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Les PME font de la RSE sans le savoir

Selon Sylvain Lambert, associé en charge du conseil en développement durable chez PwC, les PME ont des réalisations qui s'inscrivent dans une démarche RSE. Mais elles ne sont pas identifiées ou formalisées comme telles en interne.

Publié par Florence Leandri le | Mis à jour le
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Les PME font de la RSE sans le savoir


"Bien des PME conduisent des actions et ont des réalisations qui s'inscrivent dans une démarche RSE. Mais elles ne sont pas identifiées comme telles en interne et donc ne sont pas correctement valorisées" assure Sylvain Lambert, associé en charge du conseil en développement durable chez PwC. Cette valorisation ce n'est pas seulement de la communication. L'utilité d'identifier ces chantiers c'est aussi se rendre compte que la RSE n'est pas si difficile que cela à comprendre et à déployer. "Certains en font un dogme donc quelque chose d'assez illisible mais il faut se concentrer sur des éléments concrets. L'exhaustivité est impossible et à proscrire, même pour les grands groupes".

Cette responsabilité sociétale et environnementale, qui en effraie plus d'un, résulte d'une mauvaise traduction de la corporate sociale responsability ou CSR. "Le social anglo-saxon n'a pas qu'une acception RH; le social fait aussi référence aux enjeux environnementaux et sociétaux " décrit l'expert. Ce qui fait le lien avec un autre "sigle" ESG qui intègre la notion de gouvernance ou bien encore l'ISR (investissement socialement responsable) qui concerne les gestionnaires d'actifs dans l'univers des sociétés cotées.

De cette nébuleuse pour certains, Sylvain Lambert qui a crée la division RSE chez Pwc en 1993, laquelle compte désormais 800 collaborateurs, a tiré une pyramide afin que les dirigeants et décideurs perçoivent facilement les leviers d'actions et les bénéfices d'une telle action.

Exemples de démarches RSE

Première strate de la pyramide, socle de tout: la gouvernance et l'éthique. Il ne s'agit pas d'avoir des déontologues en entreprise ou de révolutionner son mode de fonctionnement, mais "d'identifier les zones à risque. Ainsi si l'on s'implante dans un pays sensible, les pots de vins, ou l'impôt révolutionnaire qui pourraient être réclamés mettent en péril l'engagement pris par les dirigeants d'entreprise vis à vis de leurs investisseurs d'être transparents et éthiquement responsables " illustre Sylvain Lambert.

Sylvain Lambert, associé en charge du conseil en développement durable chez PwC


Deuxième brique: les RH. Turnover, absentéisme, gestion des talents, éléments juridiques et évidemment sécurité au travail."Si l'on identifie un absentéisme problématique, c'est une opportunité d'y remédier et d'initier un chantier RSE contribuant à la performance" estime Sylvain Lambert.
Pourquoi tous ses arrêts de travail, en usine par exemple; les machines sont-elles adaptées aux impératifs de protection? Disposent-elles d'un système d'arrêt automatique si la main de l'ouvrier dérape... On peut investir en équipements pour les salariés, en formation ou en nouvelles machines. "Et accepter l'investissement et sans doute la baisse de productivité qui en découlera à court terme, avertit l'expert. Mais si l'on suit l'indicateur, alors la productivité redémarre, vite et affiche même bien souvent une croissance exponentielle, avec moins d'arrêts de travail".

La gestion des opérations constitue la troisième brique avec notamment la politique des achats et l'impact environnemental direct; les produits et services (différenciation d'avec la concurrence via la RSE, innovation, marketing) la quatrième et l'approche sociétale, comprendre les mouvements de la société civile et en tirer parti, le sommet. "Chacune de ces strates doit être pondérée au regard de l'activité de l'entreprise " poursuit Sylvain Lambert. "Identifier les pistes de travail, les classer par priorité et lancer les chantiers que l'on peut assumer jusqu'au bout, avec un effort de quantification du ROI". L'expert attire aussi l'attention des directeurs administratifs et financiers sur les rapport de gestion présenté à l'assemblée générale annuelle d'approbation des comptes. Pour toutes les entreprises cotées et toutes les non cotées de plus de 500 salariés et 100 millions d'euros de CA (cf. loi Grenelle), il s'agit là de la manière dont la société prend en compte les conséquences sociales et environnementales de son activité, ainsi que ses engagements sociétaux en faveur du développement durable. De ce rapport de gestion, le Daf est responsable. Nul doute qu'une RSE pragmatique lui parle.

Une récente étude, menée par la Médiation national des relations inter-entreprises et EcoVadis, confirme les propos tenus par Sylvain Lambert sur la RSE et les PME françaises, notamment lorsque l'on compare les entreprises françaises, PME comprises, au regard de deux autres groupes, à savoir les pays de l'OCDE et ceux des BRICS:

- la France se classe devant les entreprises des BRICS pour chacun des 3 thèmes RSE (environnement, social et éthique) ;

- le score global des PME françaises est meilleur que celui de la majorité des PME des deux autres groupes de pays (OCDE et BRICS) ;

- les scores moyens obtenus par les entreprises françaises révèlent l'avance de ces dernières sur les entreprises des pays de l'OCDE sur l'Environnement et le Social ;

- mais en matière d'éthique des affaires, à savoir la lutte contre les pratiques de corruption et les pratiques anticoncurrentielles, les entreprises françaises doivent

encore accentuer leurs efforts pour faire de la RSE dans sa globalité un avantage compétitif indéniable sur la scène mondiale.

consulter l'étude EcoVadis et Médiation national des relations inter-entreprises



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