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L'ICO, un nouveau levier de financement à surveiller

Publié par Bénédicte Gouttebroze le
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Conversion, intégration comptable: beaucoup de questions, peu de réponses

Ces atouts donnent à croire que l'ICO serait une solution miracle pour booster la trésorerie d'une start-up. Or, les écueils liés à ce dispositif de financement sont également nombreux, et il est primordial de les étudier soigneusement avant de se laisser porter par la frénésie actuelle.

"Le premier inconvénient est le coût de l'opération et la mobilisation de ressources nécessaire, déclare Tristan Colombet. Dans le cas de DomRaider, nous avons dû investir un million d'euros pour lancer cette ICO, qui a mobilisé 34 personnes à temps plein pendant plus de six mois. On se rapproche du temps nécessaire à une introduction en Bourse." Un point confirmé de l'autre côté de l'Atlantique par Alex Felix, partner au sein de la structure d'investissement CoinFund, qui estimait en octobre 2017 que le coût d'une ICO était compris entre 100 000 et 750 000 dollars, si l'on prend en compte les différents frais à couvrir: rédaction des white papers, communication, développement du smart contrat, frais légaux, audits...

"Lorsque l'on effectue une ICO,
il n'y a pas de garantie que l'on puisse convertir
les cryptomonnaies en monnaie fiat." Tristan Colombet, DomRaider

Autre difficulté: la levée de fonds en cryptomonnaies se fait (le plus souvent)... en cryptomonnaies! Ce qui signifie que l'entreprise récoltera principalement des bitcoins ou encore des ethers, c'est-à-dire des devises virtuelles qui, pour l'heure, ne bénéficient pas d'un statut légal, du moins en France. Or, "lorsque l'on effectue une ICO, il n'y a pas de garantie que l'on puisse convertir les cryptomonnaies en monnaie fiat: c'est un vrai risque qui doit être intégré sur le plan comptable, met en garde Tristan Colombet. Nous détenons aujourd'hui un nombre important d'ethers et de bitcoins. Pour les transformer en monnaie fiat, nous devons passer par des plateformes d'échange dédiées aux cryptomonnaies. L'opération n'est pas fluide à 100% et il est nécessaire de dispatcher les sommes pour limiter les risques (notamment le cours très volatil des cryptomonnaies). Ce processus devrait s'étaler sur plusieurs mois."

Et comment intégrer ces fonds dans la comptabilité de l'entreprise? "Biens meubles, instruments de paiement, chiffre d'affaires... aujourd'hui, il n'existe pas de guidelines précises, avertit Alexandre Stachtchenko. Il vaut mieux se rapprocher d'experts en comptabilité pour analyser les besoins projet par projet." L'Autorité des marchés financiers (AMF) doit proposer prochainement un début de régulation et a lancé à cet effet une consultation publique en octobre 2017 (cf. encadré en page précédente). Du côté de DomRaider, les discussions sont toujours en cours avec le commissaire aux comptes et les différents conseils de la société pour déterminer comment ces fonds seront pris en compte. Une demande a été adressée à l'administration fiscale afin d'éclairer certaines hypothèses.

Montant, temps ou secteur: quelques ICO remarquables

- Tezos a récolté l'équivalent de 232 millions de dollars en juillet 2017, soit l'un des plus gros montants levés par ICO à ce jour. L'objectif: créer une blockchain dotée, entre autres, d'un système de gouvernance sophistiqué. Pour l'heure, le projet est à l'arrêt, en raison d'un conflit entre les porteurs du projet et le président de la fondation créée pour conduire l'ICO. Aux États-Unis, une class action au bénéfice des investisseurs est à l'étude.

- Brave, un projet de navigateur web qui filtre les contenus publicitaires, a obtenu l'équivalent de 35 millions de dollars en moins de 30 secondes, lors d'une ICO menée en mai 2017.

- Enfin, l'entreprise canadienne Kik, application de messagerie concurrente de WhatsApp, a été la première grande entreprise "traditionnelle" à mener une ICO en septembre 2017: elle a récolté près de 100 millions de dollars. Face aux craintes de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario, qui jugeait que l'opération ne protégeait pas suffisamment les investisseurs, la société a fait le choix de bloquer la participation des Canadiens à son ICO.

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