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Sarah Friar, CFO d'OpenAI, fine stratège en IPO et levées de fonds à succès

Publié par Christina DIEGO le - mis à jour à

En visite à VivaTech, Sarah Friar, Directrice Financière d'OpenAI, s'est exprimée en détail sur sa première année remarquée au sein de l'entreprise phare de l'intelligence artificielle générative. A l'instar de la plus grande levée de fonds réalisée dans la tech, la directrice financière laisse la porte ouverte à une éventuelle introduction en bourse. Portrait.

Interrogée sur l'activité d'OpenAI en France par Les Echos, Sarah Friar a salué le dynamisme de l'écosystème tricolore : « On entend souvent un discours selon lequel il est difficile de faire des affaires ici. Mais sur le front de l'IA, la France est sur la bonne voie. L'écosystème est très dynamique avec Mistral, Hugging Face, Pigment... VivaTech est un très bon exemple de l'enthousiasme et de la vivacité qui règnent ici ».

Un bilan positif après une année intense

Sarah Friar, qui a rejoint OpenAI à l'été 2024 après des passages chez Goldman Sachs, Salesforce, Block (ex-Square) et Nextdoor, a mené en octobre dernier la plus grande levée de fonds de l'histoire de la tech, avec 40 milliards de dollars pour une valorisation atteignant désormais 300 milliards. « Cette année a entièrement comblé mes attentes, et même au-delà. J'ai rejoint OpenAI car je voulais être au coeur de la technologie la plus passionnante que j'aie jamais vue. L'échelle à laquelle nous travaillons est immense : 500 millions d'utilisateurs hebdomadaires et 10 milliards de dollars de revenus annuels récurrents (ARR). Les 10 derniers mois ont été complètement fous. »

Un modèle économique en évolution

Concernant le modèle économique d'OpenAI, Sarah Friar explique : « Je pense qu'il sera très diversifié au fil du temps. Aujourd'hui, nous nous concentrons sur le modèle d'abonnement. Du côté des consommateurs, nous avons commencé par l'abonnement à 20 dollars par mois, qui représente toujours une grande partie de notre chiffre d'affaires. Puis nous avons lancé la version pro, en décembre, à 200 dollars. En une semaine, nous avons atteint 100 millions de dollars d'ARR. Du côté des entreprises, nous ressemblons davantage à un modèle SaaS. Et nous avançons vers une solution de paiement en fonction des sièges et de la consommation de tokens. »

OpenAI, éventuelle introduction en bourse ?

OpenAI, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars, a présenté des plans en décembre dernier pour convertir sa branche à but lucratif en une société d'utilité publique (PBC). Cette structure permet d'équilibrer les bénéfices des actionnaires avec des objectifs sociaux. Selon Reuters, le fabricant de ChatGPT a revu son projet à la baisse au début du mois de mai 2025, donnant à la société mère à but non lucratif le contrôle de la PBC tout en permettant à la branche à but lucratif de lever davantage de capitaux.

Sarah Friar a déclaré lors du Dublin Tech Summit : « Un PBC nous permet d'entrer en bourse si et quand nous le souhaitons. Personne n'a tweeté dans cette salle que Sarah Friar venait de dire quoi que ce soit à propos de l'introduction en bourse d'OpenAI. Ce n'est pas le cas. J'ai dit que cela pourrait arriver. » Elle a ajouté que la décision dépendrait de l'humeur des marchés publics et de l'état de préparation de l'entreprise, précise la dépêche de Reuters.

Des investissements massifs nécessaires

Pour illustrer l'ampleur des capitaux dont OpenAI pourrait avoir besoin, Sarah Friar a déclaré : « Si l'empreinte d'un centre de données d'un gigawatt coûte environ 50 milliards de dollars, l'entreprise a pour ambition de se rapprocher des 10 gigawatts au cours des deux prochaines années. » Cela pourrait coûter jusqu'à 500 milliards de dollars.

Une stratégie M&A ciblée

OpenAI a récemment acquis IO, l'entreprise de Jony Ive, et la start-up Windsurf. Sarah Friar explique cette stratégie : « Nous sommes une entreprise de grande taille. Ce serait de la folie de ne pas avoir de stratégie d'acquisition. L'acquisition d'IO est un bon exemple : nous n'avons pas en interne l'expertise pour construire des appareils grand public. L'IA est une perturbation technologique, et nous pensons que pour chaque révolution, il y a eu un nouveau support pour l'utiliser, comme le PC à l'heure d'internet, puis le mobile. Avec l'IA, nous disposons d'une technologie multimodale, capable de nous parler, de nous écouter, de voir des choses, de lire des textes. Nous pensons que Jony Ive a la vision nécessaire pour repenser ce support. »

Une carrière marquée par des succès financiers

Passée chez Square, Sarah Friar ne se contente pas de gérer les finances de l'entreprise, elle contribue également à la stratégie et au développement de nouveaux produits. Elle a notamment piloté l'introduction en Bourse de la fintech à une valorisation de 3,9 milliards de dollars, qui vaut aujourd'hui près de 34 milliards. Durant cette période, elle entre au conseil d'administration de Slack.

En 2018, elle devient directrice générale de Nextdoor et fait entrer l'entreprise en Bourse via un SPAC avec le fonds Khosla Ventures, l'un des premiers investisseurs d'OpenAI, pour un montant de 674 millions de dollars.

Un engagement pour l'entrepreneuriat féminin

Dès juin 2024, Sarah Friar apporte son expertise à d'autres entreprises en siégeant au conseil d'administration de Walmart et de Consensys. Engagée pour l'entrepreneuriat féminin, elle a cofondé Ladies Who Launch, une association dédiée aux femmes entrepreneurs. Elle souligne cependant que les progrès en matière d'accès aux postes de direction pour les femmes restent lents.