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Affacturage versus PGE : et si le premier venait au secours du second ?

Publié par Ludovic Letellier, associé EUKLEAD le | Mis à jour le

La crise économique et financière sans précédent provoquée par la pandémie de Convid-19 a mis à mal la trésorerie des entreprises. Pour répondre à ce problème, deux solutions coexistent, l'affacturage et le PGE. Histoire d'un tandem.

La situation inédite due à la Covid-19 a contraint l'État à créer un dispositif unique en complément des solutions classiques existantes sur le marché, le Prêt garanti par l'État -PGE-, afin d'assurer rapidement la survie de toutes les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs et ainsi préserver des milliers d'emplois. C'est ainsi près de 130 milliards € qui ont été injectés dans le circuit économique depuis le printemps dernier.

Séduites par les conditions du PGE, pléthore d'entreprises ont délaissé l'affacturage dont le principe est, rappelons-le, celui d'une avance du poste clients qui permet de bénéficier sans délais du paiement de ses factures et ainsi de consolider sa trésorerie. Durant le temps de la sidération suivi de l'anxiogène période d'attente de la reprise d'activité, les entreprises ont préféré avoir recours au PGE, car s'il répond également à une problématique de trésorerie en apportant jusqu'à 3 mois de chiffres d'affaires, il est certainement le seul crédit dont une entreprise peut bénéficier quand son chiffre d'affaires se réduit comme peau de chagrin. On notera également que son coût pour la première année est imbattable, seulement 0,25 % à 0,50 % comparativement aux commissions d'affacturage qui s'élèvent entre 0,10 à 0,20 % du montant TTC des factures - selon la taille des entreprises- auxquelles il faut ajouter les commissions de financements proches des taux d'intérêts classiques des crédits.

Face à cette situation inédite, les factors ont réagi rapidement, certes parce que l'État les a invités à être des acteurs solidaires à l'instar d'autres institutions financières, mais aussi par stratégie commerciale, afin d'assurer leur propre survie. Ainsi, ils ont proposé dès avril 2020 des conditions exceptionnelles dérogeant à leurs contraintes habituelles : financements déplafonnés ou au-delà des dates d'échéance des clients, voire au-delà des garanties... Depuis janvier 2021, les factors prennent également en charge des créances en germe (sur bon de commande). Autre solution proposée, l'affacturage inversé collaboratif, mécanisme par lequel un donneur d'ordre (grande entreprise voire acteur public) reconnait une facture auprès du factor et en garantit le paiement à échéance.

Et s'il est fort probable que les dispositifs solidaires des factors cesseront dès que l'avenir sera plus favorable, l'affacturage pourrait prochainement devenir une solution inédite. En effet, l'échéance du remboursement du PGE s'avance à grand pas, même si elle est repoussée d'un an. Et comme pour tous prêts, plus le temps passe plus le remboursement du PGE risque d'être onéreux car les banques impliquées dans le processus vont pouvoir appliquer des taux d'intérêts de marché - jusqu'à 2,5 %, garantie comprise -.

Et alors le recours à l'affacturage pourrait devenir une solution stratégique pour (re)trouver des marges de manoeuvre pour rembourser son PGE via la trésorerie dégagée par le financement de son poste clients.

L'auteur : Ludovic Letellier est co-fondateur d'Euklead et expert en services bancaires et financiers. Diplômé de l'Institut Technique Bancaire, il a débuté sa carrière comme responsable de la trésorerie devises d'une banque privée avant d'occuper des postes de direction au sein de Banque Populaire, Credit Mutuel et BNP Paribas. Il co-fonde le cabinet de conseil Euklead en 2013.



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