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Êtes-vous un « slasheur » ?

Publié par Florian Langlois le | Mis à jour le

Avez-vous déjà entendu parler du "slashing" ? Ce terme, entré au Larousse en 2019, désigne le fait de cumuler plusieurs emplois. Une solution nouvelle pour des professionnels en quête de sens et qui refusent de se laisser enfermer dans une routine.

L'évolution technologique, la généralisation des outils numériques et la création du statut d'auto-entrepreneur en France (2008) sont les éléments majeurs qui ont permis le développement du slashing. Ce terme, faisant référence au signe typographique « / », désigne le fait de cumuler plusieurs emplois. Auparavant plutôt réservé aux saisonniers ou aux personnes souhaitant arrondir leur fin de mois, la pratique séduit aujourd'hui un nouveau public. « C'est un mouvement qui va toucher plutôt les jeunes urbains qui vont, de plus en plus, quitter le salariat et leur CDI pour combiner un, deux voire même trois métiers en parallèle, de façon à assouvir leurs nouvelles exigences, leurs nouveaux besoins et leurs nouvelles envies, » rapporte Mehdi Bekkai, directeur marketing produit chez Cooptalis, un cabinet de recrutement et de mobilité professionnelle.

Une quête de sens

Si sortir du cadre salariat peut être un choix difficile, les slasheurs évoquent « le stress, la fatigue, la monotonie, le manque de temps libre ou l'instabilité managériale » comme facteurs les poussant à mettre fin à un CDI classique. « En échange, ils vont chercher de nouveaux bénéfices. Le fait de cumuler des missions va leur offrir une diversité, une polyvalence au niveau de ce qu'ils vont pouvoir réaliser comme activité mais aussi une découverte, qu'elle soit culturelle ou intellectuelle » complète Mehdi Bekkai.

Au-delà des raisons évoquées ci-dessus, certains facteurs sociaux ont poussé des professionnels vers le multi-emploi ces dernières années. Dans une étude réalisée en novembre dernier par Cooptalis, 47% des 600 slasheurs interrogés évoquaient la recherche de sens dans la vie professionnelle. L'entreprenait et la volonté de créer et le blocage de l'évolution professionnelle dans les CDI suivaient et étaient des raisons invoquées par respectivement 37% et 29% des répondants.

Des qualités singulières

En théorie tout le monde peut être un slasheur, mais certaines qualités semblent primoridales pour réussir dans cette nouvelle vie. Mehdi Bekkai en dénombre trois principales. « La première étant d'être capable de bien organiser son temps, parce qu'il y a évidemment un temps attitré pour chaque mission et chaque entreprise. Il y a évidemment besoin d'être très autonome, puisqu'on maitrise un peu plus sa carrière et ses choix. Enfin, et c'est ce qui est sans doute le plus complexe à acquérir, une agilité intellectuelle pour « switcher » d'une entreprise à une autre et d'une mission à une autre qui peuvent être complétement différentes. Cette agilité intellectuelle est ce qui fait la force des slasheurs."

Si vous décidez de vous lancer, il y a cependant des obstacles à éviter en tant que jeune slasheur. Le directeur marketing produit de Cooptalis recommande ainsi de trouver « des locaux de travail adaptés, voire même des espaces de co-working, ce qui peut permettre de rencontrer d'autres slasheurs et ainsi éviter un phénomène de solitude qui peut se faire ressentir. » Le recours au mentorat peut également être une solution intéressante, pour « aider à négocier les premiers contrats mais aussi réaliser toute la partie administrative, ce qui peut être nouveau et compliqué, » poursuit-il.

Enfin, si la majorité des slasheurs sont aujourd'hui dans l'IT, le phénomène touche chaque jour un panel de plus en plus grand, à commencer par les cadres. « Il y a de plus en plus de cadres qui, pour plusieurs raisons, vont se prendre un 70-80% en CDI dans une société, ce qui permet d'avoir certaines garanties et vont consacrer une ou deux journées par semaine à développer une autre activité, à travailler dans une autre société ou à développer sa propre entreprise de conseil, » conclut Mehdi Bekkai.