d'acteurs qui ne sont pas issus de la data, ni familiarisés avec celle-ci. Le sujet de la gouvernance devient alors fondamental pour l'entreprise, car c'est lui qui va permettre à tous les acteurs de communiquer entre eux, » poursuit Didier Dumont.

Rassembler et former

Comment mettre concrètement en place cette culture de la donnée au sein de l'intégralité de l'entreprise ? Il faut tout d'abord rassembler les bons acteurs. « Il faut aller chercher des professionnels qui connaissent parfaitement le fonctionnement de leur métier, quitte à ce qu'ils ne connaissent rien à la data. Il convient de rassembler ces personnes sur toute la chaine de valeur de l'entreprise afin de collecter un maximum de données, » insiste Didier Dumont.

Place ensuite à la formation de ces professionnels, et à l'adaptation de cette culture aux problématiques qui leur sont propres. « Ici, il va falloir tout d'abord expliquer les concepts de cette data gouvernance, ce qui ne sera pas simple, car il y aura toujours des personnes sceptiques. L'idée est alors de les responsabiliser, de les aider à s'approprier ces données puis les appliquer à leurs propres métiers, » explicite Didier Dumont.

L'expert met aussi l'accent sur l'importance de la qualité de la data. « C'est primordial, car un chiffre faux ne sert à rien. Il faut aussi être vigilent car les données sont complexes, il peut en manquer, elles peuvent être obsolètes, il est ainsi préférable de les faire vérifier avec des experts professionnels. »

Des opportunités multiples

Mener cette stratégie de décarbonation apportera à l'entreprise de nombreux bienfaits, en premier lieu concernant sa marque employeur. « Il y a une prise de conscience, notamment dans les nouvelles générations, qui ne veulent plus s'engager dans des entreprises qui ne marquent pas un changement technologique ou d'idées. Ce qui va aussi aider à résoudre les problématiques de recrutement auxquelles les entreprises peuvent faire face, » reprend Maxime Guibet.

L'accès au financement sera aussi facilité. « Les banques et les assets managers sont également engagés sur une initiative net zéro et ont donc pour objectif d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Ils doivent donc faire attention à leur portefeuille client, s'assurer que ceux-ci sont alignés sur les accords de Paris et vont ainsi regarder à deux fois avant d'accorder un prêt aux entreprises afin de s'assurer qu'elles ont bien une démarche carbone, » rapporte le responsable du pôle ESG chez Lamarck Group.

Outre l'impact sur l'entreprise, les conséquences négatives en cas d'inaction seront également visibles sur les employés. Entre conditions sanitaires dégradées, impact sur le pouvoir d'achat, des aléas climatiques plus nombreux et plus importants, des restrictions, et même des possibles délocalisations, de nombreux changements sur leurs modes de vie sont à prévoir. « Une entreprise qui a pour objectif d'avoir un impact sur le bien-être de ses salariés au travail et en dehors se doit de s'investir et de faire en sorte d'atténuer le réchauffement climatique, » conclut Maxime Guibet.

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