CS3D : Emmanuel Macron défend l'idée de suppression du devoir de vigilance des entreprises
Publié par Christina DIEGO le - mis à jour à
En marge du sommet Choose France qui a eu lieu ce lundi 19 mai, le président Emmanuel Macron s'est prononcé en faveur d'une suppression de la directive CS3D (devoir de vigilance), semant à nouveau le trouble pour les entreprises concernées. Détails.
« Nous sommes tout à fait d'accord avec le chancelier Merz et d'autres collègues pour aller bien plus vite » en matière de simplification, « et la CS3D et quelques autres régulations ne doivent pas être simplement repoussées d'un an mais écartées », a plaidé le président Macron lors d'un discours au sommet Choose France ce lundi 13 mai, rapporte l'AFP.
Emmanuel Macron a ainsi exprimé une position claire qui fait écho à la prise de position récente du chancelier allemand Friedrich Merz.
Un virage vers la simplification réglementaire
S'adressant aux dirigeants économiques présents, Emmanuel Macron a dénoncé l'accumulation de régulations imposées par l'Union européenne dans de nombreux secteurs. Selon lui, ces contraintes pèsent lourdement sur la compétitivité des entreprises européennes, déjà fragilisées par l'Inflation Reduction Act américain et la concurrence d'acteurs internationaux, notamment chinois, qui « pratiquent des standards moins exigeants ».
Le président français a estimé que la stratégie européenne actuelle consistait à « ouvrir ses marchés tout en imposant davantage de normes à ses propres entreprises ». Cette approche asymétrique, a-t-il souligné, affaiblit structurellement l'industrie du continent.
Une convergence franco-allemande inattendue
La position d'Emmanuel Macron rejoint celle du chancelier allemand Friedrich Merz, qui s'était exprimé le 9 mai dernier en faveur d'une suppression pure et simple de la directive, au nom de la lutte contre la bureaucratie. Le chef du gouvernement allemand avait déclaré qu'un simple report à 2028 - tel que récemment proposé par la Commission européenne - ne constituait « pas une solution durable ». Cette convergence entre Paris et Berlin intervient alors que les milieux patronaux des deux pays réclament depuis plusieurs mois une simplification des cadres réglementaires européens, jugés trop lourds à mettre en oeuvre, notamment pour les entreprises de taille intermédiaire.
Un texte contesté, mais nécessaire
La directive CS3D impose aux entreprises une responsabilité élargie sur l'ensemble de leur chaîne de valeur, en matière de respect des droits humains, des conditions de travail, et de protection de l'environnement. Son ambition : instaurer un devoir de vigilance obligatoire et opposable.
Mais pour Emmanuel Macron, ce texte, bien qu'animé d'intentions louables, est aujourd'hui inadapté aux réalités économiques mondiales. « Il faut aller vite et fort si nous voulons revenir dans la course », a-t-il martelé.
Face à ces prises de position, plusieurs organisations et acteurs du monde de la RSE s'inquiètent d'un recul stratégique sur les ambitions environnementales et sociales portées durant le mandat précédent de la Commission européenne. Elles y voient le signe d'un « détricotage » des engagements pris en matière de durabilité.
Un signal à destination des milieux économiques
En prenant publiquement position pour la suppression de la directive, Emmanuel Macron adresse un message clair aux entreprises et aux investisseurs : la France entend défendre un cadre réglementaire plus favorable à l'activité économique, tout en conservant une capacité d'influence au sein de l'Union européenne.
Si cette inflexion se confirmait dans les mois à venir, elle marquerait un tournant dans la gouvernance européenne, révélant une tension croissante entre ambition normative et impératif de compétitivité. Pour les directions administratives et financières, cette évolution souligne l'importance d'un pilotage stratégique attentif aux interactions entre régulation, coûts de conformité et soutenabilité des modèles économiques.